Le Pallium. Le Pallium est la marque des Archevêques ; mais il ne le fut pas autrefois que du Pape ; c'étoit le signe de sa Jurisdiction spirituelle ; & de son pouvoir sur toute l'Eglise. Selon Eusebe de Cesarée ce fut saint Lin qui en introduisit le premier l'usage. D'autres écrivent , & avec plus de fondement , qu'aucun Pape avant Sylvestre ne l'avoit jamais encore porté, & que ce : fút celui-ci qui ayant reçû du Grand Constantin son Pallium ou Manteau Iinperial, en fit un ornement Papal. Quoiqu'il en foit de-l'origine de cet Habit qu'il n'est pas aisé de bien découvrir, il fat communiqué aux Patriarches & aux Archevêques , mais à quelquesuns seulement, comme à celui d'Arlés en France par une concession du Pape Symmaque , des mains de qui Vigile fut le premier qui le regût ; comme à celui encore de Ravenne, Avec le temps il fut oétroyé à tous les Archevêques generalement , & ! même à quelques Evêques. Mais ce : privilege fut general pour tous les Evêques de Grece. Ils le portent. quand ils célébrent , mais ils le quita.. tent quand on commence l'Eyangile, & le reprennent un peu avant la Communion.. Quant à la forme du Palliuin eller n'a pas toûjours été la même : autrefois c'étoit, un petit Manteau qui : couvroit tout au moins les épaules, & la poitrine, à peu près comme un Camail, mais sans capuchon , ce qu'on peut voir dans Eucher. Aujourd'hui ce n'est qu'une bande large d'environ quatre doigts en forme de : petites bretelles qu'on attache sur les épaules avec trois épingles d'or ; il a un pendant par devant long d'un palme , & un par derriere de inême longueur. Sur ces bandes de couleur blanche on y remarque quatre croix rouges. Sa matiére n'est que de laine Şa que l'on ne tond que sur des Agneaux le jour de sainte Agnès & que l'on donne ensuite à des Religieuses pour la travailler, Celui des Grecs qu'ils appellent - Orrophorion n'a rien de seinblable : il est peu different d'un Scapulaire de Religieux ayant deux : pieces d'un paline de large & toutes parsernées de croix , l'une par devant & l'autre par derriere , qui vont juca qu'au dessous des genoux & souvent & mêine ju{qu'aux pieds ce que nous avons vù de nos propres yeux. Au reste entre ceux qui usent du Pallium . le Pape est le seul qui puisse le porter par tout ; les autres ne peuvent le porter que dans leurs Eglises & en certaines Solemnitez ; .quoique nous n'ignorons pas que par le passé il y a eu certains Archevêques qui s'en revêtoienc hors l'Eglise , le portant & en tous temps , & en tous lieux , les uns par usurpacion, & les autres par privilege. Il nous reste à parler de la Thiare, de la Mythre , des Bonnets quarrez ; mais nous le ferons plus commodéinent & plus à propos dans le traité des Habits de Têre où nous entrons dès ce moment , & où le Leco, teur trouvera des choses tres curieu... {es , & tres-agréables.. CHAPITRE XI. Des Couvertures ou Habillemens de Tête , do de leurs sigxi fications. Es Habilleinens de Tête qui ne . que pour garantir de l'incommodité des Saisons cette principale partie de l'Homme devinrent dans la suite des Signes de distinction, & furenc par rapport à differentes personnes , des marques d'honneur d'honneur , de liberté, de Religion , & même des notes d'ignominie. C'est en ce sens principaleinent que nous devons les considerer ; ce qui n'empêchera pas que par. incident nous ne nous arrêrions sur. plusieurs autres circonstances qui regardent ces couvertures , qui pour être assez curieuses , & liées naturellement à nôtre sujet , ne déplairront: pas ( ainsi que nous l'esperons ) au Lecteur. Un incident bien amené donne toûjours du relief au sujet principal que l'on traite : d'en gâter la beauté, il ne sert qu'à la. relever, au lieu Des Bonnets. Les Bonnets semblent avoir été les premiers Habillemens de Tère ; car avant qu'ils eussent été inventez les Hommes ne se couvroient la tête qu'avec un pan de leur Robe , ou de leur Manteau. Les Bonnets n'eurent d'abord d'autre forme que celle de ceux donton use pendant la nuit , ou de ceux dont se servent les Mariniers. Leur figure étoit pyramidale , & la couleur noire fur celle que l'on aima au cominencement , & que l'on rechercha le plus volontiers dans cette efpece de coëffures. Si nous ne nous trompons pas, les Garamantes Peuples de Lybie ont été, ou les premiers inventeurs des Bon ou ceux qui ont donné occafion à leur invention ; & ce fut en partageant par le milieu , & en deux nets > |