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NOTICE

SUR NÉMÉSIEN.

Le véritable nom de famille de Némésien, poëte de Carthage. paraît avoir été Olympius; celui de Némésien, sous lequel on le désigne communément, indique sans doute que ses ancêtres s'étaient fixés à Némésium, ville de la Marmarique, district de la Libye. Vopiscus rapporte, dans la Vie de Numérien, qui, en 284, fut revêtu de la pourpre des Césars, que Némésien disputa le prix de poésie avec ce prince, et qu'il remporta sur lui la victoire. Il est possible que Némésien fût le parent de ce prince; du moins l'empereur Carus et ses deux fils, Carinus et Numerianus, portent, comme notre poëte, les prénoms de Marc Aurèle.

Vopiscus nous apprend encore que Némésien composa des Halieutiques, des Cynégétiques et des Nautiques, et qu'il gagna toutes sortes de couronnes. Nous ne possédons que l'un des trois poëmes dont parle l'historien, celui de la Chasse ou les Cynégétiques, et des fragments de deux autres.

Les Cynégétiques ne renferment que trois cent vingt-cinq vers. L'ouvrage est incomplet, soit que Némésien ne l'ait pas achevé, soit qu'une partie en ait été perdue. Le plan du poëme est entièrement différent de celui de Gratius Faliscus. Ce dernier parle, en un seul chant, et très-succinctement, de toutes les espèces de chasses; Némésien, au contraire, paraît avoir traité chacune séparément, et d'une manière détaillée. Dans le premier livre, le seul qui nous soit parvenu, il n'est question que des préparatifs de la chasse, de l'éducation des chiens et des chevaux, et des instruments qui sont nécessaires au chasseur. Dans ce morceau, le poëte imite souvent Virgile et Oppien. Rien n'indique qu'il ait connu Gratius.

Son ouvrage, remarquable sous le rapport de la correction et de l'élégance, n'est pas exempt des défauts du siècle où il a vécu,

la recherche et la bouffissure. Les cent premiers vers pourraient aisément être supprimés, sans que le poëme souffrît de ce retranchement. Jamais l'érudition ne fut étalée plus mal à propos et en termes moins convenables; il faut reculer jusqu'à Claudien pour trouver une abondance aussi verbeuse et un luxe aussi stérile. C'est le type de la diffusion espagnole et africaine. Gentis suæ superavit quidem indolem, dit Rapin; sed semper aliquid præ se fert transmarinæ peregrinitatis.

Outre les Cynégétiques il existe aussi quatre idylles ou églogues que les anciennes éditions ont données sous le nom de Némésien*. On a cru pouvoir attribuer encore à notre auteur un petit poëme en l'honneur d'Hercule, composé de cent trente-sept vers, et qu'on trouve dans certaines éditions de Claudien, quoiqu'il n'existe presque aucune raison de le regarder comme une production de ce poëte.

C.-D.

* Voir la Notice sur Calpurnius, page 43 de ce volume.

M. AUR. OLYMPII

NEMESIANI

POETE CARTHAGINIENSIS

CYNEGETICON.

VENANDI cano mille vias; hilaresque labores',
Discursusque citos, securi proelia ruris,

2

Pandimus. Aonio jam nunc mihi pectus ab œstro Estuat, ingentes Helicon jubet ire per agros; Castaliusque mihi nova pocula fontis alumno Ingerit, et late campos metatur apertos ; Imponitque jugum vati, retinetque corymbis Implicitum, ducitque per avia 3,

sola , qua nunquam Trita rotis. Juvat aurato procedere curru, deo virides en ire :

per herbas

Et parere
Imperat; intacto premimus vestigia musco.
Et quamvis cursus se ostendat tramite noto,
Obvia Calliope, facies insistere prato
Complacito, rudibus qua luceat orbita sulcis.
NAM quis non Nioben 5 numeroso funere mœstam

M. AUR. OLYMPIUS

NÉMÉSIEN

DE CARTHAGE.

POËME

SUR LA CHASSE.

JE chante les innombrables genres de chasses; je dirai les joyeux exercices, les courses rapides, et les combats qui troublent la paix des campagnes. Déjà l'enthousiasme embrase mon sein; les Muses m'ordonnent de m'élancer dans de vastes plaines; Apollon montre à son élève des sources nouvelles, et lui découvre un immense horizon; il m'impose ses lois, il couronne ma tête de lierre, et me conduit dans des lieux qui ne virent les pas d'aucun mortel. Il m'est doux de me promener sur un char d'or et d'obéir à un dieu : ce dieu veut que je parcoure de vertes prairies. Je foule un terrain vierge. Quoique je puisse diriger ma course dans un chemin frayé, viens à mon aide, Calliope; ne permets pas que je m'égare dans le champ que j'ai choisi, et soutiens mon essor dans cette voie nouvelle.

Quel poëte n'a pas chanté la désolation de Niobé à

Jam cecinit? Quis non Semelen 6, ignemque jugalem
Letalemque simul, novit de pellicis astu?
Quis magno recreata tacet cunabula Baccho?
Ut pater omnipotens maternos reddere menses
Dignatus, justi complerit tempora partus?
Sunt qui sacrilego rorantes sanguine thyrsos "
(Nota nimis) dixisse velint, qui vincula Dirces 8.
Pisæique tori legem 9, Danaique cruentum 10
Imperium, sponsasque truces sub fœdere primo,
Dulcia funereis mutantes gaudia tædis.

II

Biblidos indictum nulli scelus; impia Myrrhæ12

2

Connubia, et sævo violatum crimine patrem
Novimus, utque Arabum fugiens quum carperet arva,
Ivit in arboreas frondes, animamque virentem.
SUNT qui squamosi referant fera sibila Cadmi13,
Stellatumque oculis custodem virginis Ius 14,
Herculeosque velint semper numerare labores,
Miratumque rudes se tollere Terea 15 pinnas
Post epulas, Philomela, tuas. Sunt ardua mundi
Qui male tentantem curru Phaethonta loquantur,
Exstinctasque canant emisso fulmine flammas,
Fumantemque Padum, Cygnum 16, plumamque senilem,
Et flentes semper germani funere 17 silvas.
Tantalidum casus 18, et sparsas sanguine mensas,
Condentemque caput visis Titana Mycenis,
Horrendasque vices generis dixere priores.
Colchidos 19 iratæ sacris imbuta venenis

Munera non canimus, pulchræque incendia Glauces,
Non crinem Nisi 20, non sævæ pocula Circes,
Nec nocturna pie furantem busta sororem 21.

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