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De la Mytre.

pre

La Mytre ne fut pas d'abord un ornement Pontifical, & une marque de Prelature: Originairement c'étoit la coiffure des femmes, comme le bonnet, ou le chaperon étoit celle des hommes. Les hommes à l'imitation des femmes uferent pendant un long-tems de cette forte d'habillemens. Les Joniens furent les miers qui porterent des Mytres. Les Egyptiens les imiterent, & enfuite les Syriens, les Phrygiens & les Lydiens. Les Ecclefiaftiques, tout ainfi que les Laïques en uferent comme d'un ornement civil. Les Papes s'en fervoient hors l'Eglife: jamais ils ne donnoient audience, qu'ils ne fuffent parez de cet ornement : On peut le voir dans Baronius fur l'année 1137.. Mais continuons de montrer que mytre n'étoit qu'un ornement civil. Une nouvelle preuve que nous en donnons, c'eft que que nous lifons que les Arnaldiftes de Rome affurent Conrad, Roi des Romains par une

la

lettre qu'ils lui écrivent, que le Pape à fait la paix avec le Roi de Scicile en lui accordant le Sceptre & l'anneau, la Dalmatique avec la Mytre & les Sandales. Concordiam inter ficulum & Papam hujufmodi effe accepimus. Papa conceffis ficulo virgam,, & annulum, & dafmaticam, & mytram, atque fandalia. Il falloit donc que la mytre ne fut pas alors un ornement Pontifical, ou fi elle commençoit de l'être, il falloit qu'elle fut encore commune aux Laïques.. Au refte ces mytres anciennes n'étoient pas entierement femblables à celles dont on ufe aujourd'hui.. Cependant depuis bien du tems elles ont eu deux cornes pour fignifier que les Evêques doivent favoir l'Ancien Teftamment comme le Nouveau.

Quelques Auteurs ont voulu dire que l'on ne commença d'ufer de la mytre comme d'une marque de PreFature qu'environ le dixiéme fiecle; que ce ne fut qu'alors que les Papes la prirent, & après eux les Evêques. Ceux-là n'ont pas bien lû l'Hiftoire sar faint Ambroise dans le quatriéme

en avoit une; & même des Evêques plus ancien que lui, lui, en avoient déja eu l'ufage; c'eft ici un fait d'hiftoire inconteftable le privilege de la porté fut accordé à quelques Abbez reguliers; maintenant prefque tous la tent. Le même privilege fut donné à quelques Chanoine des cathedrales.

por

Avant l'établiffement du Chrif tianifme, la mytre avoit été une des marques Sacerdotales. Dans l'an-cienne loi elle faifoit partie des orne-mens du Souverain Prêtre. Les Sa-crificateurs des Idoles avoient auffi. une espece de mytre: jamais ils ne Sacrifioient aux Idoles qu'ils n'euffent la tête couverte, à moins que ce ne fût à Saturne, & à l'honneur :alors ils étoient découvers..

Sur ce fujet il fe presente une affez grande difficulté qu'il eft à propos d'éclaircir, favoir fi les anciennes mytres étoient fimples, & fans ornemens; ou bien fi elles étoient' précieuses, & relevées d'or & de pierreries. Quant à celle du Souverain Prêtre des Juifs, jil eft fûr qu'el

le étoit riche & précieufe, & magnifiquement ornée. L'Ecriture y eft toute claire. Il eft encore feur que les Prêtres des faux Dieux en avoient d'extrêmement riches. Selon Philoftrate dans la vie d'Apopollone liv.2. & 3. ceux des Brachmanes en portoient d'enrichies de pierreries. Les Souverains Pontifes de la Déeffe de Syrie n'en avoient pas de moins précicufes. Prudence dans la vie de faint Romain fait mention d'une mytre d'or qui faifoit partie des ornemens du Souverain Sacrificateur des Romains. L'Hiftoire profane fournit quantité de pareils exemples. La question ne roule donc que fur celles dont fe fervoient les premiers Evêques. Quelques Auteurs ont crû qu'anciennement les mytres étoient toutes fimples, & faites d'une toile blanche. L'Hiftorien Cantacuzene le prouve des mytres de l'Eglife de l'Orient, car parlant du Patriarche Jean, il dit que ce fut lui qui affecta, & qui commença le premier à enrichir d'or la mytre que fes Predecef

feurs n'avoient jamais portée que de lin. Il n'eft pas le feul qui ait été de ce fentiment.

Si ces Auteurs ont voulu dire que dans la primitive Eglife, l'on n'ufoit que de fimples mytres, ils ont narré faux; mais s'ils n'ont prétendu que de parler de certaines Eglifes, ou les Evêques n'en portoient point de riches; ou bien s'ils fe font restrains à certains tems, ou ces ornemens étoient devenus en effet fort fimples par une reforme que les zelez y introduifirent, & fans doute avec raifon, s'ils n'ont prétendus que cela, ils n'ont dit que la verité; car il eft vrai que l'on à vû des anciennes mytres de fimple toile & fans ornemens; mais il n'eft pas moins vrai, que dès le commencement du Chriftianisme l'on en vit de plus précieufes & de mieux ornées. Celles de ces deux Apôtres dont nous avons déja parlé, en font des preuves manifeftes, auffi - bien que celle du grand faint Ambroise, lequel eft reprefenté par Ennodius dans un Epigramme avec une mytre des

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