Imágenes de páginas
PDF
EPUB

femme affligée du flux de fang qui touche le bord de la robe de Jefus - Christ, par Boulogne, le jeune; la réfurrection de la fille de Jaïre, par de la Foffe; le miracle des cinq pains d'orge, &c. par Audran ; la Samaritaine, par Noel Coipel; & les Aveugles de Jérico par Antoine Coipel, tous fort beaux: celui de l'Autel repréfente Jefus-Chrift dans le Temple enfeignant les Docteurs, peint par Champagne.

N'oubliez pas de voir les Cloîtres: le petit eft orné de tableaux d'un prix inestimable, peints par le Sueur; ils représentent les actions de la vie de S. Bruno, en tableaux d'une beauté admirable, & dont quelqu'uns, par une malice incroyable & de laquelle on n'a jamais pû découvrir les auteurs, ont été gâtez confidérablement dans des endroits où il y avoit les plus vives expreffions: il fit tous ces ouvrages en trois années: on a été obligé de les couvrir de volets qui ferment à clef. En voici la defcription pour la fatisfaction des amateurs de belles peintures.

Le premier repréfente un Docteur qui prêche à une assemblée qui écoute avec attention la parole de Dieu.

Le fecond repréfente ce même Docteur au lit de la mort.

Dans le troifiéme, on y voit l'affreux Tome II.

E

état où ce Docteur parut dans l'Eglife, pendant qu'on chantoit l'Office des Morts, & que fortant à demi-mort de fon cercueil, il déclara lui-même l'arrêt de fa damnation; tous ceux qui l'environnent sont saifis de crainte; & l'on prétend que ce fut ce qui donna lieu à la converfion de S. Bruno, qui eft représenté derriere le Prêtre qui officie.

Le quatrième, eft S. Bruno à genoux devant un Crucifix, dans la posture d'un véritable pénitent, & touché de ce qu'il a vû de fi furprenant à la mort de ce Do

cteur.

Le cinquième, repréfente S. Bruno dans les écoles, qui imprime dans l'efprit de fes Auditeurs les fentimens dont il étoit luimême pénétré ; ils paroiffent tous émûs par force la de fes paroles.

Dans le fixième, on voit, qu'ayant réfolu de fe retirer du monde, il fe joint à fix de fes amis pour embraffer un même genre de vie.

Le feptième, trois Anges fe préfentent à lui pendant fon fommeil, & femblent l'inftruire de ce qu'il doit faire: ce tableau eft un des plus beaux & des mieux peints.

Le huitième, S. Bruno & fes Compagnons diftribuent leurs biens aux pauvres : la difpofition du lieu & les bâtimens en

font agréables, & toutes les figures bien entendues.

Dans le neuvième, S. Hugues Evêque de Grenoble reçoit S. Bruno chez lui.

Au dixième, S. Bruno & fes Compagnons, avec S. Hugues traverfent des defers affeux & de hautes montagnes, pour se rendre au lieu où eft préfentement la grande Chartreuse.

L'onzième, les représente tous bâtissant fur la croupe d'une montagne l'Eglife appellée N. Dame de Cafalibus, avec des petites cellules, ou cabanes, féparées les unes des autres: c'eft le premier établiffement de l'Ordre des Charteux.

Dans le douzième, S. Hugues leur donne l'habit blanc, tel que les Chartreux le tent préfentement.

por

Le treiziéme repréfente le Pape Victor III. qui confirme l'inftitution de l'Ordre des Chartreux, en plein confiftoire ; c'est un des plus beaux, de même que

Le quatorziéme qui repréfente S. Bruno donnant l'habit à quelques Religieux.

Dans le quinziéme, S. Bruno reçoit une lettre du Pape Urbain II. qui lui écrit de fe rendre à Rome pour l'affifter de fes confeils: çe Pape avoit été difciple de S. Bruno à Paris.

Dans le feizième, S. Bruno fe présente

au Pape, & lui baife les pieds.

Au dix-feptiéme, le Pape lui offre l'Archevêché de Rioles, que ce Saint refuse.

Le dix-huitiéme repréfente S. Bruno retiré dans un défert de la Calabre, où pendant qu'il eft en priere, fes Religieux commencent à remuer la terre pour fonder leur établiffement.

Dans le dix-neuviéme, Roger Comte de Sicile & de Calabre, rencontre par hazard S. Bruno & fes Compagnons, dont il eft fi furpris & fi édifié, qu'il leur donne une Eglife & un fond pour fubvenir à leur

nourriture.

Le vingtiéme, repréfente le Comte Roger couché dans fa tente, & S. Bruno qui lui apparoît, & l'averti de la confpiration d'un de fes Capitaines qui le trahiffoit.

Le vingt-uniéme eft la mort de S. Bruno en présence de fes Religieux, qui marquent leur foumiffion aux ordres de Dieu, & leur élévation au ciel, comme pour le fuivre en efprit; ce fujet eft bien éxécuté.

Le 22me & dernier repréfente S. Bruno enlevé au ciel par les Anges: la difpofition de ce dernier tableau eft tout-à-fait merveilleufe & digne d'un fi habile Peintre.

Outre ces tableaux de la vie de S. Bruno, il y a encore des vûes des Chartreufes de Rome, de Paris, de Grenoble & de Pavie;

les vîtres de ce cloître font eftimées, elles ont été peintes fur les deffeins de Sadeler; il ne refte plus que les cartouches qui repréfentent les Peres du défert.

Le grand Cloître elt rempli de quantité de cellules féparées les unes des autres; elles font compofées d'une falle ou vestibule, d'une chambre, & d'un autre lieu qui fert à travailler, d'une cour & d'un jardin, dans tous lesquels il y a des fontaines avec des refervoirs, où l'eau eft envoyée par une manivelle fituée au milieu du grand cimetiére où l'on enterre les Religieux : les Peres y font diftinguez des Freres par une croix couverte. Il y a fous le grand Cloître une ancienne peinture renouvellée par une nouvelle qui la couvre & la conferve, où font peints quatorze Religieux aux pieds d'une Vierge: c'eft l'hiftoire de leur Fondation par la Maifon de Châtillon.

Le Réfectoir eft encore à voir : ils y mangent ensemble les Dimanches, les Fêtes & les Jeudis, mangeant les autres jours dans leurs Cellules. Vous verrez dans le Chapitre l'admirable Crucifix de Champagne: c'étoit fa piéce favorite qu'il a donnée par teftament à ces Peres; & un autre tableau de le Sueur, qui repréfente l'Apparition de J.C. à la Madeléne, fous la figure d'un Jar dinier: cette piéce eft auffi très eftimée.

« AnteriorContinuar »