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DE

CONSALVE

DE CORDOUE,

SURNOM ME'

LE GRAND CAPITAINE

TOME 11.

Par le R. P. DUPONCET, de la Compagnie
de JESUS.

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Chez JEAN MARIETTE, rue S. Jacques,
aux Colonnes d'Hercule.

MDCC. XIV.

AVEC PRIVILEGE DU ROY.

HISTOIRE

DE

CONSALVE

DE CORDOUE,

SURNOM ME'

LE GRAND CAPITAINE.

LIVRE QUATRIE ME.

A guerre que les François avoient déclarée aux Espagnols. en Italie au fujet des limites des Provinces qu'ils s'étoient cedées les uns aux autres par le traité de partage, n'avoit pas peu confirmé Ferdinand Roy d'Efpagne, dans l'opinion qu'il avoir, que comme un soleil fuffit pour tout le monde, il ne falloit de même qu'une puiffance fouveraine dans unRoyaume; & que fi luy ou le Roy de France ne deTome II.

A

meuroit l'unique poffeffeur de celuy de Naples, cet Etat ne cefferoit jamais d'être en proye à la jaloufie de deux rivaux, qui avec une égale ambition de le conquerir, prétendoient chacun de fon côté y avoir des droits inconteftables. Les progrès confiderables des Francois, & le peu d'apparence qu'il y avoit que l'Espagne pût reprendre la fuperiorité fur eux, devoient ce femble faire quitter la partie à Ferdinand, & le réfoudre à porter fes armes ailleurs. Mais foit que de luymême il fe roidît contre le torrent des adverfitez, foit que cette fermeté luy fut infpirée par l'efperance que Confalve luy donnoit d'une meilleure fortune & de l'entier rétabliffement de fes affaires, il ne fongea plus qu'à incidenter pour fufpendre les conquêtes des François, en attendant que Confalve fut en état de s'y oppofer & d'attaquer à fon tour ceux contre qui il ne trouvoit pas peu de peine alors à fe défendre. Ferdinand avoit eu d'Ifabelle fon époufe un fils & deux filles. Le fils, & la fille aînée mariée au Roy de Portugal, étoient morts fans enfans. La cadette avoit époufé l'Archiduc d'Auftriche, fils de l'Empereur Maximilien, & de ce mariage étoit iffu

Charles, dit alors Duc de Luxembourg, & depuis Empereur & Roy d'Espagne. Ainfi par un droit heredi taire, les Couronnes de Caftille & d'Arragon devoient paffer à l'Archiducheffe ; la premiere, après la mort d'Isabelle, & la feconde, après celle de Ferdinand. L'Archiducheffe ne ceffoit de preffer l'Archiduc fon époux, avec qui elle étoit en Flandre, de la mener en Espagne, pour se faire reconnoître des peuples de Caftille, fur qui elle devoit bien-tôt regner. En effet, Isabelle fa mere, quoyqu'elle n'eût encore qu'environ cinquante-deux ans, étoit fi infirme, qu'on ne doutoit point qu'elle ne touchât de près à fa fin, Ferdinand n'avoit alors que quarantehuit ans, ayant époufé Ifabelle lorfqu'il n'étoit encore qu'en fa feiziéme année, & elle en fa dix-huitième, & il y avoit lieu de craindre, que venant à fe remarier après la mort d'Ifabelle, il n'entreprît de fe rendre maître abfolu du Royaume de Caftille, pour le laiffer enfuite par droit de fucceffion, à un fils qui pourroit luy naître d'un fecond lit. Ifabelle avoit fans comparaifon plus d'autorité que luy dans la Caftille & dans tous les païs qui en dépendoient; & comme elle fouhai

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