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Force & Violence, entre Amour & Amitié ; & qu'il n'est pas neceffaire d'expliquer, puifque perfonne ne les ignore, dumoins ceux qui parlent médiocrement bien. D'autrefois ces différences font plus petites,difficiles à remarquer, & apperçues de peu de gens; comme feroient celles de Battre & de Fraper, de Gain & de Profit, d'Amant & d'Amoureux, d'Avoir & de Poffeder, enfin toutes celles des mots qu'on nomme communément fynonimes; qu'il eft important de bien caractérifer, par ce qui leur eft propre & particulier; afin qu'on apprenne à ne les em

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ployer qu'à propos, à neles point confondre, & à les mettre précisément à leurs places. Voilà ce que j'ai tâché de faire dans cet ouvrage, qui eft uniquement le fruit de la reflexion, & où la mémoire n'a d'autre part que d'avoir fourni le nombre des fynonimes qu'il contient. Peutêtre en aurai-je oublié : Mais ce qui ne fe trouvera pas dans ce Livre n'eft pas ce qui l'empêchera d'être bon. Peutêtre auffi en aurai - je mis quelques-uns qui ne passent gueres pour fynonimes, & dont la différence eft trop connue pour avoir befoin d'être expliquée : Mais je në

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crois pas qu'on regarde cela comme un défaut ni qu'on m'en blâme, fi l'on fait attention qu'un Auteur n'eft pas moins obligé d'avoir égard à l'inftruction des perfonnes qui ne favent pas qu'au goût de celles qui font inftruites. Tout le monde n'a pas le même difcernement; les uns confondent ce que les autres diftinguent fans peine. L'efprit fin eft le partage de peu de gens les ef prits médiocres font en plus grand nombre; & les uns & les autres font le Public,pour qui l'on écrit. Il faut donc le faire de maniere qu'on plaise aux plus délicats, &

qu'en même temps on foit utile aux autres. Si j'ofois faire à ce fujet une comparaison, peut-être trop élevée;je dirois qu'il en eft de l'art d'écrire comme de l'art de gouverner: La bonne Politique ne doit pas fuppofer touts les hommes vertueux: Les bons Livres ne doivent pas non-plus fuppofer touts les Lecteurs favants: Et comme un Prince éclairé fe fert habilement, pour le bien de l'Etat, & du bon & du mauvais; un Auteur entendu traite heureufement, pour la fatisfaction du Public, ce que fon fujet lui fournit & de relevé & de commun. Il ne me fiéroit pas

de dire que j'ai traité le mien de cette maniere; & de me donner moi-même des louanges, qu'on me réfusera peutêtre, ou par juftice ou par quelque autre motif, je l'ignore; je fais feulement que je recevrai toûjours avec plaifir celles q'on me don

nera.

Je me tais donc fur mon chapitre; d'autant plus que ce Difcours n'eft pas pas fair pour l'Auteur, mais pour l'Ouvrages dont il m'eft très permis de dire, que, s'il n'a pas le mérite de la perfection, il a du moins celui de la nouveauté. Je n'ai copié personne; je ne crois pas même qu'il

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