tous temps & en tous lieux les Hommes n'ont pas porté & ne portent pas des Habits longs , les Femmes n'en ont presque jamais porté d'autres , & ni les Histoires ni les Peintres ne nous representent guere les Femines avec des Habits courrs , si ce n'est celles qui habitent dans les Pays chauds où les deux sexes ne se couvrent que les parties les plus secretes; si ce n'est encore les Femmes de joye qui en portoient en certains endroits qui ne descendoient que jusqu'aux genoux ; si ce n'est enfin celles de la plus haute antiquité qui pour tout Habit n'avoient que des Peaux de Cheyre qu'elles ceignoient sur leurs reins & qu'elles noüoient sur leurs épaules avec les jambes de devant, De-là vient peut-être , selon la remarque de Scaliger , l. 1. Poët. c. 4, que les jeunes Filles anciennement n'avoient que des Habits fort courts, & qu'elles paroissoient avec les bras Huds , & les jambes entiérement découvertes, à peu près comme ces Figures qui nous representent les Nym, phes. Cependant & dans ces Pays , & dans les autres où les Hoinmes ont des Habits longs , ceux des Femmes se distinguent par leur forme , & quelquefois par leur mariére ; outre qu'elles ont d'autres marques qui les differencient des Hoinmes : c'est quelquefois une Mytre , ou quelqu'autre Coiffure qui leur orne le Chef. C'est quelquefois un voile clair & délié qui leur couvre tout le Visage. D'autrefois ce sont des Cotliers, des Bracelets , des Anneaux, des Ceintures , & d'autres Bijoux de cette natare ; par tout même on les connoit à leurs chaussures. Er nulle part l'on ne voit une entiére uniformité entre leur habillage & celui des Homines. On trouve même dans l'Histoire la Sacrée & la Profane, que l'on chercha une difference entre les Habits de certains Hommes , & les Habits de certaines Femmes ; car autres étoient les Habirs des Vieillards & autres ceux des jeunes Gens ; autres ceux des Maîtres & autres ceux des Esclaves ; autres ceux des lionnêres Femmes & autres ceux des Prostituées i autres ceux des Veuves , & des Mariées , & autres ceux des Vierges. Mais com me nous devons parler dans la suite de la plûpart de ces differences , nous n'en dirons plus rien ici. CHAPITRE III. Des Habits qui servent à distinguer les differens Peuples. Ne autre difference que l'on trouva fort à propos dans les Habits , fut celle qui distingua les differens Peuples les uns des autres. Il seroit à souhaiter que cet usage für aujourd'hui par toute la Terre , coinme il y fut autrefois , & comme il l'est encore dans plusicurs Nations , où les Habits des Etrangers ont toû. jours été en horreur. L'on sçait quelle a été l'exactitude de certains Prin. ces à conserver l'ancienne maniére de s'habiller dans leurs Etats , & les & peines qui étoient décernées contre ceux & celles qui affecteroient celle des autres Peuples, Les Juifs en particulier ont toûjours été exacts au possible à ne jamais adopter les Modes des autres ; & comme ils ont toûjours conservé leur Langue , & leur Religion , ils ont toûjours aussi conservé une même forme dans leurs vêtemens ; que fi quelquefois il est arrivé qu'ils se soient relâchez sur ce dernier point , ils en ont d'abord ressenti la peine , ainsi qu'il paroit dans le premier Chapitre de Sophonie où Dieu menace ce Peuple par la bouche de ce Prophete de le punir de cette faute : voici les termes dont il se sert : Et visitabo fuper Principes o super filios Regis , super omnes qui induti funt vefte peregrina. Les Chinois ont confervé deux mille ans leur premier Habit , & jamais ils n'en auroient alteré la forme s'ils n'avoient point changé de Prince. L'on ne doit pas exiger de nous que nous falsions ici une description generale de toutes ces fortes d'Habits dont on use dans les differentes Nations du Monde elle nous jetteroit trop loin outre que > chacun j > peut voir leurs maniéres de s'habiller dans quantité d'Ecrivains & de Voyageurs , qui en ont même donné les figures. L'on doit se contenter que nous parlions de celles de quelques Peuples qui sont pourtant les plus remarquables soit par leur inatiére soit par leur forme, ce qui peut suffire pour nôtre dessein. Nous commencerons par les Habits des Juifs, nous poursuivrons par ceux des Grecs , des Romains , des Egyptiens, des Babyloniens , des Bresiliens, des Parthes, des Lappons , des Armeniens , des Allemands , des anciens Gaulois , des Espagnols, des anciens Mayorquins , des Scytes , des Mores , & Troglodites, des Perses, des Sardes , & des Chinois , &c. > Le pur Habits des Juifs. lin, ou la seule laine, étoit la matiere des habits des Juifs : jamais ils ne mélangeoient l'un & l'autre ensemble ; la Loy leur le défendoit ; jusques-là , quelle ne leur permettoit pas de coudre le drap de laine avec du fall, |