Imágenes de páginas
PDF
EPUB

Joachim

tête de fon ouvrage. On y voyoit d'un côté la France, & de l'autre le AN. 1644 Lion Belgique, qui arrachoient les Tranfeet fous ailes à un Aigle Imperiale, tandis le nom d'Hypqu'un Suedois lui portoit des coups mortels fur la tête.

En effet depuis 1630. que Guftave Adolphe porta la guerre en Allemagne, & 1635. où la France prit les armes d'abord contre l'Efpagne, & quelque-tems après contre Empereur, prefque toutes les années furent marquées par de fanglantes défaites des Impériaux, ou par la prife de quelques grandes Villes. 11 eft vrai que ceux-ci réparerent quelquefois affez heureufement leurs pertes, fur- tout après la mort du Roi de Suede, & qu'ils vendirent cher aux vainqueurs quelques-unes de leurs conquêtes; Ferdinand regagna auffi quelques Princes de l'Empire qui s'étoient détachés de fon parti. Mais il ne put jamais acquérir la fupériorité, & toujours plus foible ou moins heureux, il voyoit de jour en jour augmenter fes pertes & les avantages de fes ennemis. La France s'étoit rendue maîtrefle

ds. Differt.

politus & La

de rat. ftatus Imp. Rom.

Germ.

de plufieurs places dans le Luxem→

AN. 1644.boug, & dans les Electorats de Cologne & de Treves, de prefque toute la haute & balle Allace, & de toutes les Villes Foreftieres. Nous la verrons bien tôt poufler encore plus loin fes conquêtes. La Suede occupoit la Pomeranie, & avoit des garnifons dans plufieurs places impor→ tantes de la Boheme, de la Siléfie & de la Moravie, de la haute & bale Saxe, & jufques dans la Weftphalie. L'Empereur ains reflerré de toutes parts, avoit le chagrin de voir l'ennemi aux portes de fi Capitale, & quelquefois du haut de fes remparts il put voir de fes propres yeux l'incendie des Villages, & le ravage des Provinces. Au lieu de ce pouvoir defpotique que Ferdinand II. avoit exercé dans l'Empire, Ferdinand III. fon fucceffeur confervoit à peine fon autorité légitime. Un cri général fufcité & habilement foutenu par la France & la Suede, avoit réveillé dans tout le Corps Germanique l'amour de fon ancienne liberté, & à l'ombre de ces deux puillantes protections, les Princes &

les Etats de l'Empire, pour forcer! l'Empereur à leur reftituer leurs anciens droits, refufoient d'obéir à fes plus juftes décrets.

AN, 1644.

Dif ofitions

La paix feule pouvoit calmer les III. troubles & mettre fin à tant de mal- de l'Empe heurs. Mais dans le mauvais état de reur à l'égard fes affaires, quelle paix Ferdinand de la paix. pouvoit il fe promettre? Il prévoyoit que le démembrement de l'Empire en faveur de la France & de la Suede, & la réduction de fon autorité à celle d'un fimple Chef de République, en feroient le prix ; & il ne pouvoit envisager ces conditions qu'avec horreur. La néceffité seule & une extrême néceffité pouvoit le contraindre à les accepter; mais il He fe croyoit pas encore réduit à ces termes, Ses forces étoient abbatues, & fon courage fe foutenoit encore, Il fe perfuada qu'en fe roidiffant contre la mauvaise fortune, le tems. ameneroit quelque conjoncture plus favorable qui le mettroit en état de traiter avec plus d'avantage. La déroute de l'Armée Françoife à Dutlingen, quoique moins confidérable que les Impériaux le publioient,

commença à relever fes efpérances;

AN. 1644 encore une pareille victoire, & il fe flattoit de donner la loi à fes ennemis. En effet le Cardinal Mazarin étoit lui même perfuadé de cette maxime, que le fuccès du Traité de paix dépendoit uniquement du fuccès de la guerre en Allemagne. Les Impériaux de leur côté en étoient fi bien convaincus, qu'ils comptoient pour rien toutes les pertes qu'ils faifoient ailleurs, pourvû que leurs armes réuffiffent dans l'Empire. C'est que par ce moyen ils espéroient con• traindre tous les Etats à fe ranger fous les Enseignes de l'Empereur & qu'ils jugeoient avec raifon que fi tout le Corps Germanique fe réu– nilfoit une fois fous l'autorité d'un feul Chef, il n'y avoit aucune puiffance en Europe qui pût lui difputer la victoire. Fondés fur ce Principe, ils voyoient avec un plaisir secret la France confumer une grande partie de fes forces dans les Etats voilins où la conquête d'une feule Place étoit l'unique fruit d'une année de guerre, & d'une prodigieufe dépense tandis qu'elle leur abandonnnoit en

Allemagne des Provinces entieres

,

où l'Empereur fortifioit fa domina- AN. 1644. tion, & d'où il tiroit des troupes avec lefquelles il efpéroit porter la guerre dans le fein de la France même, & reprendre en une feule Mercurio di campagne toutes les conquétes qui avoient couté aux François tant d'années de guerre.

Quant à la Suede, il la voyoit alors occupée à la guerre de Dannemarck, & quoique le Général Torf tenfon eût déja reparu fur l'Elbe après avoir repouffé les Danois Ferdinand ne douta pas que cette diverfion ne dût avoir de grandes fuites pour le rétabliffement de fes affaires. Il confidéroit d'ailleurs que les Suedois n'avoient acquis tant de puillance dans l'Empire que par le fecours des Allemands mêmes qui compofoient en effet une grande partie de leurs armées, & qui n'étoient entretenus que par les fubfides que la Suede tiroit de la France. Or jugeant des Allemands parce qu'on voit prefque toujours arriver dans les autres Etars, il fe perfuadoit que les membres de l'Empire fe lafferoient

Vitt rio Siri. part. 2, pag. 442.

« AnteriorContinuar »