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Sarepta & la ville de Tyr. Il fépare les terres de Seyde d'avec celles de Tyr. C'est ce qui lui donne aujourd'hui le nom de Kafemith, qui fignifie partage.

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Les différens détours de ce Fleuve, qui coule au pied des montagnes, le rendent très - rapide; la pêche de Tortuës qui y eft très abondante dans certains tems de l'année, lui donne une grande confidération dans le Païs. Mais ce qui rend ce Fleuve plus célébre, c'eft l'honorable mention qu'en fait le premier Livre des Machabées, où il eft dit que l'illuftre fonathas Frére de fuda Machabée, accompagna par honneur le Roy Ptoloméc jufqu'au bord du Fleuve Eleuthere. Et le même Livre nous apprend que ce fut jufqu'au bord

* C. 11. 12.

de ce Fleuve, que ce grand Capitaine poursuivit les Généraux de Demetrius, qui trouverent dans leur fuite précipitée, le moyen de gagner le Fleuve & de le traverfer.

A trois ou quatre lieuës de ce Fleuve, & à neuf ou dix de Seyde, & fur la même Côte, nous nous trouvâmes vis-à-vis de Tør ville, qui étoit autrefois dit Exechiel, fi fuperbe, que fes Citoyens fe croyoient nés pour donner la Loi au refte du Monde; fi opu lente, que l'or & l'argent y ćtoient auffi communs que la pouffiére de la terre; fi magnifique dans fes Edifices, que toutes fes maifons étoient autant de Palais; fi redoutable par fa garde compofée des plus vaillans foldats de la Perfe, de la Libie & de la Lidie, qu'elle paffoit chez les Etrangers pour être invincible.

J'avoue

J'avoue que je ne m'attendois pas à trouver aujourd'hui la Ville de Tyr auffi magnifique, que le Prophéte nous la repréfente; mais j'efpérois du moins pouvoir y découvrir quelques reftes de de fon ancienne fplendeur, que le tems auroit respecté.

Je fus trompé dans mon efpérance, je vis au contraire la deftruction totale, & pour parler plus jufte, je vis l'anéantiflement de cette Ville tel que le Prophéte Ezechiel * l'avoit Prophétifé longtems auparavant.

J'y vis quelques tas de pierres difperfées çà & là, couverts d'herbes & de fable, & fept ou huit miférables cabannes, qui fervent de retraite à de pauvres Arabes dénués des chofes les plus neceffaires à la vic.

* Exec. c. 28.

Tom. V.

B

J'y cherchai, mais inutilement, des veftiges du tombeau d'Origéne, qui fubfiftoit encore, diton, dans l'onziéme Siécle: c'est ainfi que Dieu voulut punir le mauvais usage, que fit autrefois cette orgueilleufe Ville de fa grande prospérité, & apprendre en même tems à tous les hommes, combien une profpérité brillante & conftante eft dangereufe.

Quelques Auteurs font l'honneur à cette Ville, de dire que fes Citoyens trouvérent l'art d'écrire, de teindre en pourpre, & de naviger. Les Hébreux ne conviendront pas du premier; mais pour ce qui eft de la teinture en pourpre & de la navigation, s'ils ne l'ont point inventée, on doit leur accorder l'honneur d'avoir été les premiers qui ayent exercé & perfectionné ces deux arts, & fur tout la navigation, qui

contribua fi fort au grand commerce qui enrichit leur Ville : fa fituation y étoit très propre, car elle étoit, dit Ezechiel, dans le cœur de la Mer, c'eft à dire, qu'elle en étoit environnée & éloignée du Continent d'environ deux cens pas.

Alexandre comme l'on fçait, fit de cette Ifle une Péninfule, l'ayant fait joindre à une Terreferme par le moyen d'une digue qu'il fit conftruire pour s'en faciliter la prife.

A une lieue de Tyr, on voit un des plus beaux & des plus anciens monumens, qui nous foit refté de l'Antiquité. C'eft un vafte Puits, qui tire toutes fes eaux & en grande quantité du Mont Liban. On le nomme le Puits de Salomon ; non pas qu'il foit fûr que ce Prince l'ait fait conftruire; mais parce qu'il en

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