plus rares. Ils étoient refervez aux Teuls Princes; jufques-là qu'il y en eût qui en défendirent l'ufage à leurs propres Femmes. › comme Aurelien. Nous lifons même que certains Empereurs s'en abftinrent. Cependant la délicateffe & le luxe croiffant chaque jour, peu à peu l'ufage de la foye, comme celui du lin, s'introduifit parmi les Hommes & les Femmes qui en porterent indifferemment, fur tout quand le prix n'en fut pas fi exhorbitant que lorfque l'on commença d'en voir en Europe, où pour une livre pefant de foye, il falloit donner une livre d'ør. Ce fut là aussi une des raifons ( remarque Flavius. Vopifcus pour lesquelles l'Empereur Aurelian ne voulut point accorder à fa femme de porter un habit de cette matiére, lui repondant lorfqu'elle lui en demandoit un ut auro fila penfentur. A Dieu ne plaife que je vous laiffe porter une étoffe que l'on n'achete qu'au prix de l'or.

Abfir

Ce que nous avons dit jufqu'ici ne regarde que la matiére des habits du peuple Romain ; ce que nous

allons dire en regarde la forme, & les differentes efpeces..

L'on ne vit jamais nulle part tant de fortes d'habits que chez les Romains : ils en eurent de communs, & ils en eurent de particuliers.. Les uns. étoient pour l'ufage ordinaire, les. autres n'étoient que pour les ceremonies, ou pour la diftinction des perfonnes.. Nous parlerons (mais. fuccintement.) des plus remarqua

bles.

la

C'est un fait dont on convient géneralement dans l'Hiftoire , que Togue fut l'habit commun de tous. les Etats, & de tous les Sexes, fi nous en exceptons les Efclaves qui. ne la porterent jamais, les honnêtes Femmes qui en avoient un particu lier & dont nous parlerons dans la fuite & les jeunes Gens au deffous de dix-fept ans, ou de quinze tout au plus, auquel temps feulement on leur la donnoft dans le Temple de Jupiter Capitolin ou dans celui de la Jeuneffe où chacun d'eux laissoit un denier afin qu'au bout de l'an on pût fçavoir au jufte & fans nulle

,

peine, combien il y en auroit de capables de porter les armes. Cependant l'on remarquera que la Togue des perfonnes de condition avoit au bas un bord de Pourpre qu'on y ajuftoit pour lui donner du relief, d'où vient qu'elle fut appellée Pretexta tandis ,

que

celle du commun

du peuple étoit nommée Toga pura, par cette raifon qu'elle étoit fimple & toute unie, & de la couleur de

la laine, fans aucun mélange de Pourpre.

&:

Selon Valere la Togue étoit ou-verte par devant comme la robe des Avocats. Alde Manuce s'inscrit en faux contre le fentiment de Valere,. & pretend qu'elle étoit fermée fans manches; en forte que fi l'on vouloit faire paroître les mains il faloit qu'on la hauffât par les côtez, ou par le devant; qu'on la foutînt fur les bras, ou qu'on la jettât fur les épaules. Ce dernier dit la verité ; il remarque même que pendant les dix premiers mois qu'on portoit la Togue , on n'auroit ofé la hauffer, ni parconfequent montrer les mains.

1

& les bras; il y avoit une Loi expreffe qui le défendoit. Ces paroles qu'on lit dans l'Orateur Romain Orar, pro Cælio confirment ce que dit Manuce: Nobis quidam olim annus erat unus ad cohibendum brachium Toga conftitutus. Quoi que de fon temps cela ne fût plus en usage. La Togue avoit plus ou moins de à mesure que largeur ou de fonds ceux qui la portoient étoient d'une condition plus ou moins confiderable & diftinguée. Elle avoit quantité de plis, il ne faut pas s'en étonner, puifque fa jufte mesure étoit de fix aulnes. Macrobe pretend qu'on la refferroit avec une ceinture. Alde Manuce est d'un avis contraire, & il ap, porte quantité d'autoritez qui prouvent qu'on la laiffoit dans toute fa largeur fans la ceindre afin qu'elle eût plus de grace & de majefté. Et en effet dans les peintures les plus fideles & les figures les plus anciennes qui nous representent des Hommes revêtus de la Togue, l'on ne rcmarque point de ceinture.

Quant à la longueur elle fut diffe

rente en divers temps. Un temps fut, dit Quintillien, qu'elle n'alloit que vers le milieu des jambes, & un autre qu'elle defcendoit jufqu'aux pieds. Manuce à cru qu'un nommé Tebennus Arcadien de Nation en fut: l'inventeur; mais Tertullien dans fon Livre De Pallio, en rapporte l'invention aux Pelafges, & ajoute que des Pelafges elle paffa aux Lydiens, & de ceux-ci aux Romains. Le refte que l'on peut dire fur cette forte de vêtemens viendra ailleursplus à propos.

Outre la Togue, tant les Hommes: que les Femmes ufoient encore d'un certain manteau ; mais celui des Hommes étoit different de celui des Femmes que l'on comprenoit fous le mot de Palla. Dans le temps de pluye ils avoient un Sur-tout qui leur tenoit lieu de Manteau, & qu'ils mettoient par deffus leur Togue comme nos Roquelaures & nos Brandebours d'autrefois. Ils en a-voient un pour la Ville & un autre pour la Campagne. Celui-ci étoit d'une étoffe vile & groffiére, & ils le