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ARBORIUS

TRADUCTION NOUVELLE

PAR M. CABARET-DU PATY

Professeur de l'Université.

NOTICE

SUR ARBORIUS.

ÉM. MAGNUS ARBORIUS, Oncle maternel d'Ausone, et rhéteur de Toulouse, qui fut ensuite appelé à Constantinople pour l'instruction d'un jeune César, passe pour l'auteur d'une élégie en quatre-vingt-douze vers, adressée à une jeune fille trop parée, Ad nympham nimis cultam. C'est une imitation de la seconde élégie de Properce.

Quid juvat ornato procedere, vita, capillo?

Et tenues Coa veste movere sinus?

(Lib. I, eleg. 2, v. 1.)

On ne saurait, sans doute, mettre sur la même ligne la pièce de Properce et celle d'Arborius. Le poëte du siècle d'Auguste se distingue par une plus grande justesse d'idées, un choix plus varié d'images, et une fleur de poésie qui n'appartient qu'aux littératures du premier ordre. Il écrit sous l'inspiration d'une raison mûre, amie du naturel et de la vérité, tandis que son imitateur, qui s'est proposé d'interdire la prétention et la recherche dans la parure, semble, en déployant tous les artifices d'un style coquet et fleuri, vouloir parer ses vers de tous les ornements qu'il retranche à la toilette de la jeune fille à laquelle il adresse ses conseils. Les compositions nobles et délicates sont toujours simples; la simplicité, qui est le cachet du talent, disparaît quand les figures du langage sont répandues avec profusion. Arborius sème, pour ainsi dire, à pleines mains ces grâces du discours qui en font l'assaisonnement, et qui, par cette raison, ne doivent pas être prodiguées. Préoccupé du désir de plaire, il craint tellement qu'une pensée belle par elle-même ne frappe pas, qu'il la présente sous tous les jours où elle peut être vue, et qu'il la gâte en la surchargeant de couleurs.

Néanmoins, malgré ces légères taches, qui ressemblent aux aimables défauts reprochés à Sénèque (dulcibus abundat vitiis), l'élégie d'Arborius produit à la lecture un agréable effet. On se laisse séduire par ses gracieuses images, par son langage tendre et passionné, et on lui pardonne aisément les efforts qu'il a faits pour nous plaire. S'il règne un peu d'uniformité dans ses idées et d'exagération dans ses sentiments, n'usons pas d'une sévérité excessive envers sa pièce. Celle de Properce est-elle d'ailleurs parfaite? n'a-t-elle pas quelques longueurs, et l'étalage de l'érudition ne s'y fait-il pas trop sentir?

C.-D.

ÆMILIUS

MAGNUS ARBORIUS

ᎪᎠ

NYMPHAM NIMIS CULTAM'.

PARCE, precor, virgo, toties mihi culta videri,
Meque tuum forma perdere parce tua2.
Parce supervacuo cultu componere membra3:
Augeri studio 4 tam bona forma nequit.
Ne tibi sit tanto caput et coma pexa labore,
Et caput hoc bellum est, et coma mixta placet.
Ne stringant rutilos tibi serica vincla capillos,
Quum vincant rutila serica vincla comæ.
Nec tibi multiplicem crines revocentur in orbem,
Inculti crines absque labore placent.

AUREA nec video 5 cur flammea vertice portes,
Aurea nam nudo vertice tota nites.
Utraque fert auris aurum, fert utraque gemmas,
Utraque nuda novis anteferenda rosis.
Ora facis vitreo tibi splendidiora nitore,

Quum tamen ora vitro splendidiora geras.
Incendunt niveum lunata monilia collum,

6

Nec collum simplex dedecuisse potest.

ÉMILIUS

MAGNUS ARBORIUS

A

UNE JEUNE FILLE TROP PARÉE.

CESSE, je t'en supplie, jeune fille, de renouveler si souvent pour moi ta parure, cesse de me rendre martyr de ta beauté. A quoi bon tout ce luxe inutile? la toilette ne saurait ajouter à tes attraits. Faut-il donc tant d'artifice pour orner une aussi belle chevelure, et parer une aussi jolie tête? La soie peut-elle donner du lustre à tes cheveux qui en effacent l'éclat? Pourquoi en arrondir les innombrables tresses? ils me plaisent davantage sans art et sans apprêt.

Que signifie l'or qui étincelle sur ta tête, lorsque, sans aucune parure, tu brilles plus que ce métal précieux? L'or et les diamants ont-ils besoin de pendre à tes oreilles, dont le carmin l'emporte sur l'incarnat des roses? Lorsque tes joues vermeilles sont plus resplendissantes que le cristal, pourquoi peindre ton visage d'un éclat emprunté? Pourquoi, lorsque la simple nature embellit ton cou d'albâtre, y vois-je serpenter les rubis? Pourquoi ton sein

P. Min. 1.

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