& la Chapelle de la Reine. Paffez par la rue de la Planche, où vous verrez l'Hôtel de S. Agnan, & l'Hôtel de S. Gelais ; d'où vous entrerez dans la grande rue du Bacq, qui commence vers les Incurables, & finit près le Pont Royal; mais il faut la quitter plufieurs fois pour voir ce quartier avec plus de facilité. La premiére chofe à voir dans cette grande rue, eft LE SEMINAIRE DES ETRANGERS, établi en 1663, qui fournit des Missionnaires, dont les fruits pour notre fainte Religion s'étendent jufqu'au bout du monde, par les fréquens voyages que ces zélez Eccléfiaftiques font dans les Indes pour la propagation de la Foi. Tout proche du même côté eft L'Hô PITAL DES CONVALESCENS, fondé pour le foulagement des Malades de l'Hôpital de la Charité des Hommes qu'on y envoye paffer huit ou dix jours pour prendre l'air & le rétablir. Tournez par la rue de Varennes qui est à main gauche, vous y verrez l'Hôtel de Nogent, l'Hôtel d'Eftampes, l'Hôtel d'Aligre, l'Hôtel de Novion, & l'Hôtel de Seffac. Enfuite paffez par la rue Hillerin, vous rendrez dans la grande rue de Grenelle, qui prend à la Croix Rouge, & finit à la ין plaine des Invalides, où vous découvrirez ce fameux Hôtel Royal,dont je vous ferai connoître les beautez, après que vous aurez entiérement parcouru ce quartier, que vous continuerez à voir par LA COMMUNAUTE DES FILLES DE SAINTE AURE, qui eft fituée au bout de la rue de Grenelle; 1 & celle de SAINTE VALER E, noupar - vellement établie en faveur des Filles repenties: elles n'ont d'autre revenu que les charitez de quelques particuliers; l'Hôtel de Pompadour eft auprès, bâti depuis peu dans une vue des plus agréables. En deça de même côté font LES CARMELITES, qui étoient ci-devant établies rue du Bouloy en 1664, & ici en 1689. Ce Monaftére de Sainte Therefe eft grand, mais l'Eglife eft très-petite & très fimple. L'Hôtel de Rothelin eft vis-à-vis; il a été conftruit depuis peu fur les deffeins de l'Affurance, habile Architecte : le bâtiment & le jardin font propres. L'Hôtel de Villars, ci-devant de Navailles, eft de l'autre côté au- deffus des Carmelites; ce fameux Maréchal y a fait faire de nouveaux embeliffemens d'un bon goût, par Boffrand, Architecte en répu tation. L'ABBAYE DE PANTEMONT, attenant de l'Hôtel de Villars, eft occupée par des Re ligieufes Bernardines de l'Ordre de Cîteaux, établies à Paris en 1648. Au coin des rues du Bacq & de Grenelle, eft l'Hôtel du Préfident Amelot, où logeoit ci-devant le Duc d'Albe, Ambaffadeur d'Espagne. Rentrez dans la rue du Bacq, vous trouverez fur la droite les Annonciades, cidevant appellées RECOLETTES, autrement dites LES FILLES DE L'IMMACULÉE CONCEPTION, fondées par la Reine Marie-Thérefe d'Autriche, épouse de Louis XIV. L'Eglife n'a de fingulier que le tableau de la Conception de la Sainte Vierge, peint par de la Foffe, & qui fait l'ornement du grand Autel. Remarquez le tableau qui repréfente Notre-Seigneur lavant les pieds de fes Apôtres ; c'eft un des meilleurs ouvrages du Tintoret, fameux Peintre Italien. Plus avant fur la gauche LE COUVENT DES FILLES DE LA VISITATION: ces Reli-gieufes font de l'inftitution de S. François de Sales, établies rue Montorgueil en 1660, transferées en ce lieu en 1673: l'intérieur de ce Monaftére eft bien bâti & très com. mode. Paffez enfuite dans la rue S. Dominique qui traverse la rue du Bac, vous y verrez LES JACOBINS du Noviciat, fondez en 1633 par le Cardinal de Richelieu. L'Eglife, imparfaite comme elle eft, a été bâtie par Bullet; le grand Autel eft formé de deux -groupes, chacun de quatre colonnes de marbre, qui foutiennent un ceintre de bois doré, en forme de dais, fur lequel eft une. Réfurrection de Jefus-Chrift; cet ouvrage eft du deffein de le Brun, & éxécuté par Martin, habile Sculpteur. Voyez derrière l'Autel les tombeaux du Marêchal de Navailles & de fon Epoufe. Les tableaux, qui font le principal ornement de cette Eglife, font prefque tous du célébre Frére André,de cette Maison,dont on peut diftinguer les differentes manieres: le S. Thomas d'Aquin, & le S. Pie font deux morceaux excellens. Il y a plufieurs Chapelles fort propres dans cette Eglife, toutes ornées par les foins de cet illuftre Frere. Les tableaux de la Sacristie font encore de lui: remarquez-y la beauté de celui où S. Louis reçoit les Reliques du Tréfor de la Ste Chapelle, La Maison. de ces Peres eft bien bâtie & très commode; il y a deux grands jardins, dont l'un fera un jour le centre d'un cloître qui n'eft que commencé, & dont il n'y a qu'une aîle de faite. Vis-à-vis les Jacobins vous verrez l'Hôtel de Chevreufe ou de Luines, bâti par le Muet, Architecte très-eftimé ; les appar temens en font beaux, & le jardin fort grand. Dans la même rue & plus avant, I'Hôtel de Matignon, dont le jardin, du deffein de la Quintinie, a des beautez particulieres. Rue S. Guillaume, eft l'Hôtel de Mortemart. Il y a dans ce quartier un nombre de grands Hôtels qui méritent un chapitre particulier, mais le détail en feroit trop long; tels font les Hôtels de la Meilleraye, du Lude, des Ambassadeurs Etrangers, de Béthune, de Roquelaure, &c. Prenez enfuite, au bout de la rue S. Dominique, la rue des Saints Peres, pour voir L'HÔPITAL DE LA CHARITE DES HOMMES défervi par les Freres de l'Ordre de S. Jean de Dieu. Ils ont un grand foin des malades, qu'ils traitent avec tout le zéle d'une parfaite charité, une propreté achevée, & une bonté admirable : il ya trois Salles remplies de lits des deux côtez, d'où les Malades voyent l'Autel. Le tableau qui eft dans la grande Salle représente S. Louis qui panfe un malade; il eft très estimé & peint par Teftelin. L'Eglife n'a rien de fingulier, le tableau du Choeur eft un Chrift, peint par Benoist ; à côté de l'Autel c'eft un S. Jean qui prêche dans le defert; celui de la Chapelle à gauche, est S. Jean de Dieu, par Jouvenet ; & vis-à-vis unc |