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gée, en donnant plus d'étenduë à l'efprit, le rend auffi moins profond. En 1672. il fut choifi pour être précepteur des princes de Conti, que le roi faifoit élever auprès de monfeigneur le dauphin fon fils. La fidelité avec laquelle il remplit fes devoirs, lui procura un autre éleve. En 1680. on lui confia la conduite du prince de Vermandois amiral de France, après la mort duquel le roi le nomma en 1684. à l'abbaie de Loc-Dieu, ordre de Cîteaux, diocéfe de Rhodez; & cinq ans après, c'està-dire, en 1689. Louis XIV. jetta les yeux fur lui pour le faire fous-précepteur des ducs de Bourgogne, d'Anjou, aujourd'hui roi d'Efpagne, & de Berry fes petits-fils. Enfin, l'académie Françoife le choifit auffi en 1696. pour être un de fes membres; un choix fi jufte étoit dû au merite de M. l'abbé Fleury, & faifoit honneur à l'academie.

Les études des trois princes étant finies, l'an 1706. le roi lui donna le prieuré d'Argenteuil ordre de faint Benoît diocéfe de Paris. M. Fleury exact obfervateur des canons, dont il avoit fait une étude particuliere, donna alors un rare exemple de defintereffement, en remettant à fa majefté l'abbaie de Loc-Dieu. Dès-lors déli

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vré des embarras de la cour, où il n'avoit laiffé de vivre comme dans une parfaite folitude, ne fe mêlant que des devoirs de fon emploi, & donnant tout le refte de fon temps au travail, il ne pensa plus qu'à emploier fes talens & fon repos au fervice de l'églife. Dès l'année 1674. il avoit fait imprimer fans y mettre fon nom, une Hiftoire du droit François, qu'on a depuis mife à la tête de l'Inftitution au Droit François, compofée par feu M. Argoud avocat en Parlement. L'an 1681. il compofa le traité des Maurs des Ifraëlites, qui eft comme une introduction à la lecture de l'ancien teftament; & il fit fuivre de près celui des Mours des Chrétiens, qui donne une grande idée de la vie fainte des premiers difciples de Jefus-Chrift, & de ceux qui ont vêcu après eux dans les premiers ficcles. Son Catechisme Hiftorique avoit déja paru en 1679. pour donner une idée de l'hiftoire de la Religion depuis la création jufqu'à Jefus - Chrift, & depuis Jefus-Chrift jufqu'à nous. Cet ouvrage fut depuis traduit en plufieurs langues. La Vie de la Mere d' Arbouze, reformatrice du Val-de-Grace,parut en 1684. & en 1686. le Traité du Choix de la Methode des Etudes, que M. Dupin regarde comme la

clefs de tous les ouvrages de M. Fleury. Après y avoir fait l'hiftoire des études de toutes les fciences, depuis le commencement de l'églife jufqu'à prefent, il y donne des confeils fur la methode d'étudier, par rapport aux differentes perfonnes. L'année fuivante il publia l'Inftitution an Droit Ecclefiastique, qui eft un abregé de la pratique du Droit Canonique, & de la maniere qu'elle eft en ufage. Et dans l'année 1688. il donna les Devoirs des Maîtres & des Dumestiques, où les uns & les autres peuvent profiter des avis generaux qui y font folidement établis.

Enfin, il entreprit un corps d'Hiftoire Ecclefiaftique, dont on a vingt volumes, le premier ayant paru en 1690. & le dernier fur la fin de 1719. Il s'eft propofé dans cet ouvrage de rapporter les faits certains qui peuvent fervir à établir ou à éclaircir la doctrine de l'églife, fa difcipline & fes mœurs. Il omet les faits peu importans, qui n'ont point de liaison entr'eux, ni de rapport au but principal de l'hiftoire : il n'admet que le témoignage des auteurs contemporains, & encore faut-il qu'il foit perfuadé de leur bonne foi. Il n'a femé dans fon hiftoire que quelques reflexions trèscourtes; mais bien fenfées & bien judi

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cieuses. Il en a retranché les differtations les difcuffions & les notes de critiques. Il ne s'y attache point fcrupuleufement aux queftions de chronologie; il y fait des extraits exacts des ouvrages des peres touchant la doctrine, la difcipline & les mœurs. Il donne les actes des martyrs qu'il a cru les plus veritables. Il marque la fuite des empereurs, & les évenemens particuliers qui ont une connexion neceffaire avec l'hiftoire de la religion. Il expose dans le discours qui eft à la tête du premier volume, les regles qu'il s'eft prefcrites & qu'il a fuivies exactement. On trouve plufieurs autres difcours au commencement de quelques volumes, qui montrent également le bon goût, l'érudition & le jugement de l'auteur. On voit dans celui qui est au huitiéme tome, l'établiffement divin du chriftianifme, & le gouvernement de l'églife: au treiziéme, l'inondation des Barbares, & la décadence des études : au feiziéme, le changement dans la difcipline & dans la penitence, les tranflations, érections, appellations, &c. au dix - feptiéme, les univerfitez & les études : au dix-huitiéme, les croifades & les indulgences: au dix-neuvième, la jurifdiction effentielle à l'église, où il parle de l'inquifition: au vingtième enfin,

qui finit en 1414. l'origine, l'état & le relâchement des ordres religieux. Voilà tout ce que nous avons de cette hiftoire. Il se préparoit à en donner la fuite lorsqu'il mourut le quatorze de Juillet 1722. dans fa quatre-vingt-deuxième année, après

avoir été nommé confeffeur du roi Louis XV.en 1716. & s'être démis de cet important emploi dans le mois de Mars de l'année 1722. à cause defon grand âge.

Comme le public fouhaitoit avec beautcoup d'empreffement la continuation de l'hiftoire de ce fçavant abbé, j'ai olé l'entreprendre, quoique je fente beaucoup mieux que je ne puis l'exprimer, combien je fuis éloigné de cette nobleffe d'expreffions, de ce ftile aifé qui fans être affecté n'eft cependant que de cet auteur, de ces tranfitions heureuses, de ces traits vifs, de ces reflexions, courtes à la verité, mais pleines de fens; répanduës dans les vingt volumes de fon hiftoire. Enfin, j'avoue que je n'ai aucun de ces talens. Mais s'il m'eft permis de dire ici quelque chofe pour ma juftification, j'ole aflurer que mon deffein n'avoit jamais été de m'ériger en continuateur de l'ouvrage de M. l'abbé Fleury, & que ce que je commence à donner ar public, n'eft que le fruit de quelques éty

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