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premier dans la Pologne les erreurs que foutiennent aujourd'hui les Sociniens, étoit un difciple de cet Adam Paftoris, & qu'ainfi le Socinianifme peut être regardé comme une branche de l'Anabaptifme.

Les Proteftans fe font vainement honneur des rigueurs qu'ils ont exercées contre les Anabaptiftes & les Sociniens. Ces fectes nées dans leur fein fe fervent avantageusement des principes qu'ils leur ont enfeignez & fans entrer dans une longue controverfe, il faut conve nir que s'élevant tous les jours des difputes fur le fens de l'Ecriture, fi on ne reconnoît point d'autorité infaillible qui puiffè les décider,il faut s'en rapporter ou à la raifon feule, comme les Sociniens, ou aux revelations particulieres, comme les Anabaptiftes. Les Miniftres Proteftans auroient mauvaife grace de vouloir qu'on les crût fur leur parole, lors qu'ils rejettent avec tant de hauteur l'autorité des Peres & des Docteurs de tous les fiecles qui ont precedé.

ARTICLE XVII.

DICTIONNAIRE DE RIMES dans un nouvel ordre par P.Richelet, augmenté ....par M. D. F. en faveur des Etrangers &c. A Paris chez Florent & P.de Laulne,1702. in 12. pp. 648.

I

L femble d'abord que les feuls Poëtes François peuvent tirer quelque avantage d'un Dictionnaire fait exprés pour apprendre à rimer, & très- propre en effet pour cela. Mais celui qui a pris foin de le faire reimprimer tout recemment l'a mis dans une forme nouvelle, où il prétend qu'il peut fervir à apprendre prefque autant la profe que les vers, le latin que le françois. Il a cru que pour peu qu'on fçût les premiers élemens de la langue latine il feroit aisé en raisonnant par proportion & par analogie avec le fecours de fon livre, de connoître à fonds les deux langues. Car il eftime que les mots François font prefque tous tirez du latin ou par addition ou par

interpofition,en changeant ou en retranchant quelque partie du mot. C'eft faire beaucoup d'honneur au latin, & je ne fçay fi les defenfeurs du grec & des autres langues n'en feront point un peu jaloux.

Pour faciliter l'étude des deux langues, & pour juftifier en mêmetems cette analogie, l'auteur de la nouvelle édition joint à chaque mot françois l'expreffion latine qui lui répond. Il ne fe promet pas moins par là que de former le jugement, en fixant l'imagination & la memoire; de rendre l'oubli des mots qu'on aura une fois appris par cette voie prefque impoffible: & il fe prepare même, en cas de fuccès, à donner encore au public un abbregé seur & facile de toute la Syntaxe, & de tous les élemens de la langue latine dans un Dictionnaire latin-françois raifonné & compofé comme celui-cy, par l'ordre des Analogies & des combinaifons.

Outre ces divers avantages, la brieveté fi peu ordinaire dans cette forte d'ouvrages, fur tout quand elle eft jointe à une jufte abondance,

fait

fait une des principales commoditez de ce Dictionnaire-cy. On y voit chaque expreffion rangée en bon ordre & comme fous fes enfei gnes particulieres, avec des marques qui diftinguent tout, & qui font plaifir à l'oeil fans charger la

memoire.

L'amour du bien public & l'envie de rendre fon ouvrage complet ont porté l'auteur à mettre à la tête du Dictionnaire l'hiftoire de la Rime, & l'art abregé de la verfification. La Rime Françoife eft ancienne; Un Roy, & un Roy des Gaules en fut l'auteur, à ce qu'on dit. Les Gots & avant eux les Gaulois la cultiverent: on rima du tems & fous la protection de Charlemagne. Mais de dire précisément le tems de la naiffance & des progrès de la Rime pendant certains fiécles; de trouver pour ainfi dire une Genéalogie fuivie & bien marquée qui lui convienne; c'eft l'embarras. Si les Ri mes de Thibault Comte de Champagne, Le Coup d'effay, le Rabais du caquet de Marot, quelques traductions par S. Gelais, les vers de Sagon Octobre 1702.

L

font moins exacts que les nôtres; cefont au moins en matiere de rime de vieux titres qui font foy de fa nobleffe, & de fon ancienneté. Elle eut fur tout quelque éclat fous Louis IX.fous Charles VIL& fous François 1.mais ce ne fut que fous le regne de Charles IX. que le mélange des rimes l'emporta après quelques efforts fur l'uniformité trop fimplé de nos premiers Poëtes ; & que le bon goût triompha en ce point du mauvais ufage. Depuis Henry IIT. & fon predeceffeur on n'a gueres, adjouté à la maniere de rimer & d'arranger les rimes propres de ce tems-là, que de la jufteffe&de l'exactitude.

Les regles que donne nôtre Au teur pour la ftructure du vers, pour la rime en particulier, pour connoître & pour faire de toutes les fortes de vers, conduifent à cette jufteffe, & produifent cette exactitude.

Non content de les avoir expli quées toutes en trois chapitres, il finit par des remarques curieufes fur le nombre des fillabes de certains mots: fçavoir, s'il faut faire deux fillabes de fuir, rien, Dieu: s'il y en

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