le monde ; & un autre, figuré & apperçû feulement des personnes éclairées. On fe fert de l'Equivoque, pour tromper, & pour cacher fa véritable penfée par l'infinuation d'une fauffe: On parle d'une façon Ambigue, afin de ne pas trop inftruire, & pour envelopper dans un fens general & indéterminé le fens précis de ce qu'on dit On employe le Double fens, pour s'expliquer finement, & pour couvrir, par le tour de l'expreffion, la malignité du sens qu'on y applique. ESPERER. ATTENDRE. On Efpere d'obtenir les choses: On Attend qu'elles viennent. Nous Efperons de la faveur des Grands les graces que nous leur demandons: Et nous Attendons celles qu'ils nous ont promises. On fe rebute d'efperer toûjours inutilement: Et l'on s'ennuye d'Attendre trop long-temps. L'Efperance paroît plus incertaine; fon objet principal eft lefuccès: L'Attente femble plus déterminée; elle regarde parti culierement le temps. L'amour fait quelquefois Ef perer témérairement; & il fait toûjours Attendre avec impa tience. On Efpere en la bonté du Ciel; Et l'on Attend l'heure de la providence.. J'Efpere que la Princeffe que j'ay l'honnenr de fervir fera ma fortune; & j'Attens le moment qu'elle le veuille, ESPRIT. RAISON. BON SENS, INTELLIGENCE. JUGEMENT.; ENTENDEMENT. CONCEPTION: D GENIE, sh L'Efprit eft fin & délicat ; il fait brillers qui n'en a point eft épais & groffier: La Raison est mûre; elle rend fage ; qui l'abandonne devient extravagant: Le Bon-fens eft fûr; il conduit ; qui s'en écarte donne dans le ridicu le: L'Intelligence est éclairée ; elle rend habiles qui n'en a aucune n'eft propre à rien: Le Jugement eft folide; il fait prévoir qui en eft dépourvû eft étourdi: L'Entendement eft fubtil; il rend pénétrants qui en manque eft ftupide: La Conception eft vive; elle fait fentir & comprendre; qui n'en a point eft bête Le Génie eft heureux ; il difpofe; qui en manque á de la peine à réüffir. : L'Esprit donne du tour à ce qu'on dit, & de la grace à ce qu'on fait: La Raifon met de la jufteffe dans les difcours, & de la droiture dans les actions :Le Bonfens parle naturellement, & agit ge d'une maniere conforme à l'ufaordinaire L'Intelligence fe fert de termes propres, & rend l'exécution réguliere : Le Jugement inspire un langage difcret, & une conduite refervée : L'Entendement fait qu'on s'explique d'une façon favante, & qu'on travaille d'une maniere profonde: La Conception met de la clarté dans les expreffious, & de la propreté dans les ouvrages: Le Génie caractérise le ftile, & donne du goût aux productions. Il faut de l'Esprit, avec les dames; de la Raifon, avec les honnêtes gens; du Bon-fens, avec tout le monde ; de l'Intelligence, avec les ouvriers; du Jugement, avec les grands;de l'Entendement,avec les favants de la Conception, avec les gens d'esprit ; & du Génie, avec les courtisans. ETONNER SUR PRENDRE. Les chofes extraordinaires Etonnent Les inopinées Surprennent. : L'Etonnement paffe quelquefois de l'imagination jufques dans les fens extérieurs ; il en fufpend l'action: La Surprise va des fens à l'efprit ; elle y caufe de l'admi ration: On dit ordinairement en mauvaise part, qu'une chofe eft Etonnantes & en bonne part, qu'elle eft Surprenante. Une femme eft d'une laideur Etonnante, & d'une beauté Surprenante. Rien n'Etonne un grand cœur: Un efprit fupérieur n'eft Surpris de rién. ETRE. EXISTER. Etre a une fignification plus étendue; il convient à toutes fortes de fujets & à toutes les ma nieres |