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lui donne ce nom parce, que fes branches font épineuses, & fes

feuilles raboteuses.

Nous fimes quelques provifions de ces différentes Plantes, pour les porter au Caire. Chemin faifant nous apperçûmes un Lézard nommé Ouaral, nos Chameliers le coururent ; mais il gagna bientôt fon trou.

Cet Animal reflemble au Crocodile, à l'exception qu'il eft plus petit, n'excedant pas la longueur de trois à quatre pieds, & qu'il ne vit que fur la terre. Comme il est fort friand du lait de Chevres & de Brebis, il fe fert d'un expédient pour les traire. Il entortille fortement avec fa longue queüe une des jambes de la Chevre, ou de la Brebis, & la fuçe tout à fon aife.

Ayant traversé le Mont Keleil,

nous entrâmes dans la Plaine de Baquara. Nous y passâmes la nuit, & le lendemain au foir nous entrâmes à Baïad. De Baïad, nous allâmes à Benifonet, qui eft au de-là du Nil. Nous le pafsâmes en bateau, car fur le Nil foit en Egypte, foit dans la Nubie & dans le Fongi, il ne faut chercher aucun Pont. On en a feulement conftruit quelquesuns fur de petits bras du Nil, qui fe rempliffent d'eau au temps. des innondations.

Nous trouvâmes à Benifoner l'Evêque de Bhéneffé nommé Amba Ibrahim. Il nous reçût avec amitié, quoique Copte, c'eft à dire, prévenu contre les Francs 2. & entêté de fes opinions fuperfticieufes & fchifmatiques.

Après un jour de repos nous nous embarquâmes fur le Nil pour nous rendre au Caire. Nous

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y arrivâmes heureufement- La premiére chofe que nous fimes à nôtre retour, fut d'aller offrir à Dieu nos actions de graces de toutes celles que nous en avions reçûës pendant tout nôtre .voyage dans le Défert.

Arrivant en cette Ville, nous apprîmes de Monfieur nôtre Conful, & de nos François, que Monfieur le Comte de Morville venoit d'être chargé du Miniftére de la Marine,

Vous ne pouvez douter, Mom R. Pére, de ma joye particuliére, & de celle de nos Miffionnaires, qui efpérent trouver dans fa Perfonne toute la protection que S. A. S. Monfeigneur le Comte de Toulouse a toûjours bien voulu donner à nos fonctions Evangeliques.

Après avoir pris toute la part que nous devons prendre à la.

place que Monfieur le Comte de Morville occupe préfentement, joüiffez auffi, Mon R. Pére, de la fatisfaction de fçavoir de nous, ce que nous apprenonsici de nos François & des Etrangers, qui ont eû l'honneur de le voir à la Haye où il étoit Ambaffadeur.

Ils nous difent, qu'ils entendoient continuellement louer fon habileté dans le maniement des affaires, fa droiture dans fes négociations, fa politeffe, fa douceur, fa modeftie dans toutes fes maniéres, fon efprit cultivé par les belles lettres, joint à un gouft merveilleux pour bien juger de tous les ouvrages de l'art qualitez qui lui ont gagné, l'éftime & la confiance des Miniftres des Cours Etrangéres, & celle de leurs Maîtres. C'eft fon amour pour les

belles chofes, qui me fait efpérer, qu'il verra avec plaifir tout ce que l'Egypte à confervé de fes anciens & fuperbes Monumens. J'ay commencé par ordre du Roy d'en faire la recherche. Mon premier foin a éré de dreffer la Carte de l'Ancienne Egypte. Je vous l'ay envoyée, & vous m'avez fait: l'honneur de me mander qu'elle avoit été présentée à Sa Majefté par Monfeigneur le Garde

des Sceaux:

Dans les heures que nos emplois de Miffionnaires nous laiffent libres, je m'occupe à dref fer un Plan de l'Ouvrage que je médite. Lorfqu'il fera dans l'état où il doit être, je vous l'envoyeray, & vous aurez la bonté de me faire fçavoir si l'intention du Roy cft que j'éxécute tout ce que je promets dans

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