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tre à fa volonté l'impatience où j'étois d'arriver à Jérusalem, pour affifter pendant la Semaine Sainte à la célébration de nos auguftes Myfteres.

Enfin, le 7. d'Avril 1713. qui étoit le Lundi de la Semaine de la Paffion, nous mîmes à la voile par un tems très-favorable, & avec une compagnie de Pélerins telle que je la pouvois defirer. Le retardement de mon départ ne fervit qu'à augmenter la joye que j'eus de me voir en route, pour arriver à mon terme.

Etant fortis du Port de Seyde, nous paffàmes la côte de cette Ville, celle de Sarepta, celle de Tyr & du Cap blanc. Sarepta, qui étoit autrefois une grande Ville & un Port de Mer, n'eft plus qu'un champ labouré & traversé par le grand chemin qui méne à Tyr'; les reftes d'un pavé mal en

ordre, & les ruines de quelques maifons, que le temps n'a pas encore achevé de détruire, annoncent une Ville, qui a été confidérable, & qui n'eft plus.

On prétend que cette Ville faifoit autrefois un grand commerce de fer & de cuivre, ce qui lui a donné le nom de Sarepta qu'elle porte. Ce nom eft dérivé de deux mots, dont l'un fignifie fer, & l'autre cuivre. On n'y trouve préfentement aucun de ces métaux. Cette Ville eft appelée dans le 3. Livre des Rois Sarepta des Sydoniens, parce qu'elle étoit de la dépendance de la Ville de Seyde

A quelques pas de l'ancienne Sarepta, on rencontre fur le bord de la Mer une petite Mofquée. Les Turcs & les Chrêtiens du Païs prétendent que cette Mof

*Sarepta Sidoniorum. 3. Reg. c. 17.

quée fut le lieu où le Saint Prophéte Elie opéra les deux infignes miracles, qui nous font rapportés dans le 3. Livre des Rois

€. 17.

Le premier fut la multiplication de quelques goutes d'huile & d'une petite poignée de farine. Dieu l'accorda aux prieres du Saint Prophéte, pour récompenfer la foi & la charité de cette bonne Veuve, qui dans le tems d'une longue ftérilité, n'ayant pour fa fubfiftance & celle de fon Fils, que ce peu d'huile & de farine, offrit l'un & l'autre au Prophétę, dans fon extrême befoin.

Le fecond miracle fut la refurrection du Fils de cette Veuve. Le Prophéte venant loger chez elle, trouva l'Enfant mort & la Mere defoléc. Elie touché de compassion, le prêt des mains

de fa Mére, le porta dans fa chambre, pria pour l'Enfant & le rendit vivant à fa Mére.

Saint Jérôme faifant l'Epitaphe de Sainte Paule, dit que

cette vertueufe Dame allant vifiter les Saints Lieux fe fit conduire dans la petite maifon de. cette bonne Veuve, qui étoit près du Port de Sarepta, & qui avoit fervi d'hofpice à ce Saint Prophéte.

La tradition des Hébreux est que cet Enfant réffufcité fut le Prophéte Jonas. En ce cas il devoit être bien vieux, lorsqu'il prêcha la Pénitence à la ville de Ninive.

A trois quarts de lieuës de Sarepta, il y a une affez longue chaîne de rochers, dans lefquels on a creusé des enfoncemens en forme de Croix, qui ont cinq ou fix pieds de profondeur, & dont

l'entrée n'eft que d'un peu plus de deux pieds en quarré. II eft affez difficile de dire à quel ufage ils ont été faits. Les Gens du Païs prétendent que c'est l'ouvrage d'anciens Solitaires, qui s'y retiroient, & qui s'étoient faits ces fépulchres pour penser jour & nuit à la mort. Je ferois plûtoft de l'avis de ceux, qui croyent que ces enfoncemens étoient des fépulchres deftinés à la Sépulture des perfonnes les plus confidérables de Sarepta. Quoi qu'il en foit, on apelle ces Cellules, ou Sépulchres, les Grottes d'Adnorn.

Depuis ces Grottes jufqu'au Fleuve Eleuthére, on ne voit rien qui mérite attention. Ce Fleurve, dit-on, tire fa fource du Mont Liban, traverse l'Iturée & la Galilée pour venir fe jetter dans la Mer de Phenicie, entre

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