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Comme il y en avoit qui cachoient leurs morts dans des labyrinthes dans des colomnes creufes, & des pyramides, il s'en trouvoit auffi qui les confervoient dans des vafes tranfparans de verre après les avoir falez, induits de plâtre, & peints avec des couleurs, telles qu'ils vouloient. C'étoit-là la coûtume des Ethiopiens & de quelques autres, qui plaçoient enfuite ces vafes fur des colomnes de marbre, ou dé fimple pierre. Cette coûtume des Ethiopiens comme celle de ce peuple de la Scythie revient à celle de ces autres chez qui l'air fervoit de fepulture aux

morts.

Les Turcs, outre les pratiques dont nous avons déja parlé, & qu'ils obfervent dans leurs funeraliles mettent encore celles-ci en ufage: ils envelopent leurs morts dans un linceuil qu'ils ont afperfé auparavant avec de l'eau de favon, & avec de l'eau rofe. Ils les étendent dans des bieres fur leur côté droit, regardant yers le midi où eft la Meque, lieu

de la naiffance de Mahomet leur Prophete. Cette biere eft couverte d'un poële de diverse couleur felon la difference des conditions. Si c'eft pour un homme de guerre le poële eft rouge fi c'eft pour un Prêtre, il eft verd; & fi le défunt n'eft ni l'un ni l'autre, alors il eft noir.

:

Nous finirons par les fepultures des Chrétiens. Les Chrétiens envelopent leurs morts dans des fuaires, & les enferment dans des caiffes. Ils les enfeveliffent au fon des cloches dans des lieux facrez & que l'on nomme cimetieres. Ces cimetieres étoient tous autrefois hors les Villes; aujourd'hui la plûpart y font dedans. Les Eglifes mêmes ont été converties en cimetieres. Anciennement leurs tombeaux étoient tous élevez fur la terre mais ces tombeaux furent défendus. Ainfi à l'exception de quelques maufolées où l'on enfevelit les gens riches tous les autres font mis en terre. Ce que nous alons dire reffent moins la pieté que la vanité, &tient plus des ceremonies du Pa

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ganifme que des pratiques de l'Eglife. Ils attachent au drap mortuaire des Ecuffons & armoiries peintes, & enluminées de leurs couleurs : ils les étalent fur les littres ou ceintures funebres. Ils les font paroître fur des flambeaux, & ils ne craignent point de les placer dans le fanctuaire jufque fur l'Autel parmi les images du Crucifix, & des Saints. On tolere cette pratique & cette profane ceremonie, qui ont fuecedé à celle des Images des anciens Gentils, ont feroit peut-être mieux de les profcrire, & de les abolir, comme entierement inutiles aux mort, & ne fervant qu'à entretenir l'orgueil des vivans.

QUESTION.

& par

Si dans le fond il ne feroit pas plus convenable de ne donner aucune marque de trifteffe à la mort des proches que de la faire éclater au dehors par le deüil, d'autres fignes exte

rieurs.

Cette question peut être rangée parmi les problematiques. Nous allons dire le pour & le contre, & rapporter les témoignages, foit des profanes, foit des Peres, foit de I'Ecriture, qui peuvent confirmer les deux fentimens, après quoi nous dirons quel eft nôtre avis.

Il paroît d'abord que l'on ne devroit point s'affliger à la mort des proches. La pratique des Peuples de Thrace & de plufieurs autres qui pleurent à la naiffance de leurs enfans, & qui fe réjouiffent quand

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les

leurs parens meurent; celles des Canariens qui chantent & dansent. en portant leur morts à la fepulture, femblent nous convaincre que le deüil n'eft point convenable exemples particuliers des plus grands Heros & Genies de l'antiquité, qui dans pareilles ocafions ne parurent jamais touchez; celui du grand Chancelier, qui ne porte jamais le deüil pour quelque fujet que ce foit ; les loix même de l'Eglife qui ne permettoient point autrefois aux Clercs de le prendre

:

non pas

même à la

mort de leurs propres peres, comme celles de Moyfe le défendoient aux grands Pontifes des Hebreux, ainsi qu'on le voit dans le dixiéme du Levitique la pratique encore que l'on avoit dans la primitive Eglife de chanter l'Alleluya, aux funerailles des fidelles, confirment ce femble la même chofe. Le Sauveur ne nous en convaint-il pas de même par la fituation dans laquelle il fe trouve à la mort & à la refurrection du Lazare ? Lazare meurt, & il se

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