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comblé de deux fallons l'un fur l'autre, & d'un donjon d'une ftructure admirable: fous ce portique fe trouve la grande porte qui donne l'entrée à une grande cour quarrée.

Vous verrez au fond de cette cour un degré qui conduit à une terraffe bordée d'une balustrade de marbre blanc ; des deux côtez de cette cour font deux galeries plus baffes que le refte du bâtiment, foutenues chacune par neuf arcades qui forment des galeries baffes ou allées couvertes.

y a

Les principaux appartemens font dans le grand corps de bâtiment qui paroît au fond de la cour, au milieu duquel il une Chapelle fort propre. On monte aux appartemens par un efcalier qui prend à la terraffe dont je viens de parler. Les fculptures, les dorures & la richeffe des meubles régne avec éclat par tout ce Palais, particulierement depuis qu'il eft occupé par Madame la Ducheffe de Berry, fille de Monfieur le Duc d'Orleans, Régent du Royaume, & veuve de Charles de France, Duc de Berry, petit-fils de Louis XIV.

Entre les appartemens, la galerie qui eft à main droite en entrant, appellée la Galerie de Rubens, mérite une obfervation particuliere qui fatisfera votre curiosité vous y verrez vingt grands Tableaux de neuf pieds de largeur fur dix de hauteur,

;

placez entre les fenêtres de cette galerie; ils repréfentent l'Hiftoire de la Reine Marie de Médicis fous des Figures allégoriques, & ont été peints en deux ans par le fameux Rubens d'Anvers, dont on ne peut trop estimer les ouvrages, puifqu'ils ont des beautez inimitables, tant pour le coloris & les draperies, que pour la perfection. Vous en allez lire l'explication que le fçavant Félibien en a donné dans fes Entretiens fur les vies des Peintres.

EXPLICATION DES TABLEAUX peints par RUBENS,

DANS LA GALERIE DE LUXEMBOURG. Sur la fin de l'année 1620 la Reine Marie de Médicis voulant faire embélir fon Palais de Luxembourg, en fit peindre une des Galeries. Comme la réputation de PierrePaul Rubens, étoit alors fort grande, il fut choisi pour un ouvrage fi confidéra. ble: il y a représenté, en vingt grands tableaux, l'Hiftoire de cette Reine depuis fa naiffance jufqu'à l'accommodement qui fut fait à Angoulême entr'elle & le Roi fon fils en 1620. Mais parceque cette Galerie eft percée de côté & d'autre par des fenêtres qui donnent fur le jardin & fur la cour, les tableaux font placez fur les trumeaux

qui font entre les fenêtres. Quelqu'uns ont neuf pieds de large fur dix pieds de haut, & les autres davantage: il y en a dix d'un côté, un plus large au bout de la Galerie, & neuf de l'autre côté.

Dans le premier tableau qui eft fur la gauche & du côté du jardin, vous verrez les trois Parques qui filent les jours de la Reine en présence de Jupiter & de Junon qui paroiffent dans le ciel. Deux des Parques font affifes fur des nuages; & la troifiéme qui eft à terre, tire le fil de la vie de cette Princeffe, que les deux autres Parques filent.

Le fecond tableau repréfente la naissance de la Reine. La Déeffe Lucine qui tient un flambeau, après avoir rendu l'accouchement heureux, met l'enfant entre les bras d'une femme qui eft affife, & qui la regarde avec admiration: cette femme représente la Ville de Florence.

Le troifiéme tableau représente l'éducation de la Princeffe: elle eft auprès de Minerve, qui lui apprend à lire; d'un côté un jeune homme touche une Baffe-deViole, pour fignifier qu'on doit de bonne heure enfeigner à mettre d'accord les paffions de l'ame; & dès la jeuneffe, régler toutes les actions de la vie, afin de ne rien faire dans la fuite qu'avec ordre & mesure; de l'autre côté font trois Graces, dont l'une

tient une couronne de laurier; Mercure defcendant du ciel eft au-deffus: ce tableau eft un des plus eftimez, & où le Peintre a pris plus de foin.

Le quatriéme tableau repréfente l'Amour & l'Hymen couronnez de fleurs, un flambeau en main; ils paroiffent en l'air, préfentant le Portrait de la Reine au Roy Henri IV. Ce Prince eft debout, revêtu d'armes très riches & très-éclatantes : il regarde avec plaifir ce Portrait, dont l'Amour lui fait remarquer toutes les graces & les beautez. La France, fous la figure d'une femme, eft auprès du Roy qui a deux petits Amours à fes pieds, qui tiennent fon cafque & fon bouclier.

Le cinquiéme tableau représente le Mariage de leurs Majeftez, célébré à Florence au mois d'Octobre 1600. Comme la cérémonie fe fit dans une Eglife, on voit à l'Autel le Cardinal Aldobrandin, Légat & neveu du Pape Clement VIII. revêtu de fes habits Pontificaux; la Reine eft devant lui couverte d'une robe blanche à fleurs d'or, avec un voile fur la tête; le Grand Duc fon oncle qui l'époufe au nom du Roy, lui met un anneau au doigt; l'Hymen, couronné de fleurs, & un flambeau à la main, porte la queue de la Reine.

Le fixiéme tableau représente l'arrivée

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