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cheurs archevêque de Ragufe, & Jacques d'Udine protonotaire apoftolique, étoient les AN. 1408. deux autres: mais les cardinaux qui s'étoient oppofez à leur création, ne voulurent jamais les reconnoître, jufqu'à ce qu'ils euffent été confirmez par le concile de Conftance.

donné de fes

Les anciens cardinaux furent très-affligez XCVII. de cette promotion, & tellement indignez 11 eft aban qu'ils réfolurent enfin d'abandonner Gregoire anciens carQuand le pape propofa les nouveaux cardi- dinaux. naux en plein confiftoire, le cardinal de faint Vite fe leva brufquement en prononçant tout haut qu'il valloit mieux fouffrir la mort qu'une telle indignité; & dit ces mots d'un ton fi ferme & d'un air fi résolu, qu'il entraîna prefque tous les autres. Et parce que Gregoire leur avoit défendu de fortir de Lucques, & de s'affembler fans fon ordre; cette défenfe leur fit prendre la résolution de pourvoir à leur sûreté. Le cardinal de Liege Allemand s'enfuit déguisé aux environs de Pife dans une petite ville du terroire de Florence, dont la garnifon le garantit du danger de tomber entre les mains des cavaliers que le pape avoit envoiez après lui pour le ramener par force. Le même jour fix autres cardinaux fortirent encore de Lucques, & vinrent à Pife avec leurs domef tiques.

Il n'étoit refté avec Gregoire que ces qua- XCVIII. tre nouveaux cardinaux, & trois des anciens, Ils font un qui n'étoient demeurez auprès de lui que pour acte d'appel tâcher de le gagner: mais l'aïant trouvé tou- au concile. jours inflexible, ils allerent bien-tôt après Theod. de rejoindre leurs collegues; & tous enfemble Niem. 1. 3. lui firent fignifier-leur appel au concile general, & notifierent leur retraite à toute la chrétienté. Cet appel roule fur la défense qu'il leur avoit faite de fortir de Lucques fans fon

C. 32.

ordre ; ils déclarent que cet ordre eft inte AN. 1408. & par conféquent nul, dans la crainte qu'ils avoient d'être empoifonnez ou tuez. Ils y parlent encore de la défenfe de s'affembler fans fon ordre exprès, qui eft contre le droit du college des cardinaux. Enfin ils appellent de la defenfe de communiquer avec les envoiez de Pierre de Lune, ni avec ceux de France, étant contraire à leur ferment de ne rien omettre de ce qui fera neceffaire ou utile à l'union de l'églife: ce qui ne fe peut faire que par des traitez & conferences avec l'autre parti. A ces caufes ils appellent, 1. Du pape mal informé au pape mieux informé. 2. Du pape à Jefus-Chrift dont il eft le vicaire. 3. Au concile ecumenique, à qui il appartient de juger des fouverains pontifes. 4. Enfin au pape futur qui fera en droit de redreffer ce que fon prédeceffeur aura mal ordonné. Cet acte d'appel fut auffi-tôt publié à Pife, & le lendemain fignifié au pape Gregoire.

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excommu

nie les car

La réponse que Gregoire fit à cet appel, fut Gregoire qu'il étoit heretique & contre les canons. Il répond à explique les raifons qu'il avoit euë de défencet appel & dre aux cardinaux de fortir de Lucques, de s'affembler & de conferer avec les cardinaux dinaux. de Benoît, & les ambassadeurs de France. Il s'étend fort au long fur la nullité des caufes de cet appel, & déclare qu'il n'y déferera point. Enfin il lança contr'eux des excommunications, & les priva de leurs dignitez & de leurs benefices: ce qui toutesfois n'arrêta pas ces cardinaux, qui conjointement avec les officiers de la cour de Gregoire, firent afficher à LucNiem, de ques un écrit contre ce pape, que Thierri de fchifm. 1. 3.Niem nous a confervé, & où le pape eft traité

6. 3г.

non feulement de fchifmatique, d'heretique, de précurfeur de l'antechrift, de fourbe, de

fcelerat, mais encore d'ivrogne, d'infenfe; d'homme de fang qui proftitue fon honneur, AN. 1408; d'efclave de toutes les affections.de la chair, de destructeur du bien public tant au fpirituel qu'au temporel. Ils lui reprochent qu'il s'eft affocié par une déteftable confpiration à l'antipape Benoît, digne cooperateur de fes ou vrages d'iniquité & de violence. Enfin ils lui difent qu'ils dépofent fes adherans, parlant

des

quatre nouveaux cardinaux, & ils traitent fort mal le cardinal de Ragufe, qu'ils appellent un moine démoniaque, fon légat infernal; qui marche toujours les bras nuds contre la difpofition des canons de la difcipline ecclefiafique. C'étoit Jean Dominici.

pu

C.

Bulle de Be

Cependant Benoit n'étoit pas plus favorablement traité en France, où le roi rendit blique la lettre dont on a déja parlé, pour la France. faire une entiere fouftraction d'obedience,

noît contre

p.152.

& prendre la neutralité dans tout fon roïau- Hift univ. me. Benoît extrémement irrité de cette dé- Parif. to.V. claration, y répondit par une bulle dattée de Porto-Venere du dix-neuviéme d'Avril, où il rejettoit la faute de la durée du fchifme fur fon concurrent. Cette bulle en contenoit une autre donnée un an auparavant, qu'il n'avoit pas rendue publique, & dans laquelle il excommunioit tous ceux qui empêcheroient Funion à laquelle il travailloit, & qui s'oppoferoient à fes bons deffeins; foit en appellant de fon tribunal, comme l'univerfité avoit déja fait par précaution; foit en faifant ou favorifant la fouftraction, fût-ce un empereur & un roi; il mettoit tous fes états en interdit, & difpenfoit tous fes fujets du ferment de fidelité, Cette bulle étoit dattée de Marseille le dix-neuviéme de Mai de l'année 1487. Elle fut portée au roi le quatorziéme de Mai en

Supra ni

LXXXIII.

1408. par Sanche de Lopez, qui pour la laï AN. 1408. rendre, épia le moment où il n'y avoit aucun prince du fang roïal auprès de lui. Mais comme elle étoit adreflée non feulement au roi, mais à tous les feigneurs du fang & du confeil; le roi répondit qu'ils étoient abfens, qu'il les manderoit, qu'on ouvriroit la bulle en leur prefence, & que le lendemain on feroit la réponse.

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Pour faire

lecture de

Moine de

Le roi affembla donc fon confeil, où se Le roi af- trouverent Louis d'Anjou roi de Sicile, avec femble fon les ducs de Berri & de Bourgogne, & plufieurs confeil autres feigneurs Le parlement y affifta auffi avec le clergé & l'univerfité de Paris, pour en cette bulle. déliberer. Ön ouvrit la bulle: on y lut que Benoît excommunioit tous ceux de quelque S. Denis 1. Condition qu'ils fuffent, même rois & princes, 28, . 2. & qui rejettoient la voie de conference; qui approuvoient la voie de ceffion; qui feroient d'une opinion contraire à la fiennes qui fe retireroient de fon obéiffance, en lui refufant les levées des décimes, ou la collation des benefices; & en cas que quelqu'un attente au contraire, fi dans vingt jours il ne remet les chofes au premier état, le pape prononce un Inven, des interdit general fur le roiaume de France, Vrfins p. fufpend les beneficiers, & difpenfe du ferment de fidelité fait au roi & aux autres princes. Comme cette bulle étoit très-offenfante, on délibera pendant trois jours fur ce qu'il y avoit Difcours à faire.

193.

CII.

du docteur

contre Be

Le lundi vingt-uniéme de Mai, le roi, les Jean Cour- princes & les autres s'affemblerent de nouveau tecuifle dans la petite chambre du palais, & le recteur noit. de l'univerfité placé fur une chaife élevée au milieu de cette affemblée vis-à-vis le roi, comde S. Denis manda au docteur Jean Courtecuiffe de parler au nom de l'univerfité. Il le fit par un grand

Le Moine

1. 28.

difcours dont le texte fut, Convertetur dolor

ejus mcaput ejus, & dans lequel il déclama AN. 1408% fort contre la conduite deBenoit, montrant que fuven, des fes bulles étoient injuftes, & qu'elles meritoient Urfins hift. d'ètre condamnées & déchirées, puifqu'elles de Charles tendoient à perpetuer le fchifme, à avilir l'au- VI. torité du roi, & à le dépouiller de fa puiffance. Pf. 7.v. 17. Il accufa Pierre de Lune d'avoir dit que quand toute la chrétienté feroit d'avis de la ceffion, il ne changeroit pas de réfolution, & d'avoir menacé la France d'un grand malheur en cas de fouftraction. Il foutint enfuite que le même Pierre de Lune étoit fchifmatique & heretique; qu'il meritoit non feulement d'être dépouillé du pontificat, mais auffi d'être privé de toutes dignitez ecclefiaftiques; qu'on ne devoit plus l'appeller pape, ni lui obéir; que toutes les collations & provifions qu'il avoit faites depuis le troifiéme de Mai de l'année précedente, étoient nulles; & qu'il falloit proceder contre ceux qui le foutenoient & l'affiftoient en France, comme contre des criminels de leze-majesté.

CIII. Délibera

te aflemblée.

Après ce difcours l'affemblée par l'organe du chancelier, prononça que fa majefté approuvoit tout ce que le docteur avoit dit ; & tion de cetil fut conclu que Benoît étoit non-feulement fchifmatique, mais heretique,parce que par fon obftination dans le fchifme il renverfoit l'article de foi touchant l'unité de l'églife; qu'il ne falloit plus lui obéir, ni reconnoître en lui aucune dignité, qu'il n'étoit plus pape, ni même cardinal: que ceux qui lui adhereroient fe

roient

punis comme fauteurs du fchifme; que toutes les collations des benefices faites par lui depuis le troifiéme Mai feroient nulles; que la bulle devoit être déchirée publiquement par le recteur de l'univerfité, comme injurieufe, féditieufe & criminelle de leze-majefté; que

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