AN. 1645. LXXI. L'Armee Ba Hellois couroient effectivement quel que rifque de perdre par leur éloignement leurs quartiers de Frite. Mais le Duc d'Enguyen ayant obtenu de lui qu'il lui donnât le temps d'écrire à Callel pour recevoir les ordres de la Landgrave, cette Princelle toujours généreufe & fidéle Alliée, défendit au Général Geis de quitter les François, & lui ordonna d'obéir abfolument au Duc d'Enguyen. Ce Prince continua ainfi fa marVarone fuit che jufqu'à Dunkefpüel, & le Gél'ArmeeFran- néral Merci l'y fuivit pour l'empêgode. cher de paffer le Danube, & de porter la guerre dans la Baviere, où elle n'avoit pas été depuis plufieurs années. A la premiere nouvelle de l'approche des Bavarois, le Duc d'Enguyen marcha au-devant d'eux. & rencontra le premier d'Août leur avantgarde. Les deux Armées fe mirent auffi-tôt en bataille; mais un marais qui étoit entre deux les empêchant d'en venir aux mains, elles ne firent autre chofe que fe canonner toute la journée. Le Prince peu fatisfait, chercha un terrain plus pro pre pre à donner bataille, & marcha droit au Danube. Les Bavarois le prévinrent encore, & se posterent à Donawert. 1 ne laiffa pas de s'avancer jufqu'à Norrlingue, & pendant qu'il fe difpofoit à l'attaquer, il apprit que l'Armée Bavaroife étoit en bataille dans la plaine entre lui & Donawert, ce qui lui caufa une extrême joie. Car ce Prince accoutumé à vaincre, ne doutoit jamais de la victoire, & fçavoit infpirer la même confiance à fes troupes. Son deffein avoit d'abord été, n'efpérant pas attirer les Bavarois à un combat, de les pouffer vers le Danube, afin de revenir enfuite à Hailbron & s'en failir; mais voyant qu'après avoir évité long temps la bataille, ils s'y préfentoient d'eux-mêmes, il envoya auffi-tôt les reconnoître, & marcha droit à eux avec toute l'Armêe. L'Infanterie qui compofoit le corps + SEATON AN. 1645. LXXII. Bataille de de bataille étoit commandée par Nordlingen. MM. de Bellenave & de Marfin ? 3. Août Maréchaux de Camp, & de Caftelnau 1645. Maréchal de Bataille. Le Maréchal de Grammont, & fous lui M. Ar naut, commandoit l'aile droite, qui AN. 1645 étoit compofée de la Cavalerie Françoife. Le Vicomte de Turenne étoit à la tête de l'aile gauche avec toute la Cavalerie Allemande. Les troupes de Helle fortifiées de deux Régimens du Vicomte de Turenne, formoient une feconde ligne qui étoit commandée par le Général Geis, & le Chevalier de Chabot commandoit un corps de réserve, Du côté des Bavarois dans la plaine où les Armées étoient rangées, il y avoit trois hauteurs un peu diflantes l'une de l'autre, & qui favorifoient beaucoup leur ordre de bataille. Sur la hauteur qui étoit au milieu des deux autres, il y avoit un Fort & au pied un Village. Ce fut entre l'une de ces hauteurs & le Village que les Bavarois étendirent leur aile gauche, après avoîr jetté dans le Village même leur meilleure Infanterie, laquelle s'y fortifia, & pointa sur la hauteur des batteries qui commandoient toute la plaine. L'aile droite fe rangea de l'autre côté du Village jufqu'au troifiéme côteau. Cette difpofition étoit extrêmement avanta geufe, & il eft vraisemblable qu'un Général auffi habile que le Comte de AN. 1645. Merci, après avoir évité la bataille, n'attendit l'ennemi dans ce pofte, que parce qu'il se croyoit fûr de le battre s'il ofoit l'y attaquer. Mais le Duc d'Enguyen qui de fon côté se croyoit fûr de vaincre dès qu'il pouvoit combattre, n'héfita pas à le faire avec cette vivacité & cette préfence d'efprit qui fans jamais perdre de vue le danger, lui infpiroit dans le moment les reffources & les moyens. La bataille commença par l'attaque du Village. Le Prince ayant vû de ce premier coup d'oeil qu'il avoit fi jufte & fi perçant, qu'il ne pouvoit aller à l'aile gauche des ennemis fans effuyer par les flancs un grand feu du Village, réfolut avant toutes chofes de fe rendre maître de ce pofte, & aprês l'avoir fait battre à coups de canon, il y fit marcher l'Infanterie. L'attaque fut vive & fanglante. Les Bavarois voulant conferver l'avantage de leur pofte, y envoyerent prefque toute leur Infanterie. Mais malgré l'opiniâtreté de leur réfistance, l'Infanterie Fran çoife foutenue à la droite par les AN. 1645- Gendarmes, & à la gauche par quel ques autres Regimens de Cavalerie, y entra avec beaucoup de reislution, & ne pouvant chailer autrement l'ennemi, mit le feu au Village, ce qui l'obligea d'abandonner le champ de bataille, excepté quelques Régimens qui s'y fortiterent dans des maifons bâties de pierre & dans une Eglife. L'aile gauche des Bavarois voyant le Village occupé par les François, s'ébranla d'elle-même fans attendre qu'on vint l'attaquer, & de la hauteur où elle étoit poftée, fondit avec tant d'impétuofité fur l'aile droite Françoife, qu'après quel que réfiftance elie la mit en dérou LXXIII. chal de Gram Jonnier, te. Un fi heureux fuccès remettoit Merci eft tue l'avantage du côté des Bavarois &le Mare- & eut peut-être été fuivi d'une vicment fait prl-toire complette fans la mort de leur brave Général le Comte de Merci qui fut tué dans la mêlée Les François perdirent de leur côté le Maréchal de Grammont qui fut fait prifonnier. Cependant le Chevalier de Chabot accourut avec fon corps de |