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le, ou Superftitieux; quoi qu'à ne point diffimuler, l'on ait fouvent remarqué, auffi-bien dans le Chriftianifme, que dans l'Hébraïfme, & la gentilité, des pratiques bizarres, & peu raifonnables, comme l'on y en remarque encore aujourd'hui dans plufieurs endroits.

Nous n'entreprenons pas de rapporter ici les differentes coûtumes, & pratiques qui font obfervées par les fidelles dans chaque Royaume, où la foi & la Religion de JefusChrist ont été plantées : nous nous contenterons de parler du deüil de nôtre Nation; nous n'en dirons même que fort peu de chofes, parce que ce n'eft qu'à fort peu de chofes que fe reduifent les ceremonies que l'on y obferve fur ce fujer.

Les Princes l'y portent en violet, & tous les autres en noir. Nous y avons le grand & le petit deüil. Le grand que l'on y fait durer regulierement pendant une année, s'y porte avec du drap noir fans ornement, du linge de Hollande uni & du

grand crêpe : quelques-uns prennent des manteaux longs; & ceux qui font riches, parent encore de noir leurs appartemens, leurs carroffes, leurs chevaux, & tout l'équipage. Les Veuves y prennent un grand voile de crêpe, & en quelques endroits un bandeau. En certaines Provinces les veuves des ménagers, & des païfans portent un voile de toile blanche qui leur tombe fur les yeux, & qui defcend jufqu'à la ceinture. Le petit deuil n'eft qu'avec de la ferge ou de crêpon: on y ajoûte quelquefois des rubans bleus & blancs, mêlez, avec le noir.

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- L'on ne donne gueres d'autres marques de trifteffe dans ce Royaume à la mort des proches, fi ce n'eft de fe lamenter, de verfer des larmes & quelquefois de fe mettre au lit. Ces demonftrations exterieures de trifteffe qui font finceres dans quelques-uns, font contraintes dans la plupart car fi dans quelques-uns leur deuil renferme toutes les fuites naturelles d'une douleur également

fincere, & effective, dans une infinité d'autres, ce n'eft qu'une pure grimace. Telle qui s'enferme dans une chambre, qui se met au lit, qui ne veut ni manger, ni boire après la mort de fon mari, bien fouvent joüc la comedie, & fair toutes ces minauderies & autres femblables, fans être au fond fort affligée de la perte qu'elle vient de faire. Tel qui reçoit des complimens, & des lettres de condoleance fur celle de fon époufe, que la mort vient de lui enlever, en recevroit plus volontiers de felicitation, fi une certaine bien feance ne le contraignoit à déguiser ses fentimens. Tout le palle dans l'apparence; & dans le Chriftianisme, comme dans la fable, il ne manque pas de Protées qui fe transforment en plufieurs formes, toûjours differens au dedans, de ce qu'ils paroiffent être au dehors. Saint Bafile, & S. Chryfoftome déclamoient autrefois avec vehemence contre ces fortes de grimaces & d'affectations; mais fur tout contre celles de certai

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nes femmes qui pouffoient des cris immoderez, & verfoient des larmes en abondance, non pas tant pour la perte qu'elles venoient de faire de leurs maris, que pour toucher le coeur de quelqu'autre dont elles fouhaittoient l'alliance. De pareilles déclamations ne viendroient pas, peutêtre, mal à propos dans ce tems ici. Nous n'aurions jamais fait fi nous voulions rapporter toutes les manieres de deuil qui fe pratiquent dans les divers états du monde; Il nous fuffit d'en avoir marqué quelques-unes, & d'avoir fait comprendre au Lecteur, comme le deuil peut être rangé naturellement parmi les fignes de nos conceptions, qui font le fujet de tout cet ouvrage. Nous ajoûterons pourtant ici, deux autres articles qui ont du rapport à cette matierę.

CHAPITRE XII

Des Monumens. Des differentes Sepultures, & ceremonies que Pon y obferve dans differentes

Nations.

Es Monumens font de vrais fig

Lnes, puis qu'ils nous font pen

fer à la mort, c'est à dire à l'état ou nous devons nous trouver après la diffolution de nos corps, Monumentum quafi monens & commovens mentem ut mortis memoriam habear.

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L'ufage des monumens & des fepultures, eft des plus anciens puis qu'il fe prouve par des faits de la loi de nature qu'il eft facile de voir daus les Livres faints. A quelques Barbares près dans tous les Siecles, & toutes les Nations, l'on a eu foin d'ensevelir les hommes après leur

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