apparemment d'Afie 1. Il femble qu'il ne devoit pas balancer à dire que S. Irenée étoit d'Afie, puifque ce faint paroît l'affurer pofitivement luy même (lib. 1. ch.9.) Quelques uns ont cru qu'il étoit de Smyrne mais on n'en eft pas feûr. On (çait feulement qu'il a demeuré dans cette ville pendant fa jeuneffe, & qu'il y a été inftruit par S. Polycarpe

On lit dans la nouvelle Bibliothe que des Auteurs Ecclefiaftiques, que S. Irenée a paflé fa jeuneffe dans l'école des plus fçavans des Apôtres. Il y a apparemment en cet endroit une faute d'impreffion au lieu de l'école des Apôtres, il faut lire l'école des Difciples des Apôtres : Mr. Dupin n'ayant pas pu croire que faint Irenée eût été immediatement inftruit par les Apôtres, luy qui prétend que ce faint n'eft né que quarante ans après la mort de faint Jean, celuy des Apôtres qui a vécu le plus long tems.

Ce même Docteur dit que Papias, eft peut être le vieillard que S. Irenée cite si souvent dans fes Ouvrages fans le nommer: mais il s'eft trompé

en ce point. Car faint Irenée dit expreffement (livre 4.chap. 45.)que ce vieillard n'avoit pas été initruit par les Apôtres,mais feulement par ceux qui avoient vû les Apôtres. Or Papias, felon le même Saint, (lib. §. ch. 38.) avoit été difeiple de Saint Jean.

Lorfque Mr. Dupin a dit que S Irenée vint d'Afie en France, il n'a pas pas fait attention, qu'en ce tems là les Gaules ne s'appelloient point France; & fi deflors il y avoit un pais qui portoit ce nom, ce païs étoit dans la Germanie au delà du Rhin. Au refte on de doit point être furpris que S. Irenée ait quitté l'Afie pour venir dans les Gaules:il y avoit en ce tems-là une liaifon très-étroite entre les Eglifes d'Afie & celles des Gaules. On ne fcait point pré cifément, ni en quel tems, ni a quelle occafion il fit ce voïage. On feait feulement qu'il le fit, & qu'il refta à Lyon, Gregoire de Tours dit qu'il y avoit été envoïé par S. Polycarpe. Mais cet Hiftorien ne mar que pas de qui il avoit appris cette circonftance.

"S. Irenée étoit Prêtre, quand les Confeffeurs de l'Eglife de Lyon & ceux de l'Eglife de Vienne l'envoyerent à Rome vers le Pape Eleuthere. Feuardenta cru qu'il paffa de Rome en Afie, & que ce fut luy qui porta la lettre de ces mêmes Confef feurs aux Eglifes d'Afie & de Phry-. gie. Baronius a refuté cette opinion, qui en effet eft peu vray femblable. Car dans ces lettres il eft fait mention de la mort de S. Pothin Evêque de Lyon, auquel il eft conftant que S. Irenée a fuccedé. Or peut on croire que les Chrêtiens de Lyon euffent voulu charger d'un fi peni ble & fi long voiage celuy qu'ils venoient d'élire pour leur Evêque? ou que ce faint eût voulu abandonner ainfi fon troupeau dans un tems, ou ce peuple afflige avoit un fi grand befoin de fon fécours? mi

Le P. Quefnel croit que S. Irenée allaà Rome pour fe faire facrer Evêque. Une des preuves qu'il en apporte, c'eft que l'Evêque de Lyon étant alors le feul Evêque des Gau les iln'y avoit plus dans les Gaules après la mort de S. Pothin perfonne

qui pût ordonner fon Succeffeur D'autres fe font imaginez, apparemment pour la même raifon, que S. Pothin avant que de fouffrir le martyre, avoit facré S. Irenée. Le Pere Meneftrier, qui depuis plufieurs années travaille à l'Hiftoire Ecclefiaftique de Lyon, & qui a fait fur cette matiere une infinité de recherches très-curieufes, nous apprendra au vray ce qu'il faut penfer du principe fur lequel font appuyées les deux opinions qu'on vient de rapporter. En attendant, voicy quelques raifons qui femblent perfuader qu'au tems de S. Irenée, l'Evêque de Lyon n'étoit pas le feul Evêque des Gaules.

1. S. Irenée a écrit les deux premiers livres contre les Hérélies, ou avant qu'on l'eût fait Evêque, ou peu de tems après, Or dans le tems qu'il écrivoit fon premier livre, il y avoit déja dans la Gaule Celtique plufieurs Eglifes, & par confequent plufieurs Evêques. He que in Celtis fundata funt Ecclefia lib. 1, cap.3. Il donne même à entendre que ces Eglifes n'étoient point nou

vellement établies, puis qu'il renvoie les Héretiques au témoignage de ces Eglifes, pour fçavoir qu'elle eft la doctrine qui a été prêchée par les Apôtres.

2. Il eft certain qu'au tems du Martyre de S. Pothin predeceffeur de faint Irenée, il y avoit à Vienne une Eglife: & il femble que cette Eglife étoit diftinguée de celle de Lyon. Car dans la lettre que les Chrétiens de ces deux anciennes Villes, écrivirent aux Eglifes d'Asie & de Phrygie, & qu'Eufebe a rap portée au commencement de fon Hiftoire Ecclefiaftique, on y parle des Eglifes de Vienne & de Lyon, comme de deux Eglifes differentes. Celle de Vienne y eft même nommée la premiere & les Chrétiens en parlant de faint Pothin ne l'appellent point notre Evêque,ni l'Evéque des Gaules, mais l'Evêque de Lyons d'où l'on doit conclure que l'Eglife de Vienne avoit dés-lors fon Evêque, & qu'elle n'étoit point foumife à l'Evêque de Lyon.

3.On voit par ce qui eft rapporté dans Eufebe liv.5. chap. 23. au fujet