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oyseaux qui ne veulent voler que dans la plaine & dans le beau païs: il faut pour cela ne les jamais paître dans la plaine; & quand ce feroit même avec un efcap, on doit les faire paître dans le plus fort du bois. Vous n'aurez pas fait cela quatre ou cinq curces, que vos oyfeaux voleront par tout.

Pour faire rendre le double de la Mulette aux Oyfeaux.

15 Ly a de quatre ou cinq fortes de manieres pour faire rendre le double aux oyfeaux de proye: la meilleure & celle qui manque le moins, eft celle qui fuit. Il faut tenir vos oyfeaux en état, qu'ils ne tiennent ny par haut ny par bas, prendre une cure dans laquelle vous mettrez gros comme une petite féve de fel ammoniac, & une fois autant de fucre candi, donnez cette cure à l'oyfeau, & le tenez un peu fur le poing jufqu'à ce qu'il ait mis bas cette cure; il faut aprés le porter au jardin où il y ait un baquet plein d'eau devant luy, & demeurer jufqu'à ce que l'on voye qu'il commence à tirer au colier, & que le chaperon foit defferré tout prêt à lui ôter. Vous lui verrez rendre le double tout d'une piéce ; & l'eau qu'il a devant lui le fecourera & le rafraîchira. Vous ne le paîtrez que deux heures aprés d'une cuiffe de poulet toute chaude, ou d'une aîle de pigeonneau bien trempée, & ne lui en donnerez que demi-gorge. Vous remarquerez qu'aux Sacres & Laniers, il faut que la doze du fel ammoniac foit plus groffe qu'aux Faucons & qu'aux Tiercelets..

CHAPITRE XXXIII.

Des Maladies & Accidens qui arrivent aux Oyfeaux de proye, aves les Remédes pour les en guérir.

DURHUM E.

Our le Rhume il faut purger les Oyfeaux avec les pillules douces dont on parlera dans la fuite, pendant trois matins, & les paître de viande trempée en huile d'amande douce un jour, & l'autre en eau de rhubarbe; il faut leur donner dans la cure deux ou trois clous de gérofle concaffez, avec un peu d'agaric, & continuer jufqu'à parfaite guérifon, & fi le mal ne ceffe point, il faut prendre un peu d'aloës, de fafran & d'hierapigra, feulement pour lier la pillule, & leur donner le tout le foir dans la cure.

Pillules douces propres à guérir les maladies des Oyfeaux de proye, de quelque nature qu'elles foient.

Renez un quarteron de lard à larder, couppez-le par moyens lardons prenez un quarteron de moüelle de Boeuf, mettez le tout ensemble tremper dans de l'eau fraîche dans un pot pendant vingt-quatre heures, & changez l'eau quatre fois, puis mettez un baffin de terre fur un réchaud, & faites

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fondre l'an & l'autre à petit feu; & quand il fera à demi-fondu, il faut y ajouter de temps en temps un quarteron de fucre peu à peu, afin de lui donner lieu de fe fondre ; & lorfqu'il commencera à le réfroidir, y joindre une dragme de fafran battu, remuer le tout avec une fpatule pour l'incorporer enfemble, enfuite mettez-le dans un petit pot de terre, couvrez-le bien de cuir & de papier, de crainte qu'il ne s'évante, ces pillules dureront trois à quatre ans fans fe gâter; & plus elles feront vieilles fans être moifies, plus falutaires elles deviendront; on en donne la groffeur d'une petite féve à chaque oyfeau le matin, quand il ne tient ni par haut ni par bas. Ce reméde est général pour toutes les maladies qui arrivent dans le corps des oyfeaux de quelque nature qu'ils foient; & les jours d'entre deux qu'on n'aura pas donné ces pillules, qui fe donnent de trois jours l'un, l'on trempera la viande des oyfeaux, qui fera la plus friande & la plus douce, dans de l'huile d'amande douce tirée fans feu: obfervez qu'elle foit affez trempée pour que l'huile paffe dans les narrines des oyfeaux; cela leur nettoye & leur purge la tête, quand leur mal vient de rhume, de choc, filandres, aiguilles, pantois & craç, qui font toutes les maladies qui viennent aux oyfeaux dans le corps, & que l'on ne peut pas prévoir : un bon Fauconnier qui aime fes oyfeaux, & qui en a le même foin qu'une Nourrice a de fon enfant nouveau né, ne craint point qu'il arrive jamais de défordre à fes oyfeaux que par vicilleffe & par accident; mais quand on les néglige un jour feulement, & qu'on croit réparer les fautes qui fe font faites en leur donnant de groffes gorges, on les tuë au lieu de les guérir.

Remede pour la craye qui survient aux Oyfeaux.

E mal n'arrive jamais aux oyfeaux bien tenus, & particulierement à ceux qui fe fervent tous les huit jours d'eau de rhubarbe; mais en cas que le mal arrive, il faut prendre deux ou trois blancs d'œufs, felon la quantité d'oyfeaux que vous avez, y mettre du fucre candi à proportion, bien battre le tout, afin qu'il fe fonde plus aifément dans le blanc d'oeuf, & y tremper la viande deux au trois jours de fuite, immanquablement les oyfeaux guériront de ce mal.

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Pour les Filandres & les Aiguilles.

L faut commencer à purger les oyfeaux par les pillules dont on a donné la recette, prendre une gouffe d'ail, en ôter le germe, & la remplir de fafran, puis paître les oyfeaux de viande trempée dans l'huile d'amande douce ou eau de rhubarbe; & fi les Filandres ou Aiguilles ne fe diffipent point, il faut leur donner une de ces pillules dont on a parlé au commencement de ce Traité, & qui fervent à maintenir les oyfeaux en fanté.

Pour le Crac.

I'd facts purgaltre dice 1 L faut purger les oyfeaux comme deffus, & fe fervir des mêmes pillules douces, les paître de viande trempée dans de l'huile d'amande douce & d'eau de rhubarbe alternativement, leur donner une pillule, & de celle dont on a d'abord parlé ; puis leur mettre dans la cure tantôt de la rue, tantôt de l'abfynthe; & fi l'on voyoit que le mal fût au dehors attaché aux reins, il faudroit les frotter d'efprit de vin un peu tiede en cet endroit & fur le col & où on jugera qu'ils auront de la douleur, ce mal venant autant d'un efpece de rhumatifme que de toute autre chofe, à moins qu'il n'y ait quelque effort, ou que les filandres & les aiguilles tourmentent trop les oyfeaux, quoiqu'on efpere que les remedes, dont on vient de faire mention, les guériront.

Pour le Chancre.

P Chance, Urgez les oyfeaux comme on a dit, prenez du jus de citron & en lavez le & lorsque vous verrez qu'il diminuëra, il faut prendre du fyrop de mûre & leur en laver le mal, qui n'arrive aux oyfeaux que manque de foin.

Pour les Oyfeaux qui ont fait un grand effort par une Defcente, & qui peuvent s'être bleffez dans le corps.

L faut prendre de la momie, la mettre dans un boyau de Poule ou de Pigeon, & le bien nettoyer, le faire avaller à l'oiseau malade pour lui faire jetter le fang qu'il peut avoir caillé dans le corps.

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Pour le mal qui arrive aux yeux des Oyfeaux.

par accident ou par maladie, il faut fe fervir de blanc d'œuf & d'eau tres-bien.

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peu de tutie: ce remede opere

Pour les Oyfeaux blessez par le Héron ou par le Milan.

L faut leur laver la playe, & coupper la plume tout au tour crainte qu'elle n'entre dedans, puis y mettre une petite tente trempée dans du baume ou dans de l'huile de mille-pertuis, laifler les oyfeaux en repos, en un lieu où il ne faffe ny chaud ny froid, & leur faire bonne chére.

Pour les jambes & les mains enflées des Oyfeaux.

L faut commencer par purger les oyfeaux de pillules douces, prendre une douzaine d'œufs & les faire durcir, en tirer les jaunes bien durs, les faire cuire dans une poële jufqu'à ce qu'ils deviennent tout noirs, en tirer l'huile qui en fortira, la mettre dans une petite bouteille, en prendre fept ou huic

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goutes à la fois, y joindre une goute d'eau rofe & du vinaigre, que l'on incorporera avec l'huile d'oeuf avec une plume, on en lave l'enflûre des mains ou des jambes des oyfeaux jufqu'à la guérison : s'il leur venoit des petits clous fous les mains ou deffus, il faudroit prendre un peu de papier, l'allumer, brúler tout autour ces clous & les frotter de graiffe de poule ou de chapon, c'eft ainfi que les clous fe guériront.

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Pour la jambe ou l'aile rompuë d'un Oyfeau.

L faut la remettre en fon lieu le plus doucement & le plus adroitement que l'on peut, prendre une carte bien déliée ou un gros papier pour tenir l'une & l'autre en état, & de la poix noire, la faire fondre avec un peu de farine, en faire un emplâtre, en enveloper la bleffûre, & la laiffer jufqu'à ce qu'elle tombe d'elle même, la jambe & l'aile se remettront immanquable

ment.

Pour les Pennes froiffées des Oyfeaux, avec les moyens de les renter.

les Pennes des oyfeaux de proye font feulement froiffées, il faut

Qprendre de l'avoine & la faire bouillir dans un poëlon jufqu'à ce qu'elle

foit toute en bouillie, renverser le tout dans une aiguiére & y mettre les Pennes froiffées, qui fe redrefferont au même moment, où tomberont d'elles-mêmes; en cas qu'elles tombent, on les rente avec des aiguilles faites exprés, pointues par les deux bouts, que l'on trempe un peu dans du vinaigre, du fel & du poivre pour les faire mieux tenir : & quand la Penne eft rompue dans le tuyau, on abat l'oiseau, & on la remet dans le tuyau, ou bien l'on fait deux petits trous avec un petit poinçon, & l'on prend de petites plumes pour fervir de chevilles, en la même maniere que les Charpentiers rentent une pièce de bois; il faut que les chevilles foient de long & de travers, & quand le tuyau eft ôté tout-à-fait de l'aîle, l'on y met un grain d'orge dans le trou; de crainte qu'il ne fe bouche, & que la Penne ne s'éteigne.

Pour une Serre ôtée à un Oyfeau.

L faut prendre de la thérebentine de Venife, de la crotte de Chévre ou Brebis, & la mettre dans un morceau de cuir fait exprés pour mettre dans le doigt où la Serre eft rompuë, & la Serre reviendra.

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Pour mettre les Oyseaux en muë.

N met les oifeaux de proye en muë en trois différentes manieres. Les niais, foit Faucons, foit Laniers, fe muënt en cette forte. On leur donne trois femaines ou un mois durant de l'huile d'amande douce dans laquelle il faut tremper leur viande, ou de l'huile d'olive battue en trois ou quatre eaux différentes, de maniere que cette viande n'ait plus aucun goût d'huile; on paît ainfi les oyfeaux jufqu'à ce qu'ils foient extremément pleins; il faut les nourrir aprés de petits chiens de lait, de rats, de fouris, & de tou,

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tes fortes de jeunes oyfeaux, les poivrer avant que de les mettre à la muë, & leur faire rendre le double.

Les Faucons & les Laniers de paffage fe muent fur la perche dans la chambre du Fauconnier. On fait la même chofe à l'égard des niais. On leur met outre cela un baquet plein d'eau dans leur chambre de mois en mois, à la chandelle, pour les faire baigner, crainte qu'étant au jour, & fe débattant trop, la graiffe ne les étouffe. On leur donne à tous également, foit aux paffagers fur la perche, foit aux niais, à manger à fept heures du matin ̧1 & à cinq heures du foir.

Les Gerfauts fe muënt dans une chambre fort fraîche, couverts avec le chaperon de ruftre, afin qu'ils puiffent manger & curer facilement ; il faut qu'ils foient attachez à un billot, & qu'il y ait deux gazons devant eux pour fe repofer. On leur donne une groffe gorge par jour & rien plus, & un jour de la semaine on les laiffe fans manger, auquel jour on leur ôte le chaperon de ruftre pour voir s'il ne leur eft point furvenu quelque douleur aux yeux & au bec. On les poivre comme les autres avant que de les mettre à la muë; mais on ne leur fait pas rendre le double. Il eft d'un extréme foin de regarder à tirer les oiseaux de la muë, & de leur laver peu à peu la viande, crainte qu'ils ne fe dégoûtent, & qu'ils ne perdent l'appétit ; manque de cette précaution il meurt plus d'oyfeaux à la fortie de la mûë que dans un autre temps, & le tout manque de foin & de jugement. On ne commence à leur laver la viande que lorsqu'ils ont jetté le cerceau. La viande de chien, ou de rats, de fouris, de petits chiens de lait, & de toute autre forte d'animaux de lait, tous ces pâts font propres pour la nourriture de la muë; quant à la viande de boucherie, de Boeuf & de Mouton, il faut y mettre trois ou quatre œufs caffez, les y mêler parmi, quand la viande eft bien hachée; cela leur fait fleurir le pennage, comme s'ils étoient paffagers : & fi par malheur on manquoit de viande quelque jour de la femaine, il faudroit leur caffer des œufs dans du lait, comme qui feroit des œufs au verjus & les en paître; les oyfeaux de proye aiment fort ce pât, il leur eft même une tres-bonne

nourriture.

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CHAPITRE XX XIV.

LAUT OUR SERIE.

Es Autours, Tiercelets & Eperviers font tres-différens des oyfeaux dont on vient de parler les premiers fe nomment Oyfeaux de leure, & ceuxcy fe nomment Oyfeaux de poing, c'est pourquoi on dit; réclamer un oyfeau de poing, & non pas le leurer; on dit auffi, le balay d'un oyfeau de poing, au lieu qu'on appelle la queuë d'un oyfeau de leure. Les Autours ont dix pennes à chaque aîle, & au lieu de la tierce, de la longue & du cerceau aux autres oiseaux, ceux-cy ont trois cerceaux à chaque aîle. Ils font extremément méfians,mais ils ont fur tout beaucoup de mémoire des maux qu'on leur peut avoir fait; car fi un chien les a une fois détrouffez, ils le reconnoîtront} Jólagestone & Yyyyj Хууу

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