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L'arche

l'europe eut abandonné Benoît XIII. & Gregoire XII. pour embraffer la neutralité, Jean AN. 1409. Hus invectivant dans fes fermons contre ces deux antipapes, s'échappa à avancer beaucoup de chofes contre le doctrine de l'église catholique. L'archevêque de Prague fulmina contre lui, comme contre un fchifmatique, & lui interdit les fonctions facerdotales dans fon diocéfe. Jean Hus loin d'obéir invectiva con- CLXXXVI. tre le pape & le clergé, & fouleva ainfi contre lui la plus grande partie des ecclefiafti- vêque de ques. Alors Sbinko publia deux mandemens, damne Jean Pragueconl'un adreffé à l'univerfité de Prague, à qui il enjoignoit de lui apporter les livres de Wiclef, afin de les brûler; l'autre à tous les curez Cochlée 1. 1. & prédicateurs, à qui il ordonnoit d'enfeigner hift. Hujit, au peuple qu'après la prononciation des paroles facramentelles, il ne reftoit rien dans l'euchariftie que le corps & le fang de JefusChrift fous les efpeces du pain & du vin, contre ce qu'avoit prêché Jean Hus.

Hus.

l'univerfité

A peu près dans ce même temps il arriva CLXXXVII une autre affaire qui lui fit quantité d'ennemis Procès dans en Allemagne. L'univerfité de Prague fon de Prague. dée en 1347. par l'empereur Charles IV. à

418. 428.

l'exemple de celle de Paris, étoit compofée Bolel. Balb. des quatre nations de Boheme, de Baviere, epit. rer. de Saxe & de Pologne. Ceux des trois der Bohem. pag. nieres étant prefque tous Allemans, & aiant trois voix contre une, s'étoient rendus maîtres de la plupart des chaires, des places, des affaires de l'univerfité, & des principaux benefices de la ville, à l'exclufion des Bohemiens. Jean Hus voïant que quelque-uns de les compatriotes, comme Jerome de Prague & Jean de Zuviko w ics fupportoient avec impatience cette ufurpation des Allemans, fe

joignit à eux, & ils s'adrefferent tous enfemAN. 149. ble à Venceslas qui étoit animé contre les Allemans qui lui avoient ôté l'empire, & ils lui demanderent que fuivant la pratique de l'université de Paris, & l'ordonnance de Charles IV. ceux du pais euffent trois voix contre les étrangers une feule. L'affaire fut plaidée avec beaucoup de chaleur de part & d'autre ; & Jean Hus profitant du crédit qu'il avoit fur l'efprit de la reine dont il étoit très-aimé, obtint une déclaration du roi en faveur de fes compatriotes; elle eft du treiziéme Octobre 1459. Les Allemans irritez d'avoir perdu leur procès, & en même temps leurs privileges, deferterent de l'université, se retirerent en Milnie, & cmmenerent avec eux plus de deux mille écoliers.

CLXXXVIII.

Jean Hus appelle à Gregoire XII.

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89.

Jean Hus s'étant acquis par ce moïen beaucoup de crédit & d'autorité dans l'univerfité de Prague, perfuada facilement à plufieurs de fes membres que le premier mandement de l'archevêque Sbinko donnoit atteinte aux Raynald privileges & aux libertez de l'univerfité, dont an. 1409. les membres avoient droit d'avoir & de lire toutes fortes de livres ; & que le fecond contenoit une erreur intolerable, en ce qu'il fembloit affurer qu'il n'y avoit que le corps de Jefus-Chrift fous l'efpece du pain & fon fang dans le calice. Sur ce fondement ils appellerent de ces ordonnances à Gregoire XII. qui étoit reconnu en Allemagne. Leur appel fut relevé, & l'archevêque de Prague cité à Rome par ce pape. Mais cet archevêque aïant informé Alexandre V. que les erreurs de Wiclef s'établiffoient dans la Boheme par le moien des prédications de ceux qui avoient les livres de Wiclef, obtint la bulle dont

le com

nous avons parlé, par laquelle ce pape
mit pour empêcher la publication de ces er-

reurs.

AN. 1409.

gue con

Dubrav.

En vertu de cette bulle, qui fut rendue le cLxxxIx. vingtiéme de Decembre, l'archevêque de L'archevêPrague condamna par une fentence définitive que de Prales écrits de Jean Wiclef, proceda contre damne les quatre docteurs qui ne lui avoient pas apporté erreurs de les exemplaires qu'ils en avoient, & fit défen- Vviclef. fes par une autre fentence, de prêcher dans les chapelles, quelques privileges qu'elles euffent. hift. Bohem. Le pape autorifoit l'archevêque avec quatre lib. 19. maîtres en théologie, & deux maîtres en droit canonique à pourfuivre les contrevenans, de quelque caractere & condition qu'ils fuffent, Comme des heretiques, jufqu'à implorer le fecours du bras féculier, s'il étoit neceffaire, nonobftant toutes appellations. Comme Jean Hus étoit alors recteur de l'univerfité, & fort accredité à la cour & dans la ville, il ne fe mit pas en peine de cette bulle, & il continua d'enfeigner fes mêmes erreurs, comme on verra dans la fuite.

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1.

Foibleffe

du gouver

nement

V.

LIVRE CENT-DEUXIE' ME.

AN.1:10. oeil de Balthafar Coffa cardinal de S. E pape Alexandre V. ne faifoit rien fans le Euftache. Ce fut lui qui le fit élire, & qui gouverna pendant fon pontificat. Il ne s'y fit aud'Alexandre Cune reforme, au contraire les graces extraor dinaires s'accordoient à toutes fortes de perPlatin. in fonnes: on donnoit des difpenfes contre l'or Alexand.. dre: on unit & défunit quantité de benefices, on permit d'en poffeder plufieurs incompatibles. Ce pape n'entendit prefque jamais les Niem. de avocats dans les confiftoires publics, comme Schifm.l. 31. on avoit coutume de faire. Il fut tellement at

II.

concurrens.

taché aux clercs qui étoient auprès de lui, qu'au lieu de diftribuer les fuppliques aux officiers ordinaires de la chancellerie, pour en faire l'abregé ; il les donnoit à fes clercs afin qu'ilsen cuffent le profit:& comme ils n'y entendoient rien, cela fut cause qu'il fe fit plufieurs fauffetez durant fon pontificat, & que la datterie fut dans une grande confufion.

Le dernier jour de l'année 1409. ayant reBulle de ce çu la nouvelle que Rome étoit délivrée de la pape contre tyrannie de Ladiflas, toute fa cour lui conles deux feilla d'aller en cette ville dont les habitans le défiroient avec beaucoup d'ardeur. Il eût mieux fait de suivre cet avis, mais follicité par le cardinal Balthafar Coffa qui le gouver noit abfolument, il quitta Piftoye pour fe rendre à Boulogne, où Coffa étoit légat, & il publia une bulle dattée du vingt-deuxième de Janvier 1410. qui renouvelloit la condamnation des deux concurrens & de leurs fauteurs. Comme il étoit infirme & âgé, Balthafar, en le menant à Boulogne, efperoit

qu'il y mourroit bien-tôt, & qu'il fe feroit élire en fa place; il avoit déja gagné quelques AN. 1410. cardinaux à qui il avoit promis un dédommagement de toutes les dépenfes qu'ils feroient pendant leur féjour à Boulogne.

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Les Ro

vitent de

venir à
Rome.

pon

Le pape retenu à Boulogne fous divers prétextes par le cardinal Coffa, y reçut les dépurez que lui e nvoierent les Romains pour lui mains l'inporter les clefs de la ville de Rome, avec une affurance de leur entiere foumiffion, & du defir qu'ils avoient de le voir; il fe contenta de leur écrire une lettre dattée du quinziéme Bzov. an. Mars, où pour toute réponse il leur indiqua 1410. n. 2. un jubilé pour l'année 1413. Il donna, étant Pagi brev. toujours à Boulogne, le gouvernement de Rom. Rome à Pierre de Frias, qu'on nommoit le tif. tom. 2. cardinal d'Espagne. Il fit venir Nicolas mar- P. 509. quis d'Efte, qui s'étoit fort diftingué dans la ligue contre Ladiflas & contre Gregoire ; & en reconnoiffance de fes bons offices, il lui donna folemnellement la rofe d'or qu'il benit le quatriéme dimanche de carême. Ce fut encore de cette ville qu'il envoïa à Paris le cardinal de Thuri pour lever des décimes fur l'églife de France, alleguant les dépenfes qu'il étoit obligé de faire pour s'oppofer à fes ennemis; mais ce légat fut mal reçu, l'univerfité lui fut très-contraire, & le roi fit défense aux officiers roïaux de laiffer entrer dans le roïaume des légats avec de pareilles commiffions. Enfin accablé d'infirmitéz il mourut à Boulogne dans de grands fentimens de pieté le troifiéme de Mai de cette année 1410. âgé de pape Alefoixante & onze ans, après avoir tenu le xandre V. tificat dix mois & huit jours, & fut enterré chez les freres mineurs de la même ville. Le vies des faDuchefne, bruit courut que Balthafar Coffa avoit avan- pes tom. t. cé la mort par un clyftere empoifonné, & ce p. 1528.

pon

IV.

Mort da

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