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plus affaire à Antioche revint à Jérufalem, où il demeura jufques à Pâque; & le troisième jour après la fête, il dédia folennellement l'églife du temple. Il s'y trouva quantité de nobleffe, tant en deçà que de delà la mer, entre autres Joffelin le jeune comte d'Edeffe. Enfuite le légat affembla les évêques & les autres prélats, & tint un concile dans l'églife de Sion, regardée comme la mère de toutes les églifes. Là Sup. liv. fe trouva le catholique d'Arménie, c'eft-à-dire le premier LXIV. n. 47. des évêques de la nation; avec qui l'on traita des articles de foi, dans lesquels ils femblent s'éloigner des catholiques, & il promit en partie de les corriger. Ce concile fini, le légat retourna à Rome.

LXXV.

Baudou III roi de Jeru➡

Lib. XV. c.

1. 2. 3.

c. 45.

Gaill. Tyr.

Peu de temps après, Foulques roi de Jérufalem, chaf fant un lievre près d'Acre, tomba de cheval fi rudement qu'il en mourut le treizième de Novembre 1142, après falem. avoir régné onze ans. On rapporta fon corps à Jérufalem, c. 27. où il fut enterré dans l'églife du faint Sépulcre. Son fils Baudouin III, âgé de treize ans lui fuccéda, & fut couronné le jour de Noël de la même année, dans l'affemblée des feigneurs & des prélats, par les mains de Guillaume patriarche de Jérufalem, & régna vingt ans. La reine Melifende fa mère fut couronnée avec lui, & gouverna pendant fon bas âge. Dans l'intervalle de la mort du père & du couronnement du fils, Edeffe, autrement nommée Rouha, fut affiégée par Atabec-Zengui, le plus puiffant prince de l'Orient, qui réfidoit à Moful, & que nos auteurs nomment Sanguin. Il profita de la foibleffe du jeune comte Joffelin, & de la méfintelligence qui étoit enSup. lib. tre lui & le prince d'Antioche. Deux ans après, c'est à dire Lxv11, #. 14. le vingt-septième de Septembre 1144, mourut Guillaume patriarche de Jérufalem, dans la quinzième année de fon pontificat. On mit à fa place Foucher troifième archevêque Latin de Tyr, qui fut transféré à Jérufalem le vingt-cinquième de Janvier 1145, & tint ce fiége douze ans. Pour lui donner un fucceffeur à Tyr, on tint dans cette église une affemblée, où étoient le jeune roi, la reine fa mère, le nouveau patriarche & les évêques fuffragans de Tyr. Les voix fe partagèrent une partie demandoit Raoul chancelier du roi, Anglois de nation, homme lettre & bien fait de fa perfonne, agréable au roi, à la reine & aux courtifans, mais de moeurs trop féculières. L'autre partie s'oppofa à cette élection & en appela au pape. Ils avoient à

XVI. . 17.

leur tête le patriarche Foucher, Jean de Pife archidiacre AN. 1140. de Tyr, depuis cardinal, Bernard évêque de Sidon, & Jean évêque de Beryte. Toutefois le chancelier Raoul fe mit en poffeffion par force de l'église de Tyr & de fes revenus, & en jouit pendant deux ans.

de Conftan

LXXVI. A Conftantinople le patriarche Leon Stypiote tint uni Condamna- concile au mois de Mai indi&tion troisième, qui doit être tion desécrits l'an 1140, où affiftèrent onze métropolitains & deux archetin Chryfo- Veques, avec les officiers de l'empereur. Ce concile fit un male. décret, où le patriarche dit en fubftante: nous avons appris de quelques moines du monastère de faint Nicolas, qu'il s'y trouve des écrits du défunt Conftantin Chryfomale, dont après les avoir lus ils ont été fort fcandalifes, à cause de la quantité d'impertinences & d'abfurdités qui y font contenues; & que ces écrits ont déjà été communiqués à plufieurs perfonnes, comme très-utiles & propres pour conduire à la perfection des mœurs. C'eft pourquoi nous étant appliqués très-foigneufement à cette affaire, nous avons recouvré trois exemplaires de ces écrits tirés de différens monaftères; & les ayant examinés en particulier & dans le concile, nous les avons trouvés pleins, non-feulement de nouveautés & d'extravagances, mais d'héréfies manifeftes: & principalement de celles des Enthoufiaftes & des Bogomiles.

Leo Allat. de
Conf. 11. c.

11.

L'auteur dit, entre autres chofes, que c'est adorer Satan, que de rendre honneur à quelque prince ou magistrat que ce foit. Que tous ceux qui ont été baptifés dans l'enfance, fuivant la coutume établie, ne font point véritablement chrétiens, parce qu'ils n'ont pas été inftruits auparavant que leurs vertus ne font que des vertus païennes; qu'ils ne doivent point lire l'évangile, qu'ils n'aient été inftruits, initiés à leurs mystères & transférés de la puiffance de Satan : fans quoi il ne leur ferviroit de rien, ni d'être élevés à l'épiscopat, ni de favoir l'écriture par cœur, ni d'instruire les autres, n'ayant que la science qui enfle. Tout de même que la pénitence eft inutile à ceux qui ne font pas régénérés par leur baptême: mais que ceux qui ont cet avantage & qui font les vrais chrétiens, ne font plus foumis à la loi, comme étant Eph. IV. 13. arrivés à la mefure de l'âge de Jefus-Chrift. Il dit en

core que tout chrétien a deux ames, l'une impeccable, l'autre péchereffe; & que celui qui n'en a qu'une n'eft pas en

core chrétien. Pour ces erreurs & plufieurs autres contenues dans ces livres, nous avons ordonné qu'ils feroient auffitôt jetés au feu, & prononcé anathême contre tous ceux qui font dans ces fentimens. Défendant généralement, que perfonne ne foit affez hardi pour proposer de nouvelles doctrines & s'attribuer l'autorité d'enfeigner. Nous défendons auffi à toute perfonne de lire aucun nouvel écrit, s'il n'a été examiné & approuvé par l'églife catholique, particulièrement ces écrits attribués à Chryfomale, & tous les autres du même auteur qu'on pourroit trouver : fous peine d'anathême & d'être livrés au bras féculier.

Quant à ceux chez lefquels ces écrits avoient été trouvés, & qui étoient deux fupérieurs de monastères : l'un d'eux nommé Pamphile, ayant demandé pardon, & déclaré qu'il ne les avoit lus que par ignorance & à bonne intention, le concile reçut fa fatisfaction, & le déchargea des peines qu'il avoit encourues. Mais l'autre nommé Pierre fut déclaré incapable de gouverner, & condamné à paffer dans un autre monastère pour y vivre fous la conduite d'un fupérieur ce qui lui fut accordé par grâce, après qu'il fe fut jeté aux pieds du patriarche & de tous les prélats du concile.

AN. 114

Guillaume archevêque

c 28. 29.

En Angleterre Turftain archevêque d'Yorck mourut le LXXVII. cinquième de Février 1140, après avoir tenu ce fiége vingt-fix ans ; & il vaqua près d'un an. Car Henri évé- d'Yorck. que de Vincheftre, frère du roi Etienne & légat du pape, Goduin Ebor. fit premièrement élire Henri de Coilli neveu du même Vita S. Guill prince mais comme il étoit abbé de faint Etienne de 8. Jun. ap. Caen, le pape Innocent ne voulut point qu'il fût arche- Boll. tom. 2. vêque, s'il ne renonçoit à l'abbaye. Au mois de Janvier P: 137 Monaft. An1141, on procéda à une nouvelle élection, & la plus g. tom. 2. p. grande partie s'accorda à choifir Guillaume tréforier de 745l'églife d'Yorck. Il étoit aufli neveu du roi Etienne, fils d'Emme fa fœur & d'Hebert comte de Vincheitre : fes moeurs étoient très-pures, fa douceur le rendoit aimable, & il étoit libéral envers les pauvres. Mais l'archidiacre Gautier & quelques autres s'opposèrent à fon élection; foutenant qu'elle n'avoit pas été libre, & que le comte d'Yorck l'avoit ordonnée de la part du roi. En effet ce comte avoit affifté à l'élection, & l'archidiacre Gautier s'étant mis en chemin pour aller trouver le roi, il le fit prendre & enfermer dans fon château de Bi

ham. Cependant l'archevêque élu fut mené à Lincolne, où AN. 1141. le roi le reçut agréablement, & le mit en poffeffion des ter

res de l'archevêché.

Ceux qui fe plaignoient de fon élection appellèrent au pape, & ils avoient pour eux des religieux de grand mérite, entre autres Guillaume abbé de Ridal, & Richard abbé de Fontaines; deux monaftères de l'ordre de Citeaux dans le diocèfe d'Yorck. Ils accufoient l'archevêque Guillaume d'avoir procuré fon élection par fimonie & par violence, & ils en perfuadèrent si bien S. Bernard, qu'il écrivit plufieurs ep. 346. 347. lettres au pape Innocent contre ce prélat. Il écrivit auffi à l'abbé de Ridal pour modérer fon zèle & le confoler de cette élection, par la maxime de S. Auguftin, que le péché d'autrui ne nous nuit point fi nous n'y confentons. Il ajoute que l'on peut fans fcrupule recevoir l'ordination & les autres facremens de la main d'un mauvais évêque, tant que l'églife le tolère.

ep. 353.

L'abbé de Fontaines alla à Rome avec l'archidiacre Gautier; l'archevêque élu s'y rendit auffi. La caufe fut examinée dans le confiftoire en 1142; & comme le principal chef d'accufation étoit, que le comte d'Yorck avoit en plein chapitre commandé de la part du roi d'élire le tréforier: le pape déclara qu'il pourroit être facré, fi le doyen d'Yorck affirmoit par ferment que le comte n'avoit point porté au chapitre cet ordre du roi, & fi l'archevêque Guillaume affirmoit lui-même qu'il n'avoit point donné d'argent pour cette dignité. On lui accorda même de pouvoir faire prêter le ferment par une autre perfonne approuvée, au lieu du doyen. En exécution de ce décret du pape, l'archevêque Guillaume, étant de retour en Angleterre, fe préfenta au jugement du légat fon oncle, dans une affemblée tenue à Vincheftre au mois de Septembre, où étoient les nobles du clergé d'Angleterre. La multitude étoit pour lui, & demandoit avec empreffement Goduin. Du- qu'il fût facré; & il ne se préfenta perfonne qui osár parel. p. 113. ler contre lui. Guillaume de fainte Barbe, qui de doyen d'Yorck étoit devenu évêque de Durham, fut mandé à cette affemblée : mais il s'excufa par un député; & à fa place se préfentèrent Raoul évêque des Orcades & deux abbés, qui firent le ferment avec l'élu. Ainfi il fut facré par le légat Henri évêque de Vincheftre, le dimanche vingt-feptième de Septembre 1142. Thibaud, archevêque de Can

torberi

torberi, prétendoit que cette ordination lui appartenoit : mais il n'approuvoit pas l'élection de Guillaume pour le fiége d'Yorck.

AN. 1142.

Pierre de la

Bern,

Il y eut auffi en France un grand trouble à l'occasion du LXXVIII. fiége de Bourges. L'archevêque Alberic étant mort l'an Chaftre ar1140, le pape fit élire à fa place Pierre de la Chaftre, chevêque d'une famille noble du pays, parent d'Aimeric chancelier de Bourges. de l'églife Romaine, & l'envoya prendre poffeffion. Mais an. 1142. Nang. Chr. le roi Louis-le-jeune, indigné qu'il eût été élu fans fon Rob. de monconfentement, jura publiquement que, lui vivant, Pierre te V. Gall. Chr. ne feroit jamais archevêque de Bourges: permettant à cette tom. 1. & églife d'élire tel autre archevêque qu'il lui plairoit; & il Mabill. ad. empêcha que Pierre ne fût reçu dans la ville. Pierre alla P. 219, 6. à Rome & fut facré par le pape, qui difoit que le roi étoit un jeune homme qu'il falloit inftruire, & empêcher qu'il ne s'accoutumât à de telles entreprifes. Ajoutant que les Chr. Maurin, élections n'étoient pas vraiment libres quand le prince don- P. 387. noit l'exclufion à quelqu'un ; à moins qu'il ne prouvât devant un juge eccléfiaftique qu'il ne devoit pas être élu: car alors le prince devoit être écouté comme un autre. Et parce que le roi avoit défendu à l'archevêque Pierre l'entrée de toutes les terres de fon obéiffarice, le pape les mit toutes en interdit, défendant d'y célébrer l'office divin.

Thibaud, comte de Champagne, qui avoit de grandes terres en Berri, prit fous fa protection l'archevêque Pierre, enforte que toutes les églifes lui obéiffoient. Mais le roi irrité affembla fes vaffaux, & porta la guerre en Champagne, où la ville de Vitri fut brûlée avec une grande multitude de peuple de tout fexe & de tout âge. Il fe joignit un Hift. Torn. autre fujet de divifion entre ces princes. Raoul comte de tom. 12. SpiVermandois, voulant époufer Petronille fœur de la reine cil. p. 480. Alienor, fit déclarer nul fon mariage avec la nièce du comte de Champagne, fous prétexte de parenté; & pour cet effet Simon évêque de Noyon, frère du comte Raoul, Barthelemi évêque de Laon, & Pierre de Senlis, témoignèrent par ferment, que le comte & la comteffe étoient fi proches parens que leur mariage ne pouvoit fubfifter, après quoi le comte Raoul époufa Petronille. Le comte de Champagne en porta fes plaintes au pape Innocent; & faint Bernard, lui écrivant pour le même fujet, ne manqua pas de faire valoir la protection que ce prince donnoit à l'archevêque de

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epift. 216.

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