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Atque sub hac platano mosti solatia casus
Alternant; Idas calamis, et versibus Alcon.

IDAS.

Quæ colitis silvas, Dryades, quæque antra, Napææ,
Et quæ marmoreo pede, Naiades, uda secatis
Litora, purpureosque alitis per gramina flores,
Dicite, quo prato Donacen, qua forte sub umbra
Inveniam, roseis stringentem lilia palmis?
Nam mihi jam trini perierunt ordine soles,
Ex quo consueto Donacen exspecto sub antro.
Interea, tamquam nostri solamen amoris
Hoc foret, aut posset rabidos medicare furores,
Nulla meæ trinis tetigerunt gramina vaccæ
Luciferis, nulloque biberunt amne liquores ;
Siccaque fetarum lambentes ubera matrum
Stant vituli, et teneris mugitibus aera complent.
Ipse ego nec molli junco, nec vimine lento
Perfeci calathos cogendi lactis in usus.

QUID tibi, quæ nosti, referam? scis mille juvencas

Esse mihi nosti nunquam mea mulctra vacare.

:

Idas ille ego sum, Donace, cui sæpe dedisti
Óscula, nec medios dubitasti rumpere cantus,
Atque inter calamos errantia labra petisti.
Eheu ! nulla meæ te tangit cura salutis :
Pallidior buxo, violæque simillimus erro.
Omnes ecce cibos, et nostri pocula Bacchi
Horreo; nec placido memini concedere somno.
Te sine, væ misero! mihi lilia nigra videntur,
Pallentesque rosæ, nec dulce rubens hyacinthus,

chevelure ondoyante. Pour charmer leur douleur, ils chantèrent tour à tour sous ce platane : Idas jouait du chalumeau, Alcon chantait.

IDAS.

Nymphes des bois, et vous habitantes des grottes, Napées, et vous Naïades, dont les pieds blancs semblent voler sur les humides rivages, vous qui alimentez les fleurs brillantes au sein de la verdure, dites-moi dans quel pré, sous quel arbre trouverai-je Donace cueillant des lis de ses doigts de rose? Car le soleil s'est déjà couché trois fois depuis que je l'attends dans cet antre chéri. Sensibles à ma douleur, pour calmer mon amoureux délire, depuis trois jours mes vaches n'ont point touché le gazon, et ne se sont désaltérées à aucun fleuve; leurs veaux lèchent en vain leurs mamelles desséchées, et remplissent l'air de tendres mugissements. Moimême j'ai oublié de faire, avec le jonc pliant et le souple osier, les corbeilles qui servent à presser mon laitage.

Que te dirai-je que tu ignores? Tu sais que j'ai mille génisses et que mes vases sont toujours pleins de lait. Donace, je suis ce même Idas à qui tu donnas souvent des baisers, Idas, pour qui tu ne craignis pas d'interrompre tes chansons en approchant tes lèvres des siennes, quand elles erraient sur son chalumeau. Hélas! tu n'as donc nul souci de mes jours? Plus pâle que le buis, aussi jaune que les fleurs du violier, je marche sans savoir où je dirige mes pas. Je déteste tous les mets, tous les vins, et j'oublie de me livrer au doux sommeil. Malheureux! sans toi, les lis me semblent noirs, et les roses sans couleur ; l'hyacinthe perd son moelleux carmin, le myrte et le laurier leurs

Nullos nec myrtus, nec laurus spirat odores.
At tu si venias, et candida lilia fient,
Purpureæque rosæ, et dulce rubens hyacinthus,
Tum mihi cum myrto laurus spirabit odores.
Nam dum Pallas amet turgentes sanguine baccas3,
Dum Bacchus vites, deus et sata poma Priapus,
Pascua læta Pales, Idas te diliget unam.
HÆC Idas calamis: tu, quæ responderit Alcon
Versu, Phoebe, refer; sunt aurea carmina Phœbo.

ALCON.

O montana Pales, o pastoralis Apollo,

Et nemorum Sylvane potens, et nostra Dione,
Quæ juga celsa tenes Erycis, cui cura jugales
Concubitus hominum totis connectere sæclis,
Quid merui, cur me Donace formosa reliquit?
Munera namque dedi, noster quæ non dedit Idas;
Vocalem, longos quæ ducit, aedona, cantus,
Quæ, licet interdum contexto vimine clausa,
Quum parvæ patuere fores, ceu libera ferri
Novit, et agrestes inter volitare volucres ;
Scit rursus remeare domum, tectumque subire
Viminis, et caveam totis

præponere silvis.
Præterea tenerum leporem, geminasque palumbes
Nuper, quæ potui, silvarum præmia misi.
Et post hæc, Donace, nostros contemnis amores!
FORSITAN indignum ducis, quod rusticus Alcon
Te cupiam, qui mane boves in pascua ducam :
Di pecorum pavere greges, formosus Apollo,
Pan doctus, Fauni vates, et pulcher Adonis.

suaves parfums. Ah! si tu venais, les lis reprendraient leur blancheur, les roses leur éclat, l'hyacinthe sa pourpre veloutée, le myrte et le laurier leur douce odeur. Tant que Pallas aimera les baies mûres de l'olivier, Bacchus la vigne, Priape les vergers, Palès les gras pâturages, Idas ne chérira que toi.

Tels sont les vers qu'Idas chanta sur ses pipeaux. Apollon, fais-nous entendre la réponse d'Alcon. Les vers sont pour toi ce qu'est l'or pour les humains.

ALCON.

Protectrice des montagnes, ô Palès! Apollon, dieu des bergers, Silvain, toi qui règnes dans les forêts, et toi, Vénus, que ma patrie adore, toi qui occupes les hauts sommets de l'Éryx, et qui enchaînes toutes les générations par les lois de l'hymen, quel crime ai-je commis, pour que la charmante Donace m'abandonne? Je lui ai fait de plus beaux présents qu'Idas; je lui ai donné un rossignol dont les accents sont aussi harmonieux que prolongés. Il est quelquefois enfermé dans sa cage d'osier; mais, quand la petite porte s'ouvre, il erre en liberté, et voltige parmi les oiseaux des champs ; puis il revient au logis, et rentre dans sa demeure, qu'il préfère à tous les bois. Naguère encore je lui ai envoyé un jeune lièvre et deux ramiers que je suis parvenu à ravir aux forêts. Et, après cela, Donace, tu dédaignes mes feux !

Peut-être regardes-tu comme indigne de toi la flamme d'Alcon, , parce que, tous les matins, il conduit les boeufs aux pâturages. Mais les dieux ont fait paître les troupeaux; le bel Apollon, le docte Pan, le charmant Ado

Quin etiam fontis speculo me mane notavi,
Nondum purpureos Phoebus quum tolleret ortus,
Nec tremulum liquidis splenderet lumen in undis.
Quod vidi, nulla tegimur lanugine malas :
Pascimus et crinem; nostro formosior Ida
Dicor, et hoc ipsum mihi tu narrare solebas,
Purpureas laudando genas, et lactea colla,
Atque hilares oculos, et formam puberis ævi.
Nec sumus indocti calamis : cantamus avena
Qua Divi cecinere prius, qua dulce locutus
Tityrus, e silvis dominam pervenit ad urbem.
Nos quoque, te propter, Donace, cantabimur Urbi;
Si modo coniferas inter viburna cupressos,
Atque inter pinos corylum frondescere fas est.
Sic pueri Donacen toto sub sole canebant;
Frigidus e silvis donec descendere suasit
Hesperus, et stabulis pastos inducere tauros.

X

PAN'.

NYCTILOS atque Mycon, necnon et pulcher Amyntas

Torrentem patula vitabant ilice solem;

Quum Pan venatu fessus recubare sub ulmo

Cœperat, et somno lassatas sumere vires;

Quem super ex tereti pendebat fistula ramo.
Hanc pueri (tanquam prædam pro carmine possent
Sumere, fasque esset calamos tractare deorum)

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