Imágenes de páginas
PDF
EPUB

il lui mettoit un bonnet fur la tête, ce bonnet étoit une marque que l'Esclave étoit un homme de mauvaise vie; Et conféquemment.c'étoit comme une proteftation folemnelle, & une déclaration authentique que le vendeur faifoit à l'acheteur, qu'il ne répondoit point de l'Esclave, & qu'il ne fe rendoit point garand des fotifes, & des fautes qu'il pourroit faire Alors l'acheteur ne pouvoit plus le remettre au vendeur celui-ci n'étoit plus en obligation de s'en charger de nouveau, & de le réprendre; ce à quoi cependant on l'auroit obligé en juftice, s'il n'eût eu la précaution d'ufer d'une telle formalité. Cette impofition de Chapeau étoit donc un figne formel que le domaine de cet Efclave paffoit par droit de tranfmiffion, de celui qui le vendoit à cet autre qui l'achetoit.

[ocr errors]

ni

Cette impofition de chapeau n'étoit pas toûjours une marque Gi odieufe Au contraire, elle étoit en certaines occafions un figne nou moins honorables aux Efclaves qu'il

leur étoit avantageux. Ceux qui ont lû les Auteurs anciens y auront vû que lors qu'on affranchiffoit un Éfclave on commençoit par le rafer; après quoi on lui mettoit un chapeau fur la tête ; & ce chapeau étoit le figne de fa liberté, felon ce vers de Perfius, ou il fait parler les Efclaves en cette forte :

Hac mera libertas: Hac nobis pilea

donant.

D'où vint cette phrase: ad pileum vocare pour dire mettre en Li

berté.

[ocr errors]
[ocr errors]

Ce fait nous eft encore infinué par l'empreinte de quelques Medailles de Claudius Caefar, & de Brutus. Dans une medaille du premier l'on voit deux mains, la droite tenant un chapeau & la gauche étant ouverte autant qu'il fe peut, avec cette infcription: LIBERTAS cos. IV. & dans une monoye du fecond l'on y voit deux poignards avec un chapeau pardeffus. Le chapeau paroît encore dans plufieurs

autres monoyes,

& medailles,

comme dans celles de Ser. Galba de Caracalla, de Nerva &c. avec cette legende: Libertas publica. Le chapeau étoit donc anciennement parmi les Romains une marque de liberté; & Brutus ne l'avoit fait graver dans une de fes monoyes, que parce qu'il avoit delivré la Ville de la

tirannie..

Cela eft fi vrai, que le chapeau étoit une marque de liberté, que nous apprenons de Sex. Aurelius, & de Suetone, qu'après que l'Empereur Neron fut mort, toute la Ville de Rome prit le chapeau, par la raifon quelle fortoit alors d'une fervitude cruelle, & qu'elle rentroit dans fa premiere liberté.

1

Ce que nous trouvons encore de particulier du chapeau par raport aux Efclaves; c'eft que les Efclaves le portoient aux funerailles de leurs maîtres. Ce chapeau qui étoit blanc, étoit parmi les Romains un figne de deuil. Ceux qui avoient le plus de vanité; & qui portoient l'orgueï jufqu'au tombeau, ou neanmoins

la gloire de l'homme qui meurt ne defcend jamais, ordonnoient qu'à leurs funerailles ils fuffent accompagnez de beaucoup d'Esclaves; jufques-là que pour leur donner le droit du chapeau dans cette lugubre ceremonie, ils affranchiffoient les

[ocr errors]

plus fcelerats fans en excepter même ceux qui avoient été tirez nouvellement des prifons. Cette vanité eût des conféquences, & ne fut pas fans mauvaises fuites, ainfi que. le favent ceux qui font verfez dans l'antiquité.

>

Enfin dans les Saturnales, fêtes que les Romains celebroient en l'honneur de Saturne que l'on commençoit le feizieme jour de Decembre & qui duroient trois jours entiers on faifoit porter le chapeau au Peuple, & ce chapeau étoit un figne que l'on pouvoit impunément prendre toute forte de libertez dans ces fêtes abominables, ou les Efclaves faifoient les maîtres, ou les Maîtres fervoient à table leurs Efclaves, ou ceux-ci fe donnoient une licence effrenée de proferer tour

ce qui leur venoit en penfée. Alors tout étoit en débauche, & en diffolution. Toute la Ville retentiffoit des éclats de rire, du fon des chanfons & des inftrumens, & du fracas horrible qui s'y faifoit pendant le jour & pendant la nuit, & qu'inf. piroit l'excez du plaifir & de la débauche. C'étoit donc pour avoir plus de liberté que toute la Ville en prenoit le figne, qui alors étoit le chapeau. C'eft fur ce fujet que Poëte Martial à dit: Permittis puto pileata Roma, Macrobe & J. Lypfe ont écrit copieufement fur cette

matiere..

le

Du chapeau des Efclaves affran-chis, nous paffons à celui des grands. Prêtres des fauffes divinitez que les Auciens appelloient flamines. Ce chapeau faifoit partie de leurs orne-. mens, & étoit un figne qui les dif. tinguoit. Il étoit de couleur blanche, & avoit au haut une houpe de foye, ou de laine, au moins celui du grand Prêtre de Jupiter. Tous ces Prêtres portoient ce chapeau dans l'exercice de leur charge,& l'invention de cette

« AnteriorContinuar »