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APPENDICE

DES POEMES

SUR LA CHASSE.

mis

I

ÉPITAPHE D'UNE CHIENNE DE CHASSE.

La Gaule m'a vue naître. Je portais le nom d'un riche coquillage, et ce nom convenait à ma beauté. Je savais battre sans crainte les taillis dangereux, et poursuivre dans les montagnes les bêtes furieuses. Jamais je ne connus les lourdes chaînes, jamais je ne souffris le fouet cruel. J'étais blanche. Je m'étendais mollement sur le sein de mon maître et de ma maîtresse; et, quand j'étais lasse, je me reposais sur leur lit. Ma langue était muette; personne ne redouta mes aboiements. Je suis morte en mettant bas au milieu des douleurs; et maintenant la terre cache ma dépouille sous un petit monument de marbre.

II

SUR LE CHASSEUR JUVENAL.

L'intrépide Juvénal va percer un sanglier énorme. L'épaule inclinée et le pied gauche en avant, il lui porte un coup terrible, et se dérobe aux morsures de l'animal écumant.

III

I

DE APRO.

INVADUNT post terga suem: stat torvus in ira 2. Creticus 3 excutitur lunato dente 4 rebellis 5. Quem socius morsu auxilians defendit in hoste".

IV

AD DIANAM'.

MUNERE te hoc dono, Latonia, sancta virago 2: Cornigeram3 cepi, virtute et laude potitus 4, Exuviisque ejus 5 templum tuum decoravi.

III

SUR UN SANGLIER.

Deux chiens crétois attaquent par derrière un sanglier qui les menace avec fureur. L'un, malgré son acharnement, est repoussé par ses dents recourbées; l'autre vole à son secours, et le garantit par ses morsures des coups de l'ennemi.

IV

A DIANE.

Fille de Latone, vierge pure, accepte ce présent : je t'offre une biche qui n'a pu échapper à ma poursuite et à mon adresse. Je veux orner ton temple de sa dépouille.

NOTES

DE L'APPENDICE DES POËMES SUR LA CHASSE.

ÉPITAPHE D'UNE CHIENNE DE CHASSE.

1. Cette pièce, tirée de l'Anthologie latine de Burmann, ne manque pas d'élégance, et paraît être d'un ancien poëte. Elle est néanmoins inférieure à celle de Martial (liv. xi, épigr. 69) sur le même sujet :

2.

Epitaphium canis Lydiæ.
Amphitheatrales inter nutrita magistros
Venatrix, silvis aspera, blanda domi,
Lydia dicebar, domino fidissima Dextro,
Qui non Erigones mallet habere canem,
Nec qui Dictæa Cephalum de gente secutus,
Luciferæ pariter venit ad astra deæ.
Non me longa dies, nec inutilis abstulit ætas,
Qualia Dulichio fata fuere cani.

Fulmineo spumantis apri sum dente perempta,

Quantus erat, Calydon, aut, Erymanthe, tuus.

Nec queror, infernas quamvis cito rapta sub umbras:
Non potui fato nobiliore mori.

Gallia me genuit (v. 1). Les chiens gaulois, comme on peut en juger d'après Xénophon, Gratius, Oppien, Némésien et Pollux, étaient fort estimés pour la chasse; ils étaient connus sous les noms de Vertraha, Vertagus ou Gallicus. Ovide (Métam., liv. 1, v. 533) compare Apollon poursuivant Daphné à un chien gaulois près d'atteindre un lièvre :

Ut canis in vacuo leporem quum Gallicus arvo
Vidit; et hic prædam pedibus petit, ille salutem :
Alter inhæsuro similis, jam jamque tenere
Sperat, et extento stringit vestigia rostro:
Alter in ambiguo est an sit deprensus, et ipsis
Morsibus eripitur, tangentiaque ora relinquit :
Sic deus, et virgo est; hic spe celer, illa timore.

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3.

Concha dedit (v. 2). On présume que cette chienne de

chasse pouvait s'appeler Murex ou Margarita.

-

4.Nec plus (v. 9). Si l'on songe au reproche que Gratius fait aux chiens d'Étolie, on sera tenté de substituer Nec plus à Et plus. « Ils lancent, dit-il, en aboyant un sanglier qu'ils n'ont pas encore aperçu, et rendent par là un perfide service aux chasseurs, en effrayant la bête par leurs cris. » La leçon vulgaire rend la pensée insignifiante; elle fait dire à la chienne : « Je n'étais pas muette, et personne ne craignit mes aboiements. »

5. — Tegit (v. 12). Il s'agit d'un monument qui existe déjà. En conséquence je prefère tegit à teget que donne l'édition de Lemaire.

SUR LE CHASSEUR JUVENAL.

1. Ces trois vers sont la description d'un tableau de chasse. Ils forment une peinture animée.

2. Excipit (v. ï). Ce verbe est consacré pour exprimer la défense intrépide d'un chasseur qui reçoit et repousse bravement l'attaque d'une bête féroce. Virgile a dit (En., liv. x, v. 387) :

Incautum crudeli morte sodalis

Excipit, atque ensem tumido in pulmone recondit.

3. Incumbens.... pronior (v. 2). L'attitude du chasseur est parfaitement représentée par ces deux mots. On lit de même dans Virgile:

Calcemque terit jam calce Diores

Incumbens humeris.

(Æn. lib. v, v. 325.)

On peut remarquer que Virgile a mis humeris au pluriel, parce qu'il parle d'un homme qui court, tandis que l'auteur de l'inscription a employé tout aussi justement le singulier humero, parce qu'il s'agit, dans son tableau, d'un chasseur qui tient son épieu en arrêt, une épaule et un pied en avant, pour porter un coup plus vigoureux.

1.

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SUR UN SANGLIER.

Invadunt (v. 1). Il faut sous-entendre canes ou venatores. 2. Stat torvus in ira (v.1). Expression poétique qui représente bien un sanglier furieux lançant sur les chasseurs et sur les chiens un regard foudroyant.

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