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étroitemens liez par les liens de la nature, ou de l'amitié ; mais auffi nous fommes bien éloignez de vouloir aplaudir à ceux qui dans leur deüil & leur affliction donnent dans l'excez. En toutes chofes il y a un temperamment à garder & c'eft celui que nous prefcrivent la raifon, les Peres, & les Ecritures. Ne point du tout s'affliger de la mort des proches, c'est être brutal, c'eft être inhumain. S'abandonner à une trifteffe, ou trop longue, ou trop amere c'eft avoir un cœur lâche, & feminin. Mon fils, nous dit l'Ecclefiaftique mon fils, verfez des larmes fur les morts : Fili in mortuum produc lachrymas. Voilà comme le deuil eft approuvé dans les Ecritures; mais voici la moderation qui y eft prescrite: Amarè fer luctum illius no die. Contentezvous de les pleurer pendant un jour, c'est à dire faites ceffer dans peu de tems vos larmes & vôtre trifteffe. Ceux qui fixoient leur deüil

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à l'onzième, au dixiéme, & au feptiéme jour gardoient ce juste temperamment : fans donner dans l'excez, ils accordoient quelque chofe à la nature. Ce milieu que nous approuvons eft bien plus felon les lumieres de la foi, & de la raifon, que ces excez de tristesse, & de douleur que font éclater au dehors certaines perfonnes, qui comme d'autres Bacchantes rempliffent leurs maifons, & font retentir l'air de leurs cris, verfent des larmes intariffables, fe refufent les neceffitez de la vie, & qui pis eft, murmurent fouvent contre les ordres de la providence quand ils devroient en adorer les fecrets, & fe foumettre à fes deffeins, comme fit autrefois le faint Homme Job, qui loin de fe plaindre & de murmurer après la perte qu'il fit de fes biens, & de fes enfans, il s'écria. Dominus dedit, Dominus abftulit. Dieu me les avoit donnez, & c'eft Dieu qui me les a ôtez, baifant ainfi la main qui l'a

voit frappé. Qu'on pleure donc à la mort des proches, nous y confentons; qu'on s'afflige; qu'on prenne des habits de deüil; qu'on donne quelque chose à la nature, & à la tendrelle; mais qu'on évite alors les excez, & qu'on garde un temperamment qui foit conforme à la raison, & aux regles de la dence.

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CHAPITRE XIV.

Des fouliers ou chauffures. De leurs differentes efpeces & fignifications.

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Es âges, les fexes, les dignitez, & les conditions differentes qui fe diftinguoient autre fois diftinguent encore par les habits; fe diftinguoient auffi par de differentes chauffures. Car autres étoient les fouliers des Nobles & des Magiftrats, & autres les fouliers des Roturiers & du fimple Peuple; autres ceux des Prêtres, & autres ceux des Laiques; autres ceux des Maîtres, & autres ceux des Efclaves; autres ceux des honnêtes Matrones, & autres ceux des Femmes publiques : En forte que l'on connoiffoit toutes les differences de gens par leurs differentes chauffures, dont la diver

fité confiftoit tantôt dans la matiere, tantôt dans la forme, tantôt dans la couleur & tantôt en certaines

marques arbitraires que l'on y met toit, & qui conduifoient à la fin qu'on fe propofoit. Voyons ce que l'antiquité nous fournit fur ce fujet de plus curieux, & de plus certain.

Ce fut dans le Pais des Latins principalement que les fouliers devinrent des marques, & des fignes de diftinction. Au commencement de leur Republique ils alloient pieds nuds, non moins les Senateurs & les Maîtres, que les Efclaves, & le fimple Peuple, quoique l'ufage des fouliers eût déja été introduit du tems de Moyfe qui en portoit luimême ainfi qu'on le voit dans l'exode chap.3. où il lui eft ordonné de fe déchauffer avant de s'approcher du buiffon ardent. L'ancien Scholiafte de Juvenal nous reprefente les Latins de ces premiers tems avec feulement une Robe qui étoit, dit-il, affez longue pour couvrir

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