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Comme les dards des œillets jettent fouvent trop de boutons, il eft bon de les en décharger de ce qu'on jugera de fuperflu, parce qu'autrement ce feroit alterer la plante & la fleur même; & pour bien faire, il faut toujours êter les boutons qui croiffent dans le premier & le fecond noeud d'en bas. Quand l'Oeillet eft entierement épanoui & fleuri, fi l'on voit qu'il ne tourne pas bien fes feuilles, il faudra le peigner; c'eft à dire, luy donner un meilleur ordre avec les doigts, & prendre garde néanmoins en faifant cet ouvrage, de n'en point ternir l'éclat: les Oeillets font fujets à des infirmitez qui leur font particulieres, & aufquelles on remedira felon que l'expérience l'aura appris.

UN

De la beauté d'un Qeillet.

Oeillet, pour être beau, doit être large, & avoir du moins huit à neuf pouces de tour; il y en a qui en ont quatorze ou quinze; un Oeillet qui fait le dôme est plus beau que lorfqu'il eft plat ; quand le blanc est moucheté c'est un défaut, plus il eft net, plus il eft beau ; les dentelures. rendent un Oeillet défagréable, de même que lorfqu'il a les feuilles pointuës.

Plus la fleur est mêlée également de panaches & de couleurs, plus elle est belle; les gros panaches par quart ou moitié de feuilles font plus beaux que les petites pieces; quand le panache n'eft point tranché, ny imbibé, c'est toujours le mieux; les pieces de panaches bien emportées, qui s'étendent depuis leur racine jufqu'à l'extrêmité des feuilles de l'Ocillet, ont plus d'agrément que les pieces de panaches fans naiffance.

les d'Ours

Les Oreilles d'Ours font de petites fleurs affez jolies, & qui méritent Les Oreilaffez d'attention & les foins d'un curieux en fleurs ; cette plante veut une terre moitié terreau, moitié terre ordinaire; elle fe multiplie de graine; il faut s'attacher à en recueillir des plus belles; c'eft à dire, des Oreilles d'Ours qui ont les plus grandes clochés, qui font les plus veloutées, & qui font doubles.

On feme les Oreilles d'Ours au commencement de Septembre; & pour y réüffir, ayez des pots de terre, remplifiez-les de terre comme nous avons dit, preffez un peu cette terre, faites-y deffus des petites rigoles avec le dos d'un couteau feulement, jettez-y la graine à claire voye, couvrez-la de terre avec la inain, baffinez-là d'eau & la laiflez lever, vous mettrez aprés vos pots ou terrines à l'ombre.

La graine d'Oreilles d'Ours femée ainfi leve quelquefois avant l'hyver, mais ordinairement c'eft vers la fin du printemps; il y en a quelquefois. auffi qui ne leve que la feconde année, ainfi il ne faut pas s'impatienter. Lorsque les Oreilles d'Ours font fortes, & en état d'être plantées, on les met en planches ou dans des pots en quelque endroit frais du jardin. Si vos Oreilles d'Ours font en pots, vous les mettrez dés le commencement du printemps au foleil levant ou couchant; on ne leur donne de l'eau que dans leur befoin, le trop d'humidité les fait languir.

Quand les Oreilles d'Ours font en fleur, il faut avoir foin celles, dont tous les oeilletons pouffent entierement purs,

d'ôter des pots & à moins que Cccc ij

Les Orchis.

galon.

ce ne foit une efpece tres-rare, il ne faut pas planter le pied à part en pleine terre pour attendre qu'il repouffe quelque œilleton panaché.

Nous avons dit que l'Oreille d'Ours fe multiplioit de graine, il eft vray, mais elle vient aufli d'oeilletons; on obfervera ce qui fuit pour y bien réuffit.

S'il y a dans un pot un pied d'Oreille d'Ours, qui ait jetté plufieurs œilletons, il faut attendre pour s'en fervir que la fleur foit paffée, aprés cela, prenez vôtre pied d'Oreille d'Ours quand la terre ne fera point mouillée, fecoüez-le de maniere qu'il n'y tienne plus de terre, partagez vôtre pied en autant de parties que vous y remarquerez d'oeilletons qui font forts, & faites de chaque œilleton une potée différente, il fuffit d'un filet de racine á un œilleton pour le faire reprendre; s'il y en a davantage, ce fera pour

le mieux.

Il eft aifé de faire en forte que l'œilleton jette beaucoup de racines, parce que s'il ne fe fépare pas aifément de luy-même, on fend le navet de la plante par le milieu, aprés l'avoir couppé, on le plante jufqu'au collet, il n'y a que les feuilles qui doivent fortir: on arrofe beaucoup ce nouveau plan, on laite le pot à l'ombre pendant un mois, & on arrose beauconp l'Oreile d'Ours, cela luy fait plutôt prendre racine.

Le grand foleil fait fondre les Oreilles d'Ours, & les détruit entierement, c'est pourquoy il faut dans les grandes chaleurs les mettre à l'ombre; cette plante ne craint point la gelée, on ne laiffe pas néanmoins de mettre les pots dans quelque ferre, crainte feulement de la pourriture.

Les Orchis, & principalement l'Orchis de Scrap aime l'ombre & l'humidité, il luy faut une terre forte, cinq doigts de profondeur en terre, & autant de diítance; l'Orchis fe leve rarement.

L'Ornitho- LOrnithogalon fe plait en un lieu expofé au foleil, & dans une terre à potager, il fe multiplie de bulbe, qu'on leve tous les ans, parce qu'elle pulfule beaucoup en pied. Cette plante vient aifément, ce qui fait que la culture n'en eft pas difficile.

de Perfe.

LaPanache La Panache de Perfe vient d'oignon, on l'appelle autrement le Lis de Sufe; c'est au mois de Septembre qu'on le plante, on le tirre de terre tresrarement, il fe cultive au refte comme l'Ornithogalon; la Paralyse demanLa Para de les mêmes foins, il y a la fimple & la double.

lyle.

La Grenadille.

Le Piment
Royal.

La Piumelle.

Les Renoncules.

La Grenadille, autrement dite, la Fleur de la Passion, veut une terre à potager, elle fe perpetuë de racine ; & pour la bien planter, il faut la courber de la profondeur de trois doigts, puis la couvrir de terre; elle vient bien en pots ou en planches, il n'importe; il faut les border avec des tuiles, parce que cette plante, qui eft fugitive, ne cherche qu'à tracer au loin dés qu'elle commence à pouffer; il eft bon auffi de l'appuyer d'une petite perche à laquelle on la lie avec du fil.

Le Piment Royal fleurit au mois de May, il fe multiplie de graine de même que la Plumelle ou Comette, & veulent être toutes cultivées comme la Géroflée.

Il y a une infinité de Renoncules de différentes fortes, on en voit de fimples & de doubles; celles-cy meritent entierement qu'un véritable Fleuriste curieux apporte toute l'application poffible à les bien cultiver.

Et Et pour cela on commence à mettre tremper leurs griffes dans de l'eau pendant vingt-quatre heures: les Renoncules fe plantent au mois de Septembre dans une terre graffe & humide, & mélée de poudrette ou de

terreau de couche.

Pour les planter artiftement, il faut les mettre deux doigts avant en terre, & à quatre de diftance; & pour les pofer ainfi, on fe fert d'un plantoir rond par le bout d'en bas; cette plante veut le grand foleil, les lieux les plus ordinaires où on la met font les plattebandes des parterres, les découpez & les planches qu'on dreffe exprés dans les jardins de Fleurs ; on en éleve auffi en pots.

Ces plantes veulent être arrofées fouvent, & être farclées, parce qu'il n'y a rien qui les perde plus que les méchantes herbes.

UN

De la beauté des Renoncules.

Ne Renoncule dont le fond est blanc avec des rayûres rouges & bien diftinctes les unes des autres, eft réputée pour étre fort belle ; on fait encore cas de celles qui font de couleur jaune, marquetées de rouge, ainfi que de celles qui font de couleur de rofe en dehors & blanches en dedans.

Les Renoncules qu'on eftime le moins, font les Pivoines dont la fleur eft toute rouge, les blanches, les jaunes dorées, les jaunes pâles, les couleurs de citron, & les rouges brunes leur font préférables.

Les Tulipes font de plulicurs fortes; il y en a des Printanieres, les Meri- La Tulipe. dionales & les Tardives; leurs couleurs font auffi bien différentes; mais fans nous arrêter à ces particularitez, venons à la maniere de les cultiver. Cette plante fe multiplie de graine & d'oignon ; dans le premier cas, on la feme depuis la my Octobre jufqu à la fin du mois de Novembre dans une terre préparée exprés & mêlée partie de terreau & partie de terre à potager bien criblée. Au mois de Mars que les Tulipes commencent à lever; il faut foigner de les farcler, & de les arrofer de temps en temps pendant les grandes chaleurs ; ces jeunes plans demeurent ainfi deux ans en terre fans en fortir, aprés quoy on les leve pour les planter en planches ou fur des plattebandes à quatre doigts l'un de l'autre.

Il faut tous les ans relever les Tulipes lorfque leurs fanes font féches étant hors de terre, on les porte dans un lieu aëré, où pourtant le foleil ne donne point; car ces oignons font fi tendres qu'il feroit à craindre que la chaleur ne les alterât trop.

De la beauté des Tulipes.

Es belles Tulipes ont ordinairement fix feuilles, trois dedans & trois

Lachors, les premieres doivent être plus larges que les autres; on cftime une forme camufe dans une Tulipe, celle qui fe termine en pointe n'eft pas fi belle.

Quand une Tulipe a fa forme & fon verd médiocrement grand, c'est une bonne marque, ainfi que lorfque la largeur en eft proportionnée, & que ce verd eft un peu frifé ou accompagné de petites rayures.

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On ne peut rien dire d'une Tulipe qui paroît belle en entrant en fleur, il faut attendre deux ou trois jours aprés pour en juger certainement. Lorfqu'une Tulipe s'ouvre avec des feuilles renverfées par dedans ou par dehors, on n'en fait point de cas, de même que lorfque fes feuilles font trop

minces.

Les Tulipes dont le calice a peu de dos, font préférables à celles qui en ont beaucoup; entre les Tulipes les plus cftimées on eftime beaucoup celles dont le coloris eft luftré, & qui paroît une maniere de fatin; les rouges de couleur de feu à fond blanc, les panachées avec force nuances, & les jaunes. panachées de gris, font un bel ornement dans un jardin.

Pour faire qu'une Tulipe foit parfaite, il faut que les étamines foient de couleur brune, & non pas jaune; pour les Pivots il n'importe comme ils foient.

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L'Angelique.

Ses proprierez.

La Meliffe.

Ses pro

prietez.

Le Melilot,

Ou Defcription des Simples les plus utiles dans la Médecine pour s'en fervir à la campagne en cas de befoin.

C

E qui eft contenu dans ce Chapitre eft d'autant plus utile à la campagne, qu'on fe trouve tous les jours en avoir befoin dans les médicamens, tant pour les hommes que pour les animaux. Il ne faut quelquefois que la vertu d'un fimple pour fauver une perfonne d'un grand danger, & les plantes font d'un grand fecours pour foulager les chevaux & tout le bétail de mille infirmitez aufquelles il eft tous les jours fujet : ça donc été dans cette penfée, & pour faire plaifir au public qu'on a inferé ce Traité dans cet ouvrage: voicy à peu près les herbes dont on fe fert le plus ordinairement pour cela.

L'Angélique eft une plante dont les feuilles font affez grandes, dentelées, rangées fur une côte branchuë, terminée par une feule feuille; fes fleurs naiffent au fommet des tiges en ombelles, de couleur blanche à cinq feuilles difpofées en rofes; elle croît dans les lieux humides, en terre graffe. On confit au fucre fa côte & fa femence, & l'on en mange pour fe préferver du mauvais air; elle eft d'ailleurs cordiale, ftomacale, bonne pour les maux. de tête, apéritive, fudorifique, vulnéraire, elle refifte au venin, on l'employe pour la pefte, pour les fièvres malignes.

La Méliffe eft une plante dont les feuilles font oblongues, affez larges, pointuës, rudes au toucher, couvertes de petits poils courts, dentelées en leurs bords, de couleur verte brune, luifante: on cultive cette plante dans les jardins; elle fortifie le cœur, le cerveau, l'eftomac, elle excite les mois aux femmes, on s'en fert dans l'apoplexie, dans l'épilepfie, dans les vertiges, & dans les fièvres malignes.

Le Mélilot eft une plante dont les feuilles font blanchâtres, frangées

ou crenelées en leurs bords : elle a les fleurs petites, légumineufes, de couleur prefque toûjours jaune, & quelquefois blanche. On fe fert en médecine de toute la plante, mais fur tout de la fleur. Le Mélilot eft émollient, Ses prodifcuffif, réfolutif, propre pour chaffer les vents; on l'employe dans la dé- prierez. coction des lavemens, dans les fomentations & dans les emplâtres.

La Parietaire est une plante commune, fort en ufage dans la médecine; La Parieelle a les feuilles oblongues, pointuës, veluës, rudes, s'attachant facilement taire. aux habits; elle croît dans les hayes & contre les murailles, elle eft appé- S esproritive, déterlive, émolliente, réfolutive, propre pour la pierre, pour la gra- prietez. velle, pour exciter l'urine, pour la colique néfrétique.

L'Aigremoine eft une plante dont les feuilles font oblongues, molles, ve- L'Aigrelues, crenelées tout au tour, de couleur verde pâle : on la trouve le long des moine. chemins contre les hayes, aux bords des prez. Elle eft déterfive & aftrin- Ses progente, elle purifie le fang; on l'employe dans les maladies du foye, pour les inflammations de la gorge, pour le flux de ventre; elle entre dans les décoctions des lavemens aftringens.

prietez.

Ses pro

La Buglofe eft une plante dont les feuilles font longues & médiocre- La Buglofe ment larges, veluës, rudes au toucher, de couleur verde brune, luifante. On la cultive dans les Jardins, elle eft d'un grand ufage dans les bouillons prietez. elle eft humectante, pectorale, elle adoucit les âcretez du fang, & le purifie, elle fortifie le cœur.

L'Agripaume eft une plante dont les feuilles font prefque rondes, appro- L'Agripau, chante de celles de l'Ortie, mais découpées profondément, d'un verd obf- me. cur; elle croît aux lieux incultes, rudes, croiffant contre les hayes & aux pieds des murs. Cette plante eft atténuante, defficative, déterfive, cordiale, Ses proelle excite l'urine & les mois aux femmes, elle aide à l'accouchement, elle prictez. facilite la refpiration, elle diffipe la palpitation & répare les efprits étant prife en poudre ou en décoction.

rée.

La Centaurée eft une plante dont les feuilles font grandes, oblongues, di- La Centau vifées en plufieurs parties, crenelées en leurs bords elle croít aux lieux montagneux, & rudes: fa racine eft vulneraire, aftringente, bonne pour le flux Ses prode ventre & les hémorragies; elle leve les obftructions, elle excite l'u- prietez.

rine.

La Camomille a fes feuilles découpées fort menu, il y en a de deux efpe- La Camoces, la premiere fe trouve dans les champs aux lieux fabloneux, & l'autre fe mille. cultive dans les jardins ; elle a fes feuilles plus grandes & plus verdes que la premiere. L'une & l'autre Camomille font éinollientes, digeftives, ré- Ses profolutives, adouciffantes, propres pour les vents, elles excitent les mois aux prietez. femmes, elles adouciffent les douleurs, elles fortifient; on fe fert de leurs fleurs dans les lavemens, dans les cataplâmes & dans les fomentations.

La Germandrée eft une plante dont les feuilles font petites, oblongues, La Gerfermes, veluës, dentelées comme celles du Chêne; cette plante vient dans mandrée. les lieux incultes, pierreux, montagneux, elle eft appéritive, incifive, fudorifique & vulnéraire, elle léve les obftructions, elle excite les mois aux Ses profemmes, elle fortifie les jointures, & déterge les vieux ulceres.

prietez.

La Coulevrée eft une plante dont il y a deux efpeces principales; la pre- La Coulemiere a fes feuilles femblables à celles de la vigne, excepté qu'elles font vrée.

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