CORYDON. Quo me cumque vocas, sequor, Ornite; nam mea Leuce, ORNITUS. qua Prome igitur calamos, et si recondita servas; Sed nuper Et jam captatæ pariter successimus umbræ. quænam sacra descripta est pagina fago, Quam modo nescio quis properanti falce notavit? CORYDON. Adspicis ut virides etiam nunc littera rimas ORNITUS. corpus. Non pastor, non hoc triviali more viator, t; Sed deus ipse canit: nihil armentale resultat CORYDON. Mira refers; sed rumpe moras, oculoque sequaci ORNITUS. « Qui juga, qui silvas tueor satus æthere Faunus, Hæc populis ventura cano: juvat arbore sacra Læta patefactis incidere carmina fatis. CORYDON. J'irai partout où tu voudras, Ornitus; car ma chère Leucé, en me refusant les joyeuses étreintes de la nuit, m'a rendu accessible le sanctuaire de Faune. ORNITUS. Prends donc tes pipeaux, et joue les airs que tu tiens en réserve; je t'accompagnerai de la flûte que l'adroit Lygdon m'a faite dernièrement avec un solide roseau........ Nous voici arrivés à l'ombrage que nous cherchions.... Mais que signifient les caractères sacrés que la serpe d'un inconnu vient de tracer rapidement sur ce hêtre? CORYDON. Vois-tu comme les lettres, loin d'entr'ouvrir leurs sillons desséchés, conservent encore leur verte fraîcheur? . Approche davantage, Ornitus; tu pourras lire plus vite les vers gravés sur l'écorce car ton père t'a gratifié d'assez longues jambes, et ta mère n'a rien épargné pour te hausser la taille. ORNITUS. Ce n'est ni un pâtre ni un poëte de carrefour, mais Pan lui-même qui a fait ces vers. Ils n'ont rien de grossier; ils ne sont coupés par aucune exclamation, comme les airs de nos montagnes.. CORYDON. Tu m'étonnes; mais hâte-toi de me lire sans interruption ces vers divins. ORNITUS. << Fils du ciel, protecteur des forêts et des montagnes, moi Faune, voici l'avenir que j'annonce aux nations; c'est sur l'arbre qui m'est consacré que je me plais à inscrire ces vers heureux qui présagent leur destinée : « Vos o præcipue nemorum gaudete coloni, << AUREA secura cum pace renascitur ætas, << CANDIDA pax aderit, nec solum candida vultu, Omne procul vitium simulatæ cedere pacis Réjouissez-vous avant tous les autres, habitants des bois, ô mes sujets, réjouissez-vous. Tous les troupeaux pourront errer en paix, et les pâtres n'auront plus ber soin de les enfermer dans des claies de frêne pendant la nuit. Aucun larron ne dressera d'embûches aux bergeries, et n'emmènera les bêtes de somme après avoir détaché leurs liens. « Avec la sécurité renaît l'âge d'or, et, dépouillant ses longs habits de deuil, la bienfaisante Astrée revient sur la terre. La prospérité marche sur les pas d'un héros qui se distingua dès sa plus tendre jeunesse dans le sanctuaire des lois. Tant que ce dieu gouvernera le monde, l'impitoyable Bellone aura les mains enchaînées sur le dos, et, dépouillée de ses traits, d'une dent furieuse elle déchirera ses propres entrailles; les dissensions civiles qu'elle promenait dans tout l'univers, se tourneront contre elle; Rome n'aura plus de Philippes à pleurer, et ne célébrera plus les triomphes de ses enfants captifs; les guerres seront refoulées dans les cachots du Tartare, et leurs têtes, plongées dans les ténèbres, redouteront la lumière du jour. << La paix va nous sourire, non cette paix aux dehors trompeurs, qui souvent, sans guerre déclarée, malgré la soumission des ennemis étrangers, fomentait sourdement, le fer à la main, des discordes publiques. La clémence a dissipé tout faux-semblant de paix, et fait rentrer dans le fourreau les glaives insensés. On ne verra plus de sénateurs enchaînés s'avancer tristement au supplice, et lasser le bras des bourreaux; les prisons, encombrées de victimes, n'éclairciront plus les rangs du malheureux sénat. Partout règnera une paix absolue, et le sanglant usage du fer sera aussi inconnu que sous l'empire de Saturne dans le Latium, ou sous celui de Numa qui, le premier, fit goûter Altera regna Numæ, qui primus ovantia cæde CORYDON. Ornite, jam dudum velut ipso numine plenus ORNITUS. Carmina, quæ nobis deus obtulit ipse canenda, |