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Geofroi fufpens. LIV. L'empereur Henri, roi de Sicile. LV. Croisade 1196. publiée. LVI. Concile de Montpellier. LVII. Le roi Philippe fe remarie. LVIII. Mort de Maurice. Eudes de Sulli, évêque de Paris. LIX. Queftion fur l'Eucharistie. LX. Prifon de l'évêque de Beauvais. LXI. Croifade des Allemands. LXII. Mort de Henri VI. Philippe & Otton, roż des Romains. LXIII. Eglifes du Nord. LXIV. S. Homobon de Crémone.

APPROBATION.

J'Ax lû par ordre de Monfeigneur le Chancelier un manuf-
crit qui eft le dixième Volume de l'Hiftoire Eccléfiaftique de
Monfieur l'Abbé FLEURY. A Paris le 29 Décembre 1704.
L'Abbé COURCIER.

AUTRE APPROBATION.

Ar lu par ordre de Monfeigneur le Chancelier un manuf

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aflique par Monfieur l'Abbé FLEURY. Je n'y ai rien trouvé qui ne foir conforme à la foi catholique & aux bonnes mœurs & j'ai continué à admirer la fincérité & l'exactitude de l'Auteur, auffi bien que le fond d'érudition qu'on admire dans les volumes précédens. Fait à Paris le 29 Décembre 1704.

PASTEL, Profeffeur de Sorbonne

HISTOIRE

HISTOIRE ECCLÉSIASTIQUE.

LIVRE SOIXANTE-HUITIEME.

H

AN. 130.

L

Mort d'Ho

norius II.

ONORIUS II, étant tombé malade au palais de Latran, fe fit porter au monaftère de faint André, où il mourut le quatorzième jour de Février 1130, & ne laiffa pas d'être enterré dans nocent 11 pal'église de Latran. Il avoit tenu le faint fiége pe. Anaclet antipape. cinq ans & deux mois. Les premiers & les plus fages de l'éSug.vita Lmd glife Romaine, le voyant à la mort, pour prévenir le tu- Chr. Mauris multe qui pourroit arriver à l'élection de fon fucceffeur, tom. 4. Duck. convinrent de la faire à S. Marc, & tous enfemble, felon la coutume. Mais les cardinaux qui avoient été les plus familiers d'Honorius, & qui avoient été affidus auprès de lui pendant fa maladie, avec le chancelier Aimeri, craignant le Tumulte des Romains s'ils alloient à S. Marc, fe prefsèrent de faire une élection avant que la mort du pape fut publiée. Ils élurent donc Gregoire cardinal de S. Ange, le nommèrent Innocent II, & le revêtirent des ornemens pontificaux. Les autres, ayant fu la mort du pape, s'affemblèrent le même jour à l'heure de tierce à faint Marc, comme on étoit convenu; & élurent Pierre de Leon, prêtre cardinal de fainte Marie Trastevere, comme les autres avoient prévu; car c'étoit pour l'éviter qu'ils s'étoient preffés d'élire Gregoire. Pierre fut nommé Anaclet II par ceux qui l'élurent; & ainfi il y eut fchisme dans l'Église Romaine.

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an 1130.

2. 33.

Gregoire avoit été moine à S. Jean de Latran, puis abbé AN. 1130. du monaftère de S. Nicolas & S. Primitif, hors de Rome. II Ap. Baron. fut fait cardinal diacre par le pape Urbain II, & envoyé Sup LXVII. légat en France avec Pierre de Leon, par Calliste II, en 1124. Pierre étoit petit-fils de Leon Juif converti & baptifé par le pape Leon IX, qui lui donna fon nom. Ce Leon, étoit très-favant & devint puiffant à la cour de Rome par fes grandes richeffes; mais fon fils Pierre de Leon eut encore plus de pouvoir & de réputation que lui. Il fervit fi utilement l'église Romaine dans la querelle des investirures, par fes armes & par fes confeils, que le pape lui donna le gouvernement de la tour de Crescence, c'eft-à-dire du château faint Ange, & le tenoit pour fon principal confident : ce qui lui donna occafion d'augmenter tous les joursTM en biens & en dignités. Il eut plufieurs enfans de l'un & de l'autre fexe, entre lefquels éroit le cardinal dont nous parlons, que l'on nommoit proprement Pierre de Pierre de Leon; car le nom du père fervoit alors ordinairement de furnom chez toutes les nations. Pierre, ayant été destiné aux lettres, vint en France & étudia à Paris. En retournant à Rome il s'arrêta à Clugni où il prit l'habit; & après qu'il y eut appris quelque temps les obfervances monaftiques, le pape Pascal II, à la prière de fon père, le rappela à la cour de Rome, & le fit cardinal. Du temps du pape Calliste, il fut envoyé légar en France avec Gregoire, & tint des conciles à Chartres & à Beauvais. Tels étoient les deux

concurrens.

On compte du côté d'Innocent, dix-neuf cardinaux ; entre autres Matthieu évêque d'Albane, Jean de Crême du titre de faint Chryfogone, & le chancelier Aimeri. Sitôt qu'ils eurent élu le nouveau pape, ils l'intronisèrent, le menèrent dans les lieux dont il devoit prendre poffeffion fuivant la coutume, & lui rendirent tout l'honneur qu'ils purent felon la circonftance du temps; car Pierre de Leon étoit le plus fort à Rome : enforte qu'Innocent & ceux de fon parti, n'étant pas en fureté dans leurs propres maifons, demeuroient auprès du palais de Latran. Ils furent même obligés de fe retirer dans les maifons des Frangipanes & des Corfes, qui étoient fortifiées, & où ils fe défendirent quelque temps. Pierre de Leon, indigné de cette réfiftance, marcha à faint Pierre bien accompagné, s'en rendit le maître, en enleva l'argenterie & tout le tréfor. Il en fit de même à

fainte Marie majeure & aux autres églifes de Rome, & ne trouvant point de chrétiens qui ofaffent briser les calices & AN. 1130. les crucifix d'or, on dit qu'il les fit mettre en pièces par des Juifs.

Il avoit déjà de grandes richeffes, tant celles que fon père lui avoit laiffées, que celles qu'il avoit amaffées lui-même, par les exactions ordinaires dans la cour de Rome, & dans ses légations; ainfi il gagna par ses largeffes le peuple & la plupart des grands; & le pape Innocent fe trouva affiégé de toutes parts avec les fiens: enforte qu'ils n'ofoient sortir, & que perfonne ne pouvoit venir à eux fans expofer fa vie. En cette extrémité, le pape Innocent réfolut de fortir de Rome & fe retirer en France; & ayant fait préparer fecrétement deux galères, il s'embarqua fur le Tibre avec tous les cardinaux de fon parti: excepté Conrad évêque de Sabine, qu'il laiffa à Rome en qualité de fon vicaire; & par l'embouchure du Tibre ayant gagné la mer, il arriva heureufement au port de Pise.

II.

Lettres de

Cependant Pierre évêque de Porto, chef des cardinaux d'Anaclet, écrivit une lettre aux quatre principaux d'Innocent; favoir Guillaume de Prenefte, Matthieu d'Albane, l'antipape. Ap.Malmesb. Conrad de Sabine, & Jean d'Oftie, qui lui avoient écrit 1. hift. nov. les premiers. Dans cette réponse il leur dit: eft-ce ainfi que vous avez appris d'élire un pape? Dans un coin, en cachette, dans les ténèbres? Si vous vouliez qu'il fuccédât au pape mort, pourquoi difiez-vous qu'il étoit vivant? Vous pouvez voir vous-mêmes, que l'on doit compter pour rien ce que vous avez fait contre les canons, fans me confulter moi qui fuis votre doyen, ni vos anciens; fans nous appeler ni nous attendre, vous qui étiez nouveaux & en petit nombre. Dieu nous a bientôt fait voir le moyen de nous opposer à votre entreprise; puifque vos frères les cardinaux avec tout le clergé, à la prière du peuple & du confentement des perfonnes conftituées en dignité, publiquement & en plein jour, ont élu unanimement le cardinal Pierre pour être le pape Anaclet. L'église le reçoit, les barons le vifitent; nous le vifitons, les uns en perfonne, les autres par nos envoyés. Nous ne voyons point cette déprédation & cette cruauté que vous nous oppofez. Tous ceux qui viennent le confulter ou lui proposer leurs affaires, font bien reçus & fe retirent contens. Rentrez enfin en vous-mêmes : ne faites point de fchifme dans l'églife, & ne vous appuyez

pas fur des menfonges. J'ai toujours é de cet avis, que l'on AN. 1130. ne fit mention du fucceffeur, qu'après que le pape feroit

enterré.

Cod. Caffin. ap. Baron.

Anaclet lui-même écrivit de tous côtés pour fe faire reconnoître pape. Premièrement à Lothaire roi des Romains, qu'il fait fouvenir de l'amitié qui a duré long-temps entre ce prince & Pierre de Leon fon père ; & ajoute, qu'après avoir été élu canoniquement, il a été facré par Pierre évêque de Porto, devant l'autel de faint Pierre en présence de plufieurs autres évêques, aux yeux de tous & avec grande folennité au lieu que ceux du parti contraire ont été réduits à s'enfuir la nuit de la maifón de Leon Frangipane leur principal protecteur, & fe cacher au-delà du Tibre. Nous avons pour nous, ajoute-t-il, tout le clergé & toute la nobleffe: nous exerçons librement toutes nos fonctions audedans & au-dehors de Rome : nous avons ordonné des cardinaux & facré des évêques. Et enfuite: ne vous arrêtez pas aux menfonges d'Aimeri, ci-devant chancelier, voleur & fimoniaque; ou de Jean de Crême, homme infame & vrai Nicolaïte; ni de ces autres fugitifs. La lettre fut envoyée par l'archevêque de Brème.

Le clergé du parti d'Anaclet écrivit auffi au roi Lothaire. La lettre porte en tête les noms de vingt-sept cardinaux & des autres évêques fuffragans de Rome, des archiprêtres du primicier, & de plufieurs abbés. Entre les cardinaux on comptoit fans doute ceux qu'Anaclet avoit ordonnés de nouveau. Nous vous écrivons, difent-ils, prince très-chrétien, comme aux autres églises d'Orient & d'Occident, pour diffiper les menfonges de ceux qui affurent par leurs écrits que le pape Anaclet n'a pas été élu canoniquement & librement, mais par la puiffance de fes parens, par violence, à coups de bâtons & avec effufion de fang. Ils attribuent enfuite l'élection d'Innocent au chancelier Aimeri, qu'ils traitent d'impudique & de fimoniaque ; à cinq autres cardinaux qui mangeoient à fa table ; & à quelques évêques, qui n'ont, difent-ils aucun droit à l'élection du pape.

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Le roi Lothaire n'ayant point fait de réponse à la première lettre d'Anaclet, il lui en écrivit une feconde par un clerc de Strasbourg, en date du quinzième de Mai; & il écrivit en même-temps à la reine fon époufe: mais il n'eût aucune réponse de l'un ni de l'autre. Alors il fit écrire au

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