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où l'on verra des chofes tres-curieufes, & finirons par les Anneaux qui peuvent le rapporter aux Habits comme faifant partie des ornemens qui. font en ufage parmi les Hommes. Commençons par les Vêtemens pris en general, après quoi nous continuerons felon la methode & la divifion que l'on vient de voir.

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Par ce mot Vêtement l'on entend tout ce qui fert à couvrir le Corps de quelque matiére qu'il foit compofé, & de quelque forme qu'il foit.

Les Vêtemens que l'on fait fervir aujourd'hui à la vanité,ne font cependant dans leur premiere origine. qu'une marque honteufe, & qu'une fuite du peché. Nos premiers Parens après avoir prévariqué, fentant la. honte de leur nudité, qui dans l'état de leur innocence, ne bleffoit ni la pudeur ni la modeftie, fe fabriquerent une espece d'habillement avec des feuilles qu'ils entrelafferent le mieux qu'ils pûrent; mais afin qu'ils. reconnuffent mieux leur fragilité, & qu'ils appriffent qu'ils étoient devenus mortels, Dieu fubftitua de peaux.

de Bêtes mortes à ce premier habitlement, foit pour les guarantir de

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foit

l'incommodité des Saifons principalement afin qu'elles fuffent un Signe continuel de mort à leurs yeux, & qu'elles les portaffent à faire une Pénitence févere de leur Orgueil & de leur revolte.

Les Habits n'ont donc pas toûtjours été des Ornemens pour nous, embelir, & des Meubles pour entretenir nôtre Luxe ils n'ont pas nom plus toûjours été de marques de diftinction deftinées à faire connoître le rang, la qualité, les emplois des Gens, tout au plus avant le Deluge les fit-on fervir à la diftinction des Sexes & peut-être encore à celle des âges; du moins il n'y a rien d'affez clair dans l'Hiftoire qui puiffe nous déterminer à croire qu'en ce premier âge du Monde naiffant, ils ayent fervi à d'autres ufages.

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Il eft hors de doute dans ces que premiers temps les Habits étoient fimples autant qu'ils pouvoient l'être, & quant à leur matiére & quant à leur forme. Quelques Peaux

de Bêtes que les Hommes jettoient fur leur Corps, des jambes defquelles ils fe fervoient pour ceindre leurs reins, en firent toute la façon, jufqu'à ce que Pallas eût trouvé l'invention des étofes dont on fe contenta alors d'en prendre quelques pans, & de s'en couvrir, après les avoir simplement ajuftez enfemble, fans art, fans façon, fans mode. Ce n'a été que la délicateffe & la vanité qui ont inventé toutes ces fortes de modes bizarres que l'on a vûës autrefois, & que nous voyons aujourd'hui ; toutes ces differentes étoffes & ces diverses matiéres dont on les fabrique, comme celles dont on les colore. Ces Peuples qui fe contentent encore de fe vêtir de Peaux d'Animaux Ma rins, ou Terreftres, ou bien de Plumes de certains Oifeaux, ou même de quelques Feuilles d'Arbre qu'ils ajuftent artiftement, femblent être plus raifonnables que nous en ce point, quoique nous les traitions de Barbares, & de Sauvages: en cela ils s'éloignent moins que nous des deffeins de Dieu, & fuivent mieux..

fans comparaifon, les lumiéres de la raifon qui n'infpire pas fans doute tous ces excez & ces folies que nous: faifons paroître dans nos Habits.

Ces fortes de Vêtemens que les Hommes ont inventez pour être des. fignes & des marques de diftinction font mieux fondées fur la raifon, fi nous en feparons le Luxe & la Vanité qui s'y font gliffez comme dans Pufage des autres Habits. Le bon re-. glement de la Vie civile exigeoit cet-. te difference, & l'on voit même qu'elle eft autorisée par les Ecritures. C'eft de ces fortes de Vêtemens que nous prétendons de parler ici, nôtre deffein ne demandant pas que nous nous appliquions à ce qui peut regarder les Habits en commun, & par rapport feulement à ce qu'ils fervent à couvrir nôtre nudité, à nous garentir du chaud, du froid, de la pluye & des autres incommoditez des Saifons; d'autant que dans tous ces ufages, ils n'ont aucune fignification, fi ce n'eft celle de nous faire fentir & connoître nôtre mifére, comme de nous faire penfer à la mort à laquelle

nous avons été condamnez, ainfi

nous l'avons déjà dit..

que

CHAPITRE

II.

Des Habits qui fervent à diftinguer

LA

les Sexes.

A difference des Habits que la prudence a inventée, la plus raifonnable eft celle qui fert à diftinguer les differens Sexes. Chacun peut juger des inconveniens qui fe feroient enfuivis files Hommes & les Femmes euffent été uniformes dans leurs Habits. Toutes les Nations qui ont connu les mauvaifes fuites d'une pareille uniformité, ont eu foin d'y mettre quelque distinction. La Nation Juifve en particulier a regardé comme une chofe abominable qu'un Homme fût habillé comme une Femme; & une Femme comme un Homme, & l'on fçait combien cela lui étoit défendu dans le vingt-deuxiéme chapitre du Deuteronome. Si en

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