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Henri d'Orleans, Duc de Longueville. Rien ne fembloit d'ailleurs plus contraire à l'inclination que ce Prince avoit pour le plaifir & à fon hu meur inquiéte, fur-tout dans un tems où la fituation de la Cour pouvoit fournir des occafions de lier des intrigues & de former des cabales mais il fe laiffa perfuader que le bien du Royaume demandoit la préfence dans une Affemblée auffi importante que celle de Munster, & la chofe étoit vraie par rapport aux vues du Cardinal Mazarin, qui étoient d'éloigner de la Cour un Prince capable d'y exciter des troubles. On comptoit fi peu fur fa capacité quoique ce Prince eût d'ailleurs du mérite, que la négociation étoit déja avancée lorsqu'il fe rendit à Munfter, & qu'on lui permit d'en fortir avant la conclufion du Traité. On avoit même lieu d'appréhender de fa part quelque fauffe démarche parce que les Princes ont une maniere de traiter décifive & indépendante, qui pouvoit déconcerter la politique raffinée du Cardinal Mazarin.; mais le crédit

que

le Comte

AN. 1644

d'Avaux avoit fur l'efprit du Due

AN. 1644 raffuroit la Cour. On étoit auffi bien-aife que ce Prince qui étoit magnifique, affable & bienfaifant, donnât de l'éclat à l'Ambaffade par fon nom & par fa dépense.

XVIII. Intérêts des

Comme les Alliés de la France

Alliés de la partageoient avec elle les fuccès de

France.

la Suede.

la Intérêts de guerre, ils étoient bien résolus de partager auffi les avantages de la paix, ou même, s'il étoit poffible, d'en avoir la meilleure part. Les principaux de ces Alliés étoient la Suede & les Provinces - Unies. La défense de la Religion Proteftante & de la liberté Germanique, n'étoit que le prétexte dont les Suedois s'étoient fervis pour porter la guerre dans l'Empire. Le véritable motif qui leur avoit fait prendre les armes étoit le défir de fe faire un établiffement dans l'Allemagne, d'où ils fuffent à portée d'avoir plus de communication avec les Princes Protef tans de l'Empire, & qui leur donnât de la confidération en Europe. De toutes les Provinces de l'Allemagne, la Poméranie étoit celle qui étoit le plus à leur bienféance. Elle

confinoit d'un côté avec la Pruffe

où ils avoient des intérêts à démê AN. 1644. ler, & dans fa longueur elle s'étendoit le long de la mer Baltique, où ils faifoient leur plus grand commerce. Ils prétendoient même avoir des droits fur cette Province, en vertu des Traités faits avec les anciens Ducs de Poméranie ; mais on n'y auroit apparemment pas eu beaucoup d'égards, fi leurs droits n'avoient pas été foutenus par la force des armes. Ils étoient déja depuis plufieurs années en poffeffion de la plupart des Places de cette Provinсе ce, & il n'étoit pas aifé de les en chaffer. Ils avoient même pouffé leurs conquêtes beaucoup plus avant dans l'Empire, où leurs fréquentes victoires les rendoient de jour en jour plus redoutables, eux qui dans les fiécles précédens, contens d'avoir fecoué le joug des Rois de Dannemarck, vivoient cantonnés à l'extrémité de l'Europe, fans fonger à le montrer que rarement en-deçà de la mer Baltique. Auffi n'étoit-ce que fur la fupériorité de leurs armes qu'ils fondoient l'efpérance d'obte

nir la Poméranie, foit en vertu des AN. 1644. droits qu'ils avoient fur cet Etat, foit en dédommagement des frais de la guerre & à titre de fatisfaction. Le refus que l'Empereur avoit toujours fait de leur accorder cette Province, les avoit obligés jufqu'alors de continuer la guerre, quelque épuifée que fût la Suede depuis douze ou treize ans qu'elle en foutenoit le poids ; & comine ils n'ignoroient pas que la France étoit réfoluë de forcer l'Empereur à lui céder la meilleure partie des conquêtes qu'elle avoit faites dans l'Empire, ils étoient auffi déterminés à n'accorder la paix à ce Prince qu'aux prix de la Pomeranie, ou d'un équivalent pour les Places qu'ils feroient obligés de céder à l'Electeur de Brandebourg, qui avoit des droits réels fur cer Etat. Une fi belle portion de l'Empire ne leur paroiffoit pas même encore fuflifante pour le deffein qu'ils avoient de fe faire un puiflant établiffement en Allemagne, & ils prétendoient qu'on y ajoutât l'Archevêché de Bremen, & les Evêchés de: Verden, d'Halberstat, d'Ofna

brug & de Minden. Il eft aifé de ju

ger que de fi hautes prétentions ne AN. 1644» devoient pas plaire à la France parce qu'elles nuifoient aux fiennes & que le Roi de France ne pouvoit les appuyer fans s'attirer la haine de tout le parti Catholique, qui ne pourroit voir qu'avec une extrême chagrin les Proteftans envahir le patrimoine de l'Eglife Romaine. Les Provinces Unies étoient encore moins favorables aux deffeins des Suedois. Un fi grand accroiffement de puiffance fur la mer Baltique excitoit la jaloufie & les défiances d'une République qui tiroit une partie de fa fubfiftance du commerce qu'elle faifoit dans cette mer. Elle no diffimula pas même fes fentimens jufqu'à la fin. Mais la France qui avoit befoin de la Suede pour parvenir elle-même au but qu'elle fe propofoit, n'ofoit donner aux Suedois que de foibles marques de fon mécontentement, & elle gardoit d'autant plus de ménagemens avec eux, que les Provinces - Unies en gardoient moins avec elle.

On a déja vû que Chriftine, Rei

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