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Allemagne des Provinces entieres où l'Empereur fortifioit fa domination, & d'où il tiroit des troupes avec lefquelles il efpéroit porter la guerre dans le fein de la France

AN, 1644.

Vitt rio Siri.

même, & reprendre en une feule Mercurio' di campagne toutes les conquítes qui part. 2, pag. avoient couté aux François tant d'an- 442. nées de guerre.

Quant à la Suede, il la voyoit alors occupée à la guerre de Dannemarck, & quoique le Général Torf tenfon eût déja reparu fur l'Elbe après avoir repouffé les Danois Ferdinand ne douta pas que cette diverfion ne dût avoir de grandes fuites pour le rétablissement de fes affaires. Il confidéroit d'ailleurs que les Suedois n'avoient acquis tant de puillance dans l'Empire que par le fecours des Allemands mêmes qui compofoient en effet une grande partie de leurs armées, & qui n'étoient entretenus que par les fubfides que la Suede tiroit de la France. Or jugeant des Allemands parce qu'on voit prefque toujours arriver dans les autres Etars, il fe perfuadoit que les membres de l'Empire fe lafferoient

enfin de préter ainfi leur fecours à un AN. 1644 peuple étranger pour déchirer leur Patrie; ou du moins il fe flattoit que la France ne feroit pas long-tems en état de fournir à la fubfiftance de ces troupes, foit par l'épuisement de fes finances, foit par les diffenfions civiles que la jeuneffe du Roi Louis XIV. devoit naturellement occafionner fous une Reine Efpagnole & un premier Miniftre Etranger. Alors toute la puiflance de la Suede feroit tombée d'elle-même, & tous les membres de l'Empire fe réuniflant à leur Chef légitime, devoient confpirer à rétablir le calme dans l'Allemagne. Enfin au défaut de toutes ces reflources, la Maifon d'Autriche comptoit toujours que l'adreffe de fes Miniftres, ou des intérêts particuliers faifant naître tôt ou tard quelques divifions entre la France la Suede, & les autres Alliés, lui donneroient l'avantage fur des ennemis qui n'étoient redoutables que par leur union.

V. Plein de ces grandes espérances, Plénipoten Ferdinand, quoiqu'il défirât fincériaux. rement la paix, croyoit devoir en

tiaires Impé

éloigner

éloigner plus que jamais la conclu-
fion, pour attendre des conjonctu- AN. 1644.
res plus favorables ; & tels furent en
effet les ordres qu'il donna au Com-
te de Naffau & à M. Volmar fes Plé-
nipotentiaires à Munster. Jean-Louis
Comte de Naffau - Hadamar, étoit
un Prince affable & poli d'un ca-
ractere doux & bienfaisant ; mais le
peu de part qu'il avoit eu jufqu'a-
lors aux affaires, ne lui avoit pas
permis d'acquérir toute l'expérience
néceffaire pour foutenir le poids d'u-
ne négociation auffi importante que
celle de Munfter. Car il n'avoit en-
core eu qu'un vain titre de Pléni-
potentiaire à Cologne, où il avoit
demeuré plufieurs années dans une
entiere inaction. M. Ifaac Volmar

qu'on lui avoit donné pour adjoint,
étoit, difent quelques Hiftoriens
un Jurifconfulte qui avoit corrigé le
Pédantisme des Universités par l'u-
fage de la Cour & le commerce des
Grands, & qui avoit appris à ma-
nier les affaires avec affez d'habile-
té. Cependant le Comte d'Avaux
n'ayant trouvé à Munster que ces
deux Plénipotentiaires de la Cour de
Tome III,
B

Puffendorff.

Bafnage.

AN. 1644,

Lettre du

yeaux

à la

Reine, du 1.

Avril 1644.

>>

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Vienne, jugea, comme il étoit vrai, que l'Empereur avoit peu d'empreflement pour la paix. » J'aurai, écriComte d'A-> vit il à la Cour de France, meil» leure opinion de la difpofition des Impériaux à la paix, lorique je » verrai arriver ici le Comte de » Trautmansdorff ou le Vice-Chan» celier Curtz. « En effet le Comte de Nafau & le Docteur Volmar n'apporterent à Munster que des inftructions générales & un pouvoir limité, & leur principal objet devoit être d'éloigner la négociation. Le Comte d'Averfberg & M. Crane, qui avoient le même emploi à Ofnabrug, avoient aufli reçû en partant les mêmes ordres, & ce fut - là lạ fource des chicanes & des contestations prefques puériles, qui retarderent dans ces deux endroits le commencement de la négociation. Philippe IV. Roi d'Espagne Intérêts du Chef de la branche aînée de la MaiRoi d'Efpafon d'Autriche, fe trouvoit par rapport à la guerre, dans une fituation à peu près femblable à celle où étoit Ferdinand; & par rapport à la paix, fes difpofitions étoient préci

gne.

VI.

fément les mémes. Depuis la fameu

fe trève de 1609. que l'Efpagne AN. 1644. avoit été forcée d'accorder aux Irovinces Unies, c'eft-à-dire, depuis plus de vingt ans, elle avoit repris les armes contre la Nouvelle Répu blique, & lui faifoit une guerre fanglante par terre & par mer, dans Europe & dans le nouveau monde. Les Provinces Unies trop foibles pour réfifter feules à des forces fi redoutables, tirerent de grands avantages de la diversion des Proteftans en Allemagne. Elles reçurent auffi des fecours confidérables de la France, & firent de fi grands efforts pour la défense de leur liberté, qu'elles balancerent long-tems toute la puiffance de la Monarchie Efpagnole. En 1635. la déclaration ouverte de la France contre l'Efpagne leur donna la fupériorité, & les mit en état de s'étendre par de nouvelles conquêtes. L'ambition de Philippe & l'entêtement de fes Miniftres contribuoient encore à l'affoiblir; car au lieu d'employer toutes les forces à reconquérir les anciens Domaines des Païs-bas, fuivant l'avis du fa

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