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pour partage. Après avoir voyagé pendant quelque tems fur la terre, il faudra enfin arriver au gîte; après avoir fait du bruit dans le monde, il faudra que nôtre osgueil aille fe brifer au bord & comme la mer, fe confondre fur une ligne de fable fans pouvoir aller plus avant: Ufque buc venies, & non procedes amplius. Appellons tant que nous voudrons la medecine à notre fecours; ufons de regime dans le boire & dans le manger; menageons nôtre fanté tant qu'il nous plairra; évitons les dangers, abftenons nous des chofes nuifibles; ce ne font pas là des aziles fürs contre le pouvoir de la mort ; fatons nous de nôtre qualité; appuyons nous fur nos richeffes; brillons fi nous voulons dans les charges & les dignitez ; la mort non moins que le terme du Capitole qui ne cedoit pas à Jupiter même, ne cede non plus à perfonne L'un & l'autre de ces deux termes porte ces deux mots pour devife : Nemini cedo. Ce n'eft donc pas en vain qu'Horace a dit d'elle

Tome IV.

Pallida mors aquo
Dd

pede pulfat paurerum tabernas, Regumque turres. Ce que Malherbe traduit ainfi.

La mort a des rigueurs à nul autre pa reilles ;

On a beau la prier.

La cruelle qu'elle eft fe bouche les oreilles Et nous laiffe crier.

Le Pauvre en fa cabane où la chaume le

couvre

Eft fujet à fes Loix,

Et la Garde qui veille aux barrieres du Louvre

N'en défend pas nos Rois.

Mais la Religion peut nous confoler des bornes étroites de nôtre vie; puifqu'elle nous inftruit qu'il y en a une à efperer qui ne devant point avoir de terme, ne fera jamais fujette à la mort: Mors ultra non erit.

CHAPITRE

XXI.

Des milliaires,ou pierres fur les chemins, autres especes de termes.

LE

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E Milliaire étoit une espece de terme auffi l'appelloit-on en Latin Terminus milliariis; Il n'étoit pas pour terminer les bornes des heritages; il n'étoit destiné que pour marquer un certain efpace de chemin. Les Milliaires étoient en ufage chez les Romains principalement. L'efpace qu'ils marquoient étoit de mille pas qu'ils appelloient mille; d'où vint cette coûtume de dire : Primus ab urbe lapis. Quartus ab urbe laris. Un mille. Quatre milles loin de Rome. Selon Plutarque ces milliaires qui étoient de petites colomnes, furent de l'invention de Caius Gracchus, qui fit même planter d'autre pierres de proche en proche dans les intervalles de ces milliaires, mais un peu plus baffes fervant à monter à cheval, l'ufage des eftriers

n'ayant pas encore été introduit.Leur figure pour l'ordinaire étoit quarrée, & quelquefois ronde, & jamais plus haute que de huit pieds comme on en juge par les infcriptions de Gruter. Sur leur bafe on y voyoit écrite la diftance qu'il y avoit de chaque milliaire à Rome, ou à quelqu'autre ville confiderable. Il s'en trouvoit même fur lesquels paroiffoient gravez les noms de ceux qui les avoient élevez, comme les noms des Auteurs des chemins où ils étoient plantez.

Bergier dans fon hiftoire des grands chemins de l'Empire Romain, parle d'une Colomne que l'Empereur Augufte fit élever dans la grande place de Rome proche du Temple de Saturne, & qu'il fit revétir d'or, d'où, l'on commençoit à compter les milles, ou les mefures des grands chemins dans l'Empire Romain; de là vint qu'on appella cette colomne le milliaire doré. Au rapport de Varron tous les grands chemins d'Italie abboutiffoient à cette colomne. Conftantin qui voulut faire de Bizance, c'est-à-dire,

de Conftantinople, une nouvelle Rome, y éleva autfi, dit Socrates, un milliaire doré d'où l'on commençoit à compter les milles, comme de celui de la capitale du Monde,

Les Grecs avoient auffi leurs termes milliaires, ou leurs thermes avec une H; c'étoient de tètes, de Divininitez pofées fur des bornes quarrées, pour marquer non les milles, mais les ftades qui parmi eux avoient deux cens pas de longueur; quoique par tout ailleurs un ftade n'en eût que cent vingt-cinq. Les têtes de ces thermes étoient amovibles, & elles réprefentoient la plupart du tems Mercure d'où ces thermes tirerent leur nom, par cette raifon, dit Sui

das , que Mercure en Grec fe dit Hermis. Ils n'étoient pas feulement deftinez à marquer le nombre des ftades qu'il y avoit d'une Ville, par exemple, à une autre ville, elles marquoient encore la voye qu'il falloit prendre preferablement à une autre pour arriver à certain endroit ; d'où vient qu'on les plaçoit dans les lieux:

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