Imágenes de páginas
PDF
EPUB

de curiofité, de flatterie, quelquefois auffi d'amour, & de pieté. L'on y en étala les figues, & les Hiero. glyphes. L'on y grava deffus les portraits de ceux que l'on eftimoit. Epicure étoit representé fur tous ceux de fes Sectateurs. Lentulus y portoit la figure de fon Ayeul, pour ne jamais s'oublier de l'amour & de la pieté que la nature & le devoir exigeoient de lui. Les Juifs portoient la Ville de Jerufalem gravée fur les chatons de leurs anneaux, pour s'en reffouvenir toujours dans le tems de leur Efclavage. C'est peut êtré à cette coûtume, fi ceux qui la racontent n'ont pas narré faux, que fe rapporte ce paffage du Roi Prophes te: Si oblitus fuero tui Jerufalem, oblivioni detur dextera mea. Aujour d'hui les Dames de la Cour y font peindre en émail, & en mignature les portraits de ceux, & de celles qui font ou les plus avancez, ou à qui elles font redevables, ou bien de qui elles attendent quelque fervice. Quelquefois c'est par pure amitié;

Un certain nommé Pyrgoteles en introduifit la coutume du tems d'Alexandre le Grand. Dans la fuite on continua d'enchaffer de pareils portraits dans les chatons de ces anneaux en guife de pierreries, chacun felon fa fantaisie Coefar neanmoins ne permit jamais que l'on y grava deffus fon image, & de l'y avoir gravée, ou peinte, c'étoit un crime Capital. Tybere au contraire y permit la representation de la fienne; mais à la condition qu'on auroit pour elle le respect qui lui étoit du; en forte que quiconque auroit porté l'anneau ou elle étoit gravée, dans un lieu infame, feulement dans un lieu commun, celui-là, s'il en eût été convaincu auroit été puni de mort. Eufin l'on y étala des objets d'impudence, & de turpitude que l'on reprefenta fous des Symboles & des Hieroglyphes. Pour exemple l'on en apporte ceux de Cleopatre ou les objets de fes amours, & de fes débauches y paroiffoient fous de differentes figures. De pareilles folies

[ocr errors]

donnerent fujet à l'Hiftorien Pline de dire, que le premier qui s'avifa de mettre un anneau à fon doigt commit un crime déteftable: Peffimum vite Scelus fecit qui annulum prim is induit digitis. En éfet celui-là quel qu'il foit femble avoir été l'occasion de toutes ces vanitez, ces dépenfes, & ces autres inutilitez, ou extravagances dont nous avons parlé dans. tout cet article.

CHAPITRE XIX.

DES SCEAUX.

Ancienneté de leur usage, leur fin, leurs differentes marques.

S

Ur les Sceaux il y auroit une infinité de chofes à dire, mais nous ne nous arrêterons que fur quelquesunes des plus remarquables. Nous les plaçons ici pour avoir quelque connexion avec les anneaux dont nous venons de parler. Les fceaux ne furent d'abord gravez que fur des

,

anneaux & rarement en vit on fur d'autres fujets, d'où vint qu'on les appella Annuli fignatorii : ce qui montre qu'un anneau, & un fceau, c'étoit ordinairement une même chofe. Aujourd'hui c'eft un morceau de metal de figure ovale, ou ronde, dont l'empreinte fert à rendre un acte

authentique, à authorifer une chofe, la confirmer, la rendre fecrette, &c.

[ocr errors]

l'eft

L'ufage des fceaux paroît fort ancien, puis que dans la Genese il eft fait mention de celui que Pharaon remit à Jofeph, & que dans le quatorziéme chapitre de Daniel, il est dit que Darius fit mettre le fien fur la porte du temple de Bel à la perfuafion du Prophete. Cet ufage qui eft fi frequent dans les Ecritures également dans l'antiquité profane; nous lifons que les Soldats Egyptiens avoient des fceaux, & que fur chaque fceau il paroiffoit une figure de Scarbot gravée qui dans fon efpece n'a point de femelle. C'étoit pour fignifier par ce Hieroglyphe que dans les armées il ne devoit point y avoir des hommes lâches, & effeminez. Et quoique Pline dife, & pretende, de fon tems, que l'on n'en avoit nulle connoiffance, fi ce n'cft à Rome, & dans tout l Empire; il est néanmoins tres - certain que les Etrangers s'en fervoient comme les

« AnteriorContinuar »