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écailleux ne sillonne plus la terre de ses replis tortueux; moi seul je chante, tous les bois retentissent de mes accents, et ma voix lutte avec le chant des cigales.

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Que chacun chante ses amours; chanter adoucit le chagrin. >>

LYCIDAS.

Et toi, impitoyable enfant, prends garde que le soleil n'altère la blancheur de ton teint; le soleil enlève la fraîcheur des joues. Viens avec moi te reposer à l'ombre de ces pampres : là murmure doucement une source d'eau vive; là, de la cime des ormeaux, pendent les grappes vermeilles d'une vigne féconde.

« Que chacun chante ses amours; chanter adoucit le chagrin. >>

MOPSUS.

Qui pourra supporter les mépris de la fière Méroé, endurera les frimas de la Thrace et les chaleurs de la Libye; il boira l'onde amère, bravera les sucs pernicieux de l'if, triomphera des poisons de la Sardaigne, et assujettira au joug les lions d'Afrique.

«Que chacun chante ses amours; chanter adoucit le chagrin. >>

LYCIDAS.

Qui aimera les garçons devra revêtir son cœur d'une cuirasse d'acier, procéder avec prudence, savoir aimer longtemps sans se plaindre, ne pas se rebuter de trouver la fierté dans leurs jeunes âmes, supporter enfin leurs dédains. C'est ainsi qu'un jour il pourra goûter le bonheur après lequel il aspire, si toutefois les dieux prennent en pitié les tourments de l'amour.

<< Que chacun chante ses amours; chanter adoucit le chagrin.»

MOPSUS.

Quid prodest, quod me pagani mater Amyntæ
Ter vittis, ter fronde sacra, ter ture vaporo
Lustravit, cineresque aversa effudit in amnem
Incendens vivo crepitantes sulfure lauros;
Quum sic in Meroen totis miser ignibus arsi?

« Cantet, amat quod quisque levant et carmina curas. »

LYCIDAS.

Hæc eadem nobis quæ versicoloria fila,

Et mille ignotas Mycale circumtulit herbas ;
Cantavit quod luna timet, quo rumpitur anguis,
Quo currunt scopuli, migrant sata, vellitur arbos:
Plus tamen ecce meus, plus est formosus Iolas.

« Cantet, amat quod quisque : levant et carmina curas. »

MOPSUS.

Pourquoi donc la mère du rustre Amyntas a-t-elle autour de moi décrit des cercles, trois fois avec des bandelettes, trois fois avec des feuilles sacrées, et trois fois avec de l'encens? Pourquoi a-t-elle embrasé avec du soufre des lauriers pétillants, et jeté les cendres dans un fleuve en détournant la tête, puisque je brûle en vain pour Méroé de tous les feux de l'amour?

« Que chacun chante ses amours; chanter adoucit le chagrin. >>

LYCIDAS.

Mycale n'a-t-elle pas aussi promené autour de moi des fils de diverses couleurs et mille herbes inconnues? n'a-t-elle pas chanté un air que redoute la lune, qui fait mourir les serpents, courir les rochers, voyager les moissons, et qui déracine les forêts? et cependant le bel Iolas n'a point cédé à tous ces charmes !

« Que chacun chante ses amours; chanter adoucit le chagrin. >>

NOTES

SUR LES BUCOLIQUES DE CALPURNIUS.

1.

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PREMIÈRE ÉGLOGUE.

Galerus (v. 7). Bonnet ou coiffure faite de joncs ou de peaux de bêtes, que portaient les bergers, les chasseurs et les laboureurs pour se garantir de la chaleur du soleil.

2.

pour

Bullantes (v. 11). Bullantes est mis bullas excitantes. 3. Pervia fecit sacraria (v. 15). Ceux qui avaient usé pendant la nuit des plaisirs de l'amour, ne pouvaient entrer dans un lieu consacré. On désignait particulièrement sous le nom de sacraria les endroits retirés des forêts où l'on adorait Pan, Faune ou Diane.

4. Jubila (v. 30). D'après Festus et Varron, on appelait jubila des cris ou des exclamations rustiques qui séparaient les couplets ou les vers d'une chanson.

5. · Maternis causam qui lusit in ulnis (v. 45). Hyperbole outrée, qui donne à entendre que Carin et Numérien se distinguèrent fort jeunes au barreau. Vopiscus assure que Numérien brilla par son éloquence, et qu'une de ses statues portait cette inscription: ORATOR SUIS TEMPORIBUS POTENTISSIMUS.

6.

· Deus ipse (v. 46). Ici l'empereur Carus est désigné à part. Il n'est plus question de ses deux fils Carin et Numérien.

7. Notus jacens, erectus Boreas (v. 74). Les anciens croyaient que les contrées boréales étaient plus élevées que les régions australes. Voyez Virgile, Géorg., liv. 1, v. 291, traduit par Delille :

Le globe, vers le nord hérissé de frimas,

S'élève et redescend vers les brûlants climats.

8. Vicesima (v. 77). Calpurnius prétend que la comète qui avait paru sous le règne de Carus, pendant vingt jours, avec une clarté blanche et pure, avait annoncé l'avènement d'un nouveau prince à l'empire, ainsi que la félicité du peuple romain.

9. — Ex meritis (v. 87), signifie « à cause des exploits ou des actions illustres, » et non « à cause des bienfaits. » Defunctos se rapporte à imperatores, sous-entendu. La phrase du poëte: Non prius censeat defunctos Penates équivaut, à celle-ci : Non prius credat ex meritis suis defunctos imperatores accessisse diis. Le verbe censere est solennel et s'employait souvent dans les décrets du sénat. Le sens est que Rome ne doit décider qu'un empereur mort est admis au rang des dieux, qu'autant que son successeur a été élevé sur le trône..

10.

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Occasus nisi quum respexerit ortus (v. 88). Expressions figurées, tirées du lever et du coucher des astres, et qui s'appliquent à la mort d'un prince et à l'avénement d'un autre.

DEUXIÈME ÉGLOGUE.

1. Intactam (v. 1). L'épithète intacta, appliquée à une jeune fille, caractérise non-seulement ses mœurs chastes et pures, mais encore sa sévérité farouche envers les amants.

2.

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Adfuit omne genus pecudum (v. 10). Ce vers et les dix suivants déparent malheureusement cette charmante églogue. Virgile se garde bien de convoquer la nature entière pour assister à la lutte de deux bergers.

3.

4.

--

Tada (v. 29). Ce mot veut dire ici branche de sapin.

Ut niger alba (v. 36). Idée heureusement exprimée. Virgile n'eût pas mieux réussi ; c'est un modèle de concision.

5. · Non minus arte mea (v. 40). Le jardinier oppose avec art les prodiges de la greffe aux métamorphoses qui s'opèrent dans la couleur des agneaux. Virgile, dans le second livre de ses Géorgiques, a poétiquement décrit les merveilles de la greffe. Nous citerons la traduction de Delille, qui rend toute la fraîcheur et toute la grâce de l'original :

D'autres seront greffés sur les planes stériles
On porte du pommier les rejetons fertiles;
Le hêtre avec plaisir s'allie au châtaignier;
La pierre abat la noix sur l'aride arbousier;
Le poirier de sa fleur blanchit souvent le frêne;
Et le porc sous l'ormeau broya le fruit du chêne.

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