Imágenes de páginas
PDF
EPUB

toient point de chapeaux, ne portoient point non plus de perruques Nous repondons qu'il y en avoit qui en portoient, ou par vanité ou pour leur commodité. Dans les anciens Auteurs il eft fait mention de cheveux poftiches ou empruntez. Martial & Juvenal fe font moquez de certains Vieillards qui cherchoient à fe rajeunir, & qui s'imaginoient de de tromper la parque fous une blonde cheveleure. Amoins que ces deux Poëtes n'ayent voulu parler des couleurs que l'on mettoit quelquefois fur des cheveux gris, leurs vers prouvent l'ufage des perruques. Cependant il ne femble pas qu'ils ayent voulu feulement parler de ces couleurs dont on falfifioit celle des cheveux; car le premier fait un reproche à une certaine nommée Lecania, de ce quelle ufoit de cheveux poftiches, non pas quelle coloroit, mais quelle achetoit, & de ce quelle fe fervoit encore de dens artificielles d'ivoire. C'eft ainfi qu'il lui parle. 1.12. Epigr.23. Tome IV.

R

comis, non te pudet

Dentibus atque comis
uteris emptis.

Lampride "parle de la perruque de l'Empereur commode qui étoit poudrée, dit-il, avec de la raclure d'or, & arrofée de certains parfuns gluans aufquels la poudre s'attachoit. C'eft une autre preuve que les perruques étoient alors déja en ufage. La Maîtreffe d'Ovide fe fervoit auffi de ces faux cheveux, & de ceux que les Empereurs faifoient abbatre en figne de foumiffion aux Peuples dont ils avoient été les vainqueurs. C'eft ainfi que ce Poëte galant, mais fameux lui parle :

Nunc tibi captivos mittet Germania

crines.

Culta triumphata munere Gentis

eris.

Othon qui avoit des cheveux fort s'en fervoit auffi felon Suetonne. Dans la galerie du Duc de

rares,

Florence l'on y voit un Brufte de marbre reprefentant Julie fille de Cæfar Augufte avec des cheveux poftiches qui s'élevent de la hauteur d'un pied fur fon front, à peu près comme les coëffures de nos Dames de ce tems ici. Elle n'eût pas tort de fe fervir ainfi de ces faux cheveux; car de les plus jeunes années elle commença à blanchir.

L'on à remarqué que ce furent les Grecs qui apprirent aux Romains l'ufage des cheveux poftiches. Sans doute que ces premieres perruques ne furent pas d'abord fi bien agencées, ni fi bien frifées, & bouclées quelles le font à prefent. Avec le tems tout fe perfectionne.

La commodité que l'on à trouvée dans les perruques, où pour mieux dire la vanité les a autorifées, & rendues tout à fait communes depuis quelque-tems; & fi l'invention en eft fort ancienne la grande mode n'en eft que d'environ le milieu du fiecle paffé. Cette vanité les à placées jufques fur la tête des

[ocr errors]

Prêtres, quelqu'indécente que foit cette parure mondaine dans une perfonne d'Eglife, & quelque contraire qu'elle foit aux Canons des facrez Conciles qui n'ont pas voulu permettre le fimple ufage des cheveux longs à des gens confacrez à Dieu, & qui ont regardé comme un monftre un Abbé avec un vifage fleuri, & relevé d'une chevelure frifée. Et en éfet l'offre que les Clercs font à Dieu de leurs cheveux quand ils font des vœux, où qu'ils reçoivent la tonfure eft une marque qu'ils fe font entierement dévouez à lui, en fervitude perpetuelle, & une preuve qu'ils ne doivent jamais reprendre ce qu'ils lui ont une fois confacré. Il n'eft que la feule neceffité qui puiffe bien les excufer.

[ocr errors]

CHAPITRE XII.

Des habits de deüil, & en general de quantité d'autres chofes qui Se pratiquoient dans les ceremonies funebres...

T

:

Ous les Peuples à quelques Barbares près, s'affligent à la mort de leurs proches & de leurs amis, & montrent par des fignes exterieurs qu'elle eft l'affliction de leur cœur. L'habit de deüil en eft la marque la plus fenfible, où pour le moins la plus commune on quitte les couleurs ordinaires, & l'on en prend de particulieres, qui font neanmoins differentes felon la diverfité des Nations, des perfonnes, des loix,. des coûtumes comme nous le dirons dans la fuite. En Europe l'on employe le noir ordinairement ; les Princes feuls & les Cardinaux y prennent le violet: ailleurs le Blanc, le

« AnteriorContinuar »