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pour la Cavalerie; qu'ils attendoient

à préfent que la moiffon fut faite, AN. 16.44. fous prétexte de ne pas ruiner les Provinces, & que Torftenfon trouvoit tous les jours de nouvelles raifons pour demeurer dans le Jutland. A tout cela Salvius infiftant toûjours fur ce qu'il avoit déja dit, répondit que fi la France refufoit de payer le fubfide, on croiroit en Suede l'alliance rompue, & que cette opinion donneroit lieu à de fâcheufes réfolutions. Que quelque fond que l'Empereur pût faire fur la guerre de Dannemarck, il recevroit toûjours les Suedois à bras ouverts, lorfqu'ils voudroient faire avec lui un Traité particulier. Qu'il valoit mieux pour l'intérêt même de la France aider les Suedois à terminer promptement la guerre de Dannemarck, afin qu'ils fullent plutôt en état de rentrer en Allemagne, & d'obliger l'Empereur à accorder aux deux Couronnes & à leurs Alliés une paix honorable & avantageufe. Cependant voyant la fermeté des François, & n'efpérant pas les amener au point qu'il défiroit, il propofa le premier

un tempérament, qui étoit d'em

AN, 1644 ployer une partie du premier terme

XLI. Succes de la

qui étoit déja échû, à l'entretien
des garnifons de Pomeranie, puif-
que ces troupes fervoient effective-
ment en Allemagne, & l'autre par-
tie à payer au Prince Ragotski la
fomme que les deux Couronnes lui
avoient promile, comme j'ai racon-
té à la fin de l'Hiftoire précedente.
Cet expédient agrécit aux Plénipo-
tentiaires François, & c'étoit où ils
avcient eux-mêmes prétendu ame-
ner Salvius; mais comme il deman-
doit le fecond terme tout entier pour
l'Armée de Torftenfon, ce que la
Cour de France ne vouloit pas, ils
diffimulerent leurs fentimens fur l'un
& fur l'autre point, de forte qu'on
fe fépara fans rien conclure.

Salvius étoit trop habile pour ne conference. pas fe prévaloir du befoin que la

France avoit de l'alliance de la Sue-
de, s'il y avoit eu licu de le faire.
Mais la guerre de Dannemarck ren-
doit alors les Suedois encore plus
dépendans de la France, que la
France ne l'étoit d'eux. Salvius ne
Fignoroit pas ; & quoiqu'il affectât

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de vouloir intimider les François par les menaces indirectes qu'il leur AN. 1644. faifoit d'un Traité particulier avec l'Empereur, il fentoit parfaitement qu'ils ne prendroient pas l'allarme aifément, parce qu'en effet la Suede dans les circonftances où elle étoit ne pouvoit traiter féparément de la France qu'avec un extrême défavantage. Dans cette fituation il comprit qu'il falloit céder encore quelque chofe aux François. Ceux-ci voulant obliger les Suedois à rentrer au plutôt en Allemagne, avoient imaginé de remettre à Hambourg, comme en dépôt, l'argent dû à la Suede, pour lui être payé dès que Torftenfon reparoîtroit en Allemagne avec fon armée. Soit qu'ils euffent fait entendre leur pensée à Salvius, foit qu'il l'eût pénétrée, deux jours après la conteftation précédente, il propofa lui-même cet expédient aux Plénipotentiaires François, qui l'accepterent après quel ques difficultés affectées ; car c'étoit dans le fond tout ce qu'ils fouhaitoien:. La chofe ainfi réfoluë ne fut cependant pas exécutée, parce que

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de les nouvelles qu'on eut bien tôt après AN. 1644. du retour de Toritenfon dans l'Al

XLII.
Le Fran-

nacent d'a

lemagne, déterminerent la France à payer la Suede, quoique l'armée Suedoife n'eût point encore repaflé

les frontieres du Holftein.

Ce fut-là tout ce qui fut arrêté 0.5 & les dans cette premiere conférence. On Sedois me- remit à régler les conditions de la bendonrer la paix, & la fatisfaction des deux négociation. Couronnes, au temps de la négoP: fendorf. ciation, & comme elle ne pouvoit rerum Suecic. commencer tandis que les ImpéL. XVI. riaux d'Ofnabrug refuferoient de Pléni, à M. communiquer leurs pouvoirs, on difde Brienne, féra de convenir ensemble des pre

Lettre des

9. Juillet.

1644.

mieres propofitions qu'on feroit aux ennemis, jufqu'à ce que cet obftacle fût levé. Salvius propofa même aux François d'abandonner la négociation & de fe retirer, irrité des violences de l'Archevêque de Bremen, qui interceptoit les lettres des Suedois, maltraitoit leurs gens, & n'en ufoit probablement ainfi qu'avec l'approbation tacite de l'Empereur. Les Plénipotentiaires François lui avouerent qu'ils avoient eu euxmêmes la penfée de fe retirer, en

laiffant feulement à Munfter le Baron de Rorté, afin qu'on ne pût pas les accufer d'avoir entierement abandonné la négociation; mais que les Médiateurs ayant fixé l'efpace de deux mois pour la réformation des pouvoirs de part & d'autre, ils ne pouvcient déformais fe difpenfer d'attendre ce terme, après lequel ils étoient réfolus de fe retirer, fi les Espagnols & les Impériaux perfiftoient dans leur refus. Qu'il falloit cependant fe plaindre de la conduite de l'Archevêque de Bremen, lui demander ce commun des Paffeports, & écrire une feconde lettre circulaire, dans laquelle on menaceroit de fe retirer fi l'on ne pourvoyoit à la fureté des chemins, conformément au Traité préliminaire. Salvius partit fatisfait de ces raifons & après fon départ les François firent fur tout cela leur déclaration aux Médiateurs.

Pendant le féjour de Salvius à Munfter, les Espagnols toûjours attentifs à profiter des occafions apofterent un Colonel Pruffien nom mé Peschuitz, pour aller voir ce Mi

AN. 1044.

XLIII. des Espanols

Artifices

pour br
ler les Alliés.

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