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LETTRE

DU

PERE NERET,

MISSIONNAIRE DE LA Compagnie de JESUS en Syrie.

Au Pere FLEURIAU de la même Compagnie.

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nôtre Compagnie dans la Syrie, ont toûjours cû pour moi de très-grands attraits. Je les fentis dès mon Noviciat, lifant les Relations qui nous apprennent les travaux de nos Miffionnaires dans ces vaftes Provinces d'un Royaume infidele.

Les fruits de leur Apoftolat, & la confolation qu'ils ont de marcher fur les veftiges de JESUS-CHRIST, m'avoient toûjours fait defirer avec ardeur de fuivre leurs pas, fur tout dans la Terre-Sainte, où Notre Sauveur & fes Apôtres ont été les premiers Miffionnaires.

Dieu m'a fait la grace de conferver cette chére & précieufe vocation pendant mes années de régence, & mes études en Theologie. Je la fentis beaucoup plus vive dans ma troifiéme année de probation, je m'adressai dès lors

à notre R. P. General, & je lui demandai la permiffion d'aller confacrer ma vie au falut des Nations, qui habitent la Palestine & les autres Contrées de la Syrie tant de fois arrofées des fueurs du Sauveur.

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Je n'ai point oublié, Mon R. P. les bons offices que vous me rendites dans cette occafion four obtenir la grace que je fouhaitois inftamment, & il n'y a point de jour qu'à l'Autel je ne me fouvienne de mon Bienfaiteur.

Une nouvelle grace que j'avois fort à cœur en venant dans ce païs-ci, & qui m'a été accordée à votre prière, augmente encore l'obligation que je vous ay.

Ma vocation pour la Syrie avoit fait naître dans mon cœur le même defir, qu'eut S. Ignace après fa converfion, d'aller vifiAz

ter les Saints Lieux. Je quittai la France avec joye & je traverfai la Méditerranée, dans l'efperance de pouvoir bientôt offrir à Dicu mes vœux dans le Temple de Jérufalem, & au pied du Saint Sépulchre de Notre Sauveur.

Mes voeux, Mon R. Pere, ont été exaucés. J'ai vifité la Sainte Cité, où le grand Myftére de notre Rédemption s'eft accompli, & où on découvre à chaque pas que l'on fait, de nouveaux objets, qui font autant de témoins bien tonchans de l'amour infini de Dieu pour le falut des hommes. Heureux fi tant de faints monumens, que j'ay confideré les uns après les autres, & dont je me rappelle fouvent le fouvenir, confervent dans mon cœur l'efprit de pieté & de religion qu'ils inspirent !

C'est pour acquiter ma parole,

que je vous préfente la Rélation de mon Voïage. Recevez-là, s'il vous plaift, Mon R. Pere, comme une marque de ma reconnoiffance; mais avant que de la commencer, je dois vous avertir, que fa fimplicité ne pourra être relevée, que par la dignité & la fainteté des Lieux dont j'ai à vous parler.

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Ge fut au Port de Seyde, ville maritime de Phénicie, que nous nous embarquâmes pour la Terre-Sainte; cette Ville s'appeloit autrefois Sydon, vous fçavez que nous y avons une Miffion anciennement établie.

Nous ne fortîmes de ce Port, qu'après avoir fait plufieurs tentatives pour le quitter. Les vents contraires nous forçoient d'y rentrer auffi fouvent que nous en fortions. Dieu voulut m'apprendre dans cette occasion à foumet

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