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fil, pour des raisons myfterieuses. L'ufage de la foie leur fut inconnu, qui n'eft même devenu frequent que fort tard au deçà des Indes. La couleur de pourpre rouge, ou violette étoit celle qu'ils aimoient le plus; mais la blanche fut parmi eux la plus ordinaire. Toutefois il n'eft pas rare de voir des habits bigarrez de diverfes couleurs dans les Ecritures; mais ces habits n'étoient portez que par de jeunes garçons, & de jeunes filles.

Quant à leur forme, il feroit difficile de la dire au jufte. Il eft probable qu'ils n'avoient prefque point de figure & de façon, qu'il n'y avoit rien à tailler, & peu à coudre. Nous fçavons du moins qu'ils étoient fort amples, & qu'ils defcendoient jufqu'aux talons; auffi falloit il qu'ils les relevaffent quand ils voyageoient, & les refferraflent avec une ceinture. De-là cette phrase fi frequente dans l'Ecriture: leve-toi, ceins tes reins, & fais cela. Au refte, les modes ne changeoient jamais, comme elles ne changent point encore dans tout le Le

vant.

Tome IV.

B

par

Ces Vêtemens quelques fimples qu'ils fullent leur forme & par leur matiére, ne laiffoient pas d'être relevez quelquefois par de certains ornemens aflez agréables & précieux. Ils avoient des franges de couleur d'Hyacinte, ou bien des bordures de Pourpre, ou de broderie. Les Pharifiens les portoient plus hautes. Les Pierreries & les agraffes d'Or y êtoient fouvent employées. Quant aux Phylactéres ils n'étoient pas proprement des Ornemens d'Habits: c'étoient des bandes de Parchemin fur lesquelles étoient écrits certains Paffagcs de la Loy afin les Juifs les voyant toûjours, ils en confervaffent toûjours la mêmoire, felon ce qui leur avoit été ordonné dans le fixiéme Chapitre du Deuteronome où il eft dit: Et ligabis ca in manu tua, &c. Eruntque & movebuntur ante eculos tuos. Ces Phylactéres fe mettoient fur le bras gauche & fur le front, en forme de Couronne ou de Diadême. Les Pharifiens pour paroître plus Religieux & plus Saints aux yeux du Public affectoient d'en por

que

ter de plus larges que ceux que portoit le commun du Peuple. Leur Hypochrifie eft condamnée par la bouche du Sauveur même dans l'Evangile de faint Mathieu.

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Cette defcription que nous venons de faire des Habits des Juifs pourra faire juger au Lecteur le cas qu'il doit faire de prefque toutes ces peintures modernes qui nous reprefentent les Patriarches avec des Turbans qu'ils ne porterent jamais, & des barbes longues jufqu'à la ceinture & les Pharifiens de l'Evangile avec des Chaperons & des Gibecieres. Ces peintures ne fervent qu'à nous don ner de fauffes idées. Ce qui peut le mieux nous inftruire ce font quelques images qui nous reftent des Anciens, mais des Grecs principalement. Aujourd'hui il eft rare de trouver des Peintres qui ayent bien étudié l'Antiquité, & les Coutumes de chaque temps, pour nous en donner qui foient affurées, & juftes.

,

Quant aux Femmes elles étoient plus curieufes dans leurs Vêtemens : de tous temps cela a été attaché à

leur Sexe. Leur parure fe voit dans le feizième chapitre d'Zechiel dans le 10. de Judith, & ailleurs.

L'Habit des Prophetes nous eft plus connu que celui du commun des Juifs, par cette raison que fa forme nous eft indiquée dans les Ecritures. Dans le troifiéme & quatrième Livre des Rois, chap. 1. & dans Zacharie, chap. 13. Elie paroit avec un Habit tout velu & ceint fur les reins avec une ceinture. de peau : Et dans le Nouveau Teftament on lit que faint Jean portoit une peau de Chameau. Il eft à préfumer que tous les Prophetes portoient des Habits femblables. Ces paroles de l'Apôtre faint Paul aux Hebreux femblent le dire: Circulerunt in melotis & in pellibus Can prinis. Chap. 11.

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Habits des Romains.

Les Romains en differens temps fe fervirent de differentes matiéres pour pour s'en fabriquer des Habits. Properce dans fon quatriéme livre, Eleg. 3. nous les reprefente au commence

ment de la fondation de leur Ville revêtus de Peaux d'Animaux.

Curia pratexto que nunc nitet alta

Senatu

Pellitos habuit ruftica corda Pa

tres.

Cependant Turnebus & Gruter obfervent que toute forte de peaux n'étoient pas pour toute forte de Gens: on laiffoit les plus viles & les plus groffiéres au peuple tandis que les plus précieufes étoient refervées aux perfonnes qualifiées. Selon la remarque de plufieurs Auteurs les an-ciens Heros ne porterent jamais guere d'autres Habits.

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Après l'ufage de ces peaux vint celui des étoffes de laine; & alors il éroit rare que les Romains ufaffent du lin. Les Femmes, & les plus deli- cats s'en fervirent quelque temps après; mais le commun du peuple ne recherchoit nullement ces Habits de toile; tout au plus fe contentoit-il de mélanger la laine & le lin enfemble..

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Les habits de foye furent bien a

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