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pour

parens les plus proches. Le mari n'étoit point obligé de porter le deüil fa femme; mais la femme par un reglement de Numa, devoit le porter un an entier pour fon mari, c'est à dire pendant dix mois; car alors l année n'étoit compofée que de dix mois, pendant lequel tems elle ne pouvoit fe remarier fous peine d'infamie, & de facrifier une vache pleine, ainfi que le témoigne Plutaque. Là-deffus Polydore ajoûte, que fi cette loi s'obfervoit encore aujourd'hui, l'on ne verroit gueres de veaux aux boucheries.

Par le même reglement de Numa, l'on ne pleuroit point un enfant qui n'avoit pas ateint l'âge de trois ans. L'on en portoit feulement le deüil s'il étoit mort dans l'efpace qu'il y depuis trois à dix, & alors le deuil duroit autant de mois qu'il avoit vécu d'afinées.

Outre le deuil particulier, il y avoit encore le deuil public qui étoit ordonné pour la perte d'une bataille, pour la mort de l'Empereur, ou de

quelque autre perfonne confiderable, & ce deüil étoit publié par un arrêt du Senat, & pendant un certain tems non-feulement l'on ne plaidoit pas, l'on ceffoit même de travailler; les Temples étoient fermez, auffi bien que les Boutiques & les Maifons. En un mot les Particuliers obfervoient quantité de chofes que nous ferions trop longs de dire.

L'on abregeoit le deuil pour pluGeurs raifons; lors que le luftre arrivoit; quand on accompliffoit quel que vou, quand on faifoit des Sa crifices à Cerés; qu'on confacroit un Temple, ou un Autel, &c. Pour les particuliers, ils le quittoient quand un enfant venoit à naître, une fille à fe marier, un prifonnier à être délivré, & pour d'autres femblables fujets de joye publics ou particuliers.

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Deüil des Grecs des Egyptiens, des Chinois, des Spartes, des Ljciens, des Turcs, & de quel ques autres Peuples..

Nous raffemblons ici les differentes manieres de deüil qui fe pratiquent par differens Peuples, & le plus fuccintement qu'il fe peut, pour ne pas nous rendre enuuyeux. Nous Commençons d'abord par les

Grecs.

Selon quelques Auteurs la couleur blanche étoit celle dont fe fervoient les Grecs dans leur deüil: cependant toutes les Hiftoires prefque & les Fables des Grecs, difent que c'étoit de la noire. Peut-être fe font ils fervis de l'une & de l'autre ; fi cela eft, ce n'a été que par rapport à differens tems. Il eft plus für que les Spartes le portoient en blanc, avec des couronnes qu'ils fe fabriquoient de certaines feuilles. Les Ethiopiens se fervoient de la couleur grife, comme

reprefentant mieux que tout autre la terre qui reçoit les morts. Cette couleur parut convenable à Antiochus; car nous lifons que ce Prince ayant apris la mort de fon frere, quitta fa robe de couleur de pourpre, pour en prendre une de couleur grife. Les Egyptiens prenoient la jaune, & ce choix ne fe faifoit pas fans raifon; ils donnoient à connoître par cette couleur, que tout de même

que

les herbes quand une fois elles font fletries, deviennent jaunes, la mort eft auffi la fin & le terme de toutes les efperances humaines. Les Perfes s'habilloient de brun. Les Lyciens ne s'attachoient à aucune cou

leur en particulier ; il étoit feulement ordonné aux hommes de fe revêtir des habits des femmes, & c'étoit afin qu'une telle indécence les obligeat à quitter plutôt ces habits de femmes, qui étoient leurs habits de deüil, ne jugeant pas que la trifteffe & les autres marques de deuil qu'ils regar doient comme quelque chofe de feminin, fuffent convenables à des

hommes fages, & qui cultivoient, comme ils faifoient les belles Lettres. Dans la Turquie on le porte en bleu, & auffi dans la Syrie, la Capadoce & l'Armenie; mais ce n'eft que pour les particuliers qu'on l'y porte ainfi. On l'y porte autrement pour le grand Seigneur, & pour les principaux de l'Etat : car dès que le grand Seigneur ou quelqu'autre d'entre les grands eft decedé, alors tant ces Officiers, que fes parens les plus proches, fe revêtent d'une groffe bure; ceux au contraire à qui un tel habit ne plaît point, ufent d'une toile blanche qu'ils attachent à leur Turban, & qui du Turban pend jusqu'à la ceinture. Ils font porter le deuil jufqu'aux chevaux du défunt, on les couvre d'une grande houffe en fouliers, faite d'un beau velours noir qui defcend jufqu'à terre, ils leurs frottent les narrines avec quelques grains de moutarde dont les efprits ou l'acrimonie tirent des larmes de leurs yeux, & par cet artifice, dit Poftel, ils font acroire au peuple

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