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librement en cette Ville. Les Péres de Terre-Sainte fe chargérent de folliciter la nôtre, & de nous l'envoyer.

A un quart de lieue de cette Ville, on voit une magnifique Citerne bien voutée, & foutenuë de vingt-quatre arcades, qui avoient été autrefois ornées de peintures; mais le temps les a prefque toutes effacées. Ceux qui vous la font voir, difent que c'est un ouvrage de Sainte Héléne.

De Rama on vient à Lydde, qui a porté le nom de Diofpolis. Je n'en ay rien à dire de remarquable. Depuis Lydde jufqu'à Jérufalem, il faut néceffaiBement marcher par des chemins très-rudes, monter & defcendre continuellement, & à travers de gros rochers: mais la joye d'entrer bientôt dans la Sainte Cité, foulage infiniment le Pé

lerin. On nous fit remarquer en paffant un Village d'où, dit-on, le bon Larron étoit natif. Les Arabes l'appellent encore aujourd'hui Latroum. On y voit le refte d'une Eglife dédiée à ce Saint Pénitent, qui fut prédeftiné fur la Croix. Les Chrêtiens du Païs prétendent qu'il s'appeloit Dimas, le Cardinal Baronius lui donne le même nom.

Du Village dont nous venons de parler, nous vinimes à un autre, où il y a une Eglife dédiée à Saint Jérémie, & qui en porte le nom. Nous defcendîmes enfuite peu à peu les Montagnes de Judée, & nous nous trouvâmes dans la vallée de Thérébynthe, qui eft à une licüe de Jérusalem. Pour y arriver, nous fallut remonter des Montagnes, qui nous cachoient la veüe de la Sainte Ville. Comme

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elle eft fituée fur le penchant de la coline opposée, on ne la peut voir que lors qu'on eft preft d'y entrer. Enfin après avoir continuellement monté & defcendu par des chemins très-fatiguans Ierufalem parut à nos yeux. Vouloir exprimer les fentimens, dont le cœur eft pénétré à la veue de cette Sainte Ville, c'est ce qui n'eft pas poffible de faire. Du plus loin que nous apperçûmes fes murs, nous adorâ mes les précieux Monumens, qu'ils renferment. Ce fut la veil te du Dimanche des Rameaux, que nous cûmes le bonheur d'y entrer. A nôtre arrivée nous allâmes rendre nos devoirs aux R.R. P. P. Religieux de St. Fran çois, nommés communément les Péres de Terre-Sainte. Ces Péres representent à Iérusalem l'Eglife Latine. Ils me reçûrent avec

toute l'amitié que je pouvois défirer. Comme ils fçavoient le motif de mon voyage, ils m'avertirent que l'on venoit d'ouvrir l'Eglife du Saint Sépulchre, & qu'il falloit en profiter. J'ou

bliai dans ce moment toutes mes fatigues paffées, & fans perdre de temps, je fuivis les Péres qui voulurent m'y conduire.

L'Eglife du Saint Sépulchre, la plus refpectable qui foit au monde, renferme trois Eglifes. Celle du Calvaire eft la premiere, celle du Saint Sépulchre eft la feconde, & celle de l'Invention de la Sainte Croix eft la troifiéme. La plus magnifique des trois eft celle du Saint Sépulchre, qu'on appelle l'Eglife de la Réfurretion. Son enceinte eft ovale, fa forme intérieure eft celle d'une Croix. L'Eglife du Calvaire eft à l'entrée de la porte du St.

Sépulchre, celle de l'Invention de la Croix eft à fa droite. Au devant de la grande Eglife du Saint Sépulchre, qui renferme les deux autres, il y a une grande Cour pavée de pierres qui

imitent le marbre. Au bout de l'Eglife il y a une Tour, qui fervoit autrefois de clocher. Elle eft à trois étages, & ornée de belles colomnes d'un marbre blanc.

Les Turcs ont voulu s'en fervir, pour annoncer la prière avec leurs cris ordinaires; mais le Ciel a toûjours puni fi févérement ceux qui l'ont entrepris, qu'aucun d'eux aujourd'hui n'ole s'en approcher.

Il nous en coûta feize Piaftres à chacun de nous, pour entrer dans l'Eglife du Saint Sépulchre. Cette fomme une fois payée, on vous laiffe entrer & fortir librement.

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