Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Duc d'Orléans, fon frere unique. C'eft un des plus beaux Palais de France: la fituation, les vûes, les eaux, les bois, l'architecture, les marbres, les fculptures, & les peintures, en font un agréable féjour.

Ce Château, qu'on trouve dans une derniére cour, plus longue que large,élevée en haute terraffe, eft compofé d'un grand corps de logis de cent quarante - quatre pieds de façade, fur foixante & douze d'élévation. On y a joint quelques ouvrages foutenus de deux gros Pavillons, où commencent deux aîles moins exhauffées, qui s'étendent, par une agréable fimétrie, jufqu'aux deux tiers de la cour. Les balcons des avant-côtez ont leurs vûes fur la plaine, fur Paris, & fur des païfages d'une grande beauté.

Lorfque vous ferez entré dans la cour de ce Château, vous verrez au fronton de la principale façade, un cadran découvert par le Temps, avec quelques Amours, qui repréfentent les quatre parties du jour.

Sur la corniche,qui eft portée par quatre colonnes de l'ordre corinthien, il y a la Force, la Prudence, la Richeffe, & la Guerre.

A l'aîle droite du Château, dans des niches, font quatre figures qui repréfentent

l'Eloquence, la Mufique, la Bonne-chere & la Jeuneffe.

A l'aîle gauche du Château, ce font la Comédie représentée par le Dieu Momus, & la Danfe par une Baccante; il y a auffi la Paix & la Richelle.

à

LES APPARTEMENS de ce Château font d'une grande magnificence & très-richement meublez: tout y eft d'un goût & d'une perfection digne du grand Prince à qui il appartient les excellentes peintures du célébre Mignard, doivent vous engager voir ce charmant féjour. On monte aux apartemens par le grand efcalier qui eft fur la gauche en entrant; il eft formé de deux rampes égales; les colonnes, les pilaftres, & la balustrade font d'un marbre choifi.

D'abord on entre fur la gauche dans la falle des Gardes, pour fuivre l'enfilade des appartemens; mais avant que d'y entrer, voyez fur la droite le Sallon du Billard, dont le plafond eft rempli de peintures d'un bon goût, & les lambris, comme le plafond, chargez de dorures & de portraits au naturel de Princes & de Princeffes, &c. dont les noms font marquez en lettres d'or avancez jufques fur le balcon pour voir la vûe du monde la plus agréable, qui régne fur Paris & fur les environs.

La piéce la plus curieuse des apparte

mens eft la fameufe Galerie d'Apollon & fes deux Sallons, qui rempliffent l'aîle gauche, & qui, jointes de plein pied avec l'Orangerie, font une enfilade d'une largeur furprenante, & d'autant plus agréable, que la vûe n'y eft nullement bornée, s'étendant fur Paris & le païs d'alentour.

Le grand Sallon qui précéde la Galerie, eft orné de belles peintures qui représentent les Amours de Mars & de Vénus en plufieurs tableaux. Remarquez dans le coin du plafond du côté du jardin, Apollon ou le Soleil qui découvre à Vulcain les amours de Vénus fa femme avec Mars; qui font repréfentez ensemble audeffus de la cheminée. Mars y eft defarmé par plufieurs Amours lorfqu'il vient rendre vifite à fa Maitreffe. Outre l'éclat des dorures, ce Sallon eft encore orné de quatre groffes colonnes, & de feize pilaftres de marbre. Ce beau Sallon communique par une grande arcade, à

LA GALERIE D'APOLLON, décorée de tout ce qui peut rendre un pareil lieu magnifiqne & charmant: elle est percée de treize fenêtres de chaque côté & de deux à l'extrémité ; les trumeaux font couverts de peintures qui repréfentent différentes Maifons Royales, Châ

teaux, &c. qui font rangées en cet ordre: Le premier fujet en entrant fur la droite, eft Chantilli, Villers-cotterefts, Rainci, Seaux, Trianon, le Pleffis, Vaux le Vicomte, le Palais Royal, S. Germain, Clagni, les Tuilleries, S. Denis, le Luxembourg. Le premier à gauche, Fontainebleau, Vincennes, le Château neuf de S. Germain, Versailles, Blois, Fontainebleau, Marimont, Maifons, le Val, le Pavillon de S. Cloud, Versailles, Verfailles du côté de l'Orangerie, & Chambort.

Le premier tableau, qui eft au-deffus de la porte en entrant, repréfente la naiffance d'Apollon & de Diane; Latone outragée, demande à Jupiter qui paroît fur une nuée, la vengeance des Païfans de Licie; il y en a un baifflé qui trouble l'eau, pour empêcher Latone de boire; un autre fait la moue à cette Déeffe; & un troifiéme la menace du doit.

Sur l'autre bout de ce tableau, il y a un autre païfan qui dort, & deux enfans; l'un tient une flûte, & l'autre un nid de Cannes. Le plafond de ce tableau représente l'Ifle de Délos, avec une mer & une grande Forêt.

Vous verrez dans le grand plafond du milieu de cette Galerie, le Soleil fortant de fon Palais, accompagné des heures du jour,

en attitude de pouffer, & d'ouvrir la vapeur qui forme l'obfcurité; il eft précédé d'un enfant, qui porte un cornet plein de fruits pour repréfenter l'Abondance.

Plus bas, bien au-deffous, il y a des petits Zephirs, qui verfent la rofée du matin, à la pointe des rayons du Soleil. L'Aurore paroît dans fon Char, devant lequel un Amour répand des Fleurs. Au deffus, un peu devant l'Aurore, l'Etoile du point du jour eft représentée par un beau jeune homme qui la porte fur fa tête, une verge à fa main, en attitude de chaffer la nuit & toutes les conftellations devant lui. L'Hirondele, oiseau qui vole avant le point du jour, s'enfuit de même.

Sur la fin du tableau paroît la nuit, en attitude rapide & violente, tirant à deux mains fes voiles; elle eft accompagnée de fes deux enfans, dont l'un représente le fommeil de la vie ; & l'autre, celui de la

mort.

:

Les quatre Saifons de l'année font auffi représentées dans le berceau de cette Galerie, fçavoir le Printemps & l'Eté, entre l'entrée & le plafond du milieu; & l'Automne & l'Hiver, entre ce même plafond, & l'extrêmité de la Galerie.

« AnteriorContinuar »