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prefque generalement déclaré intrus; la Caftille, l'Arragon, la Navarre, l'Ecoffe, la Savoic, la Lorraine aïant fuivi l'exemple de la France.

VII. Clement VII. fe re

Cependant les deux papes ne gardoient entre eux aucunes mefures; ils lançoient réciproquement mille foudres d'excommunication, au grand fcandale de toute la chrétienté: delà ils en vinrent à des armes plus efficaces, & qui eurent des fuites plus funeftes. Clement s'étoit retiré de Fondi dans le château de Spelongue proche de Gaïette, d'où il alla tire à Avià Naples avec les cardinaux ; mais comme il y gnon. fut mal reçu, il s'en alla à Avignon, où il ar- Cia on in riva dans le mois de Juin de l'an 1379. Son dé- clem. VII. part acheva de ruiner fon parti en Italie; le château faint Ange fe rendit à Urbain qui fit faire le procès à la reine Jeanne de Naples, au comte de Fondi, aux Urfins, & à tous ceux qui favorifoient Clement VII. Celui-ci de fon côté proceda contre ceux qui adheroient à Urbain, ce qui mettoit l'églife dans une confufion terrible.

Urbain pour faire executer le jugement qu'il avoit rendu contre la reine de Naples, donna le roïaume à Charles de Duras, parent de cette reine, & l'appella de Hongrie; d'où étant arrivé, le pape le couronna roi de Sicile, après Favoir engagé à ceder les duchez de Capoue & de Melphe, & d'autres comtez à François de Pregnano furnommé Batillo neveu d'Urbain. La reine Jeanne pour s'opposer aux entreprifes de ce pape, fit don de fes états à Louis d'Anjou, l'exhortant de venir promptement à fon fecours. Sur ces entrefaites Charles de Duras fe rendit maître de Naples, furprit Othon mari de Jeanne, par trahison, & le fit prifonnier: & enfuite aiant pris le château

VIII.

neuf où la reine s'étoit retirée avec fa foeur Ma rie, il la fit prifonniere de guerre, & quelquetemps après la fit étrangler.

Clement VII. de fon côté follicitoit fans Guerre en- ceffe le duc d'Anjou de paffer en Italic. Ce tre Louis duc étoit regent du roiaume de France fous la duc d'An-minorité de Charles VI. fucceffeur de Charjou & , Charles de les V. dit le Sage, mort le feiziéme de SepDuras. tembre 1380. Il partit de France avec une arLe Laboureur mée confidérable l'an 1382. pour aller conhiftoire de querir le roiaume de Sicile; il traverfa la LomCharles VI. bardie; & au lieu d'aller droit en Italie où il 1.2. c. 8. auroit pu fe rendre maître de la perfonne d'Urbain, & délivrer Jeanne fa bienfai&trice, queCharles de Duras tenoit prifonniere, auffi bien que le duc Othon fon époux : il alla droit dans l'Abruzze, où il fut proclamé roi de Naples, de Sicile, de Jerufalem & comte de Provence. Charles qui étoit dans Naples faifoit fortifier les places qui lui reftoient, & trainoit la guerre en longueur afin de faire périr les troupes du duc d'Anjou. Ce deffein lui réuffit; P'armée du duc fut tellement affoiblie par la difette, & par la mortalité, qu'elle ne pût rien entreprendre. L'argent lui manqua, & enfin il mourut lui-même à Bari le vingt-uniéme de Septembre 1384. foit de douleur de voir un fi malheureux fuccès de fon entreprise, foit de la maladie contagieufe dont il fut frappé, foit même, comme quelques-uns l'ont écrit, pour avoir bû de l'eau d'une fontaine empoisonnée par les ennemis.

N'em da

L'année précedente le pape Urbain étoit alfchifm lib. lé dans le roiaume de Naples, inquiet de ce 28. 29. que Charles depuis près de deux ans qu'il étoit en poffeffion de ce roïaume, n'avoit point fongé à executer fa promeffe touchant les principantez qu'il devoit donner à Pregnano

fon neveu, & craignant qu'il ne s'accommo-
dât avec le duc d'Anjou. Il s'avança jufqu'à
Ferento petite ville de l'état de l'églite, d'où
il manda aux cardinaux de le venir trouver;
& fur le refus qu'ils en firent, il dreffa de grands
procès verbaux contre eux, & menaça de les
dépofer. Il ne laila pas de pourfuivre la rou-
te; & vers le mois d'Octobre il vint à Averfe
entre Naples & Capouë. Charles vint au-de-
vant de lui, le falua humblement, & tint la
bride de fon cheval, en marchant devant lui.
comme fon écuyer, & l'accompagnant jufqu'à
l'évêché où il logea. Mais ces foumiflions de
Charles de Duras, étoient plûtôt pour s'afiu-
rer de la perfonne du pape, que pour lui faire
honneur.

IX.

Le pape Urbain eft

En effet, à peine Urbain fut-il entré dans la ville, que Charles en fit fermer toutes les portes, & fur le foir il l'envoia inviter de ve- arrêté par nir au château. Urbain le refusa, & malgré ce Charles de refus on ne laiffa pas de l'y mener, quelque Duras. réfiftance qu'il pût faire, & quoiqu'il excommuniât hautement par les chemins ceux qui le conduifoient. Il y fut cinq jours, fans que ceux du dehors puffent rien apprendre de ce qui s'y paffoit, & il y a apparence que Charles l'obligea de renoncer à ces conditions onéreufes dont on l'avoit chargé en recevant l'inveftiture. Mais loin de lui rendre la liberté, il le fit conduire d'Averfe à Naples où il le reçut fur un trône fort élevé devant la porte de la ville, revêtu de fes habits roïaux, la couronne en tête, tenant le fceptre d'une main, & de l'autre la pomme d'or, fans fe lever, jufqu'à ce qu'Urbain fut au pied du trône. Alors il defcendit, iui baifa les pieds, le conduifit lui-même dans la ville, où pourtant il ne vou lut pas qu'on lui fit une entrée folemnelle: &

au lieu de l'archevêché où le pape vouloit lo ger, il le fit entrer dans le Château-neuf, où on lui permit de donner fes audiences, quoiqu'il fût retenu fous bonne garde jufqu'à ce que par l'entremise des cardinaux, quinze ou feize jours après, la paix fe fit entre eux, à condition que le pape ne se mêleroit plus du gouvernement du roïaume, & que le roi fchifm. cap. Charles feroit le neveu d'Urbain prince de Capouë.

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Nicm. de

Mais cette principauté ne dura gueres dans la maifon d'Urbain; fon neveu qui étoit un homme non-feulement fans aucun mérite mais auffi fort débauché, viola une religieufe de fainte Claire dans le monaftere de faint Sauveur. Cette action honteufe brouilla de nouveau Charles & le pape qui prit avec beaucoup de hauteur le parti de fon impudique neveu. Ce pontife, contre les conventions, fou tenoit qu'il étoit fouverain dans le roiaume de Naples, & que pendant qu'il y étoit prefent, il n'étoit pas permis à Charles de condamner à mort les grands du roïaume. Cependant l'afbid. e. 40. faire s'accommoda. Le roi de Naples pardon

na au neveu fon incefte, & lui donna même la ville de Nocera, autrement Nucera delli Pagani dans le roiaume de Naples, avec foixante & dix mille florins. Ce fut-là où le pape fe retira avec une partie de fa cour, réfolu d'y paffer l'hiver, en attendant l'occafion de fe venger de l'injure que Charles lui avoit faite, & de le dépouiller de fon roïaume, comptant fur les intelligences qu'il avoit avec les Napolitains. Auffi les brouilleries recommencerent bien-tôt après.

Charles étant de retour à Naples, fans nul ménagement pour Urbain, le fit prier de venir inceffamment l'y trouver pour lui communi

quer quelque affaire importante. Le pape irrité Spond ann de ce procedé, répondit que c'étoit aux rois & 1384. c. 4% aux princes chrétiens à venir aux pieds du pape, & non pas aux papes à les prévenir, & que s'il vouloit avoir fon amitié, il devoit abolir les impôts qu'il avoit mis fur un roïaume feudataire de l'églife. Il n'en fallut pas davantage à Charles pour faire éclater le deffein qu'il avoit formé de perdre Urbain. On sema dans le public certaines questions, où, entre autres, on demandoit s'il n'étoit pas permis de donner des curateurs à un pape ou trop négligent ou trop opiniâtre, & qui fans le confeil des cardinaux voudroit tout faire à fa tête au préjudice de l'églife; & même de le punir, de le dépofer, & d'en élire un autre. Le cardinal de Rieti Niem. . nommé Pierre Tartaro abbé du Mont-Caffin. 42 & chancelier du roi de Naples, rendit ces queftions publiques, elles étoit au nombre de douze. Le cardinal foutenoit l'affirmative, & les raifons qu'il en apportoit pouvoient faire quelque impreffion fur les efprits. Il engagea auffi plufieurs docteurs celebres en théologie & en droit, à agiter de pareilles queftions, & à les réfoudre conformément au parti qu'il avoit pris.

X.

Urbain fair

arrêter fix

Urbain aïant eu avis de cette conjuration par le cardinal de Manupello de la famille des Urfins, affembla fon confiftoire pour y repre- cardinaux fenter le danger où il fe trouvoit expofé; & au qu'il traite fortir delà, il fit arrêter fix d'entre les cardi- cruellenaux qu'il foupçonnoit d'y avoir eu plus de ment. part, parce qu'ils étoient les plus fçavans. Ils Niem. l. x. furent mis dans des cachots, chargez de chaînes, & appliquez plufieurs fois à la queftion. Le premier nommé Gentil de Sangre, fut amené devant lui les fers aux pieds & aux mains, dans le lieu du château où fe devoit

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