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ceffe, & ne revient point qu'il ne fe foit fait un nouvel amas de fucs vitiez.

Les partifans de la feconde hypothefe fuppofent qu'il y a toûjours hors des vaiffeaux fanguins, quelque partie du corps qui eft le refervoir des matieres fiévrenfes ; & qu'elles s'y amaffent par obftruction ou autrement. Selon eux le levain de la fiévre eft une humeur corrompue & acide, impregnée de foulfre, de fel & de nitre; & par confequent propre pour la fermentation.

Quand cette matiere eft en affez! grande quantité ou de nature à pouvoir entretenir long-tems l'agitation du fang avec lequel elle fe mefle, it fe fait une fievre continuë. Au contraire fi elle fe trouve difpofée à fortir par intervalles de fon foyer, & avant que d'autres matieres femblables s'y joignent, la fievre devient intermittente: parceque les efprits du fang ont affez de force pour diffiper cette matiere. Voilà le plan des nouveaux fyftemes.

Si les levains de la fièvre ne fe for ment pas dans les vaisseaux fanguins,

mais dans quelque autre partie du corps, d'où ils coulent dans les veines & dans les arteres, il eft clair, dit Mr. Guyard, que la faignée ne faifant qu'évacuer les veines & les arteres ne peut détruire la caufe de la fievre. Il semble même, ajoûte-t'il, que plus on faigne, plus les levains fievreux doivent "couler en abondance dans les vaiffeaux, fanguins, & agiter plus aifément le fang dont la maffe diminuë.

Mais fi l'on fuppofe que le levain fievreux fe forme dans les vaiffeaux fanguins, la faignée n'en paroît pas plus utile à M. Guyard. Car continuë-t'il, comment pourroit elle adoucir l'amertume du foulfre, ou temperer l'acidité de la lymphe, ou emouffer la pointe des fels, ou moderer l'acrimonie des fucs vitiez? Le vinaigre renfermé dans un tonneau ne perd rien de fon aigreur quand on en tire. 2. La faignée ôte également le bon fang comme le mauvais. Un Medecin Italien nommé Luc Antoine Portio a fait voir que la faignée tire neuf fois plus de bonnes humeurs que de mauvai

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fes. En effet les parties du bon fang font, moins groffieres & elles for tent plus aifément. 3 La frequente faignée diminue la chaleur natu→ relle, & elle ôta les efprits au fang, Or la diminution des efprits dans le fang le rend propre à s'aigric, Le vin devient aigre quand il perd fes efprits & Fon a remarqué fouvent que la fievre augmente après la fai gnéd. Par la même raifon la fre quente faignée empêche la tranfpi ration & les crifes.

Mr. Guyard prétend que plu fieurs Modernes ont tiré de leurs Lyftemes les confequences qu'il en tire, I eite des paffages de Mef feurs Willis, Sydenham, Caufapé, Sylvius, Deleboë, Spon & Tauvry, Il prouve enfuite que la corruption, apparente du fang qu'on remarque dans les palettes ne prouve rien. Ses raifons font. 1. Que le fang des pers fonnes qui fe portent bien, & qui fe font faigner par precaution, par roit fouvent corrompu. 2. Que la févre ne vient quelquefois que d'ur ne trop grande fermentation fans aucune corruption. 3. Qu'on ne

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fçait quel eft l'état naturel du fapg de chaque homme.4. Qu'on ne peut dire qu'il ait été tel dans les veines qu'il paroît dans les palettes, puif que l'air y caufe un changement com fiderable. s. Que le fang qu'on tire dans les fièvres putrides paroît trèsbeau. 6. Qu'on voit perir plufieurs perfonnes par la frequente faignée.

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Mr. Guyard dans la 2. partie ne, nie pas qu'il n'y ait dans les Ouvra ges de Galien des principes auffi fa vorables à la methode de faigner fouvent, qu'il y en a d'oppofez., Mais il ajoute qu'il eft certain que fi l'on fait reflexion aux confequen. ces que Galien tire de fes principes, aux reftrictions qu'il donne à fes aphorifmes, aux exceptions qu'il fait, aux preparations qu'il demande, aux regles qu'il prefcrit pour l'ufage de la faignée; il s'enfuit qu'il ne faut faigner que très rarement Mr.Guyard montre auffi que c'eft la le fentiment des plus habiles Ga leniftes, & que Fernel & les autres ont établi des principes qui com-, battent la frequente faignée..

* Pag. 374.

La troifiéme partie contient le parallele du fyfteme des Galeniftes & des Modernes fur la nature de la fievre. Mr. Guyard fait voir que les' uns & les autres difent la même chofe dans le fond, & ne different que dans la maniere de parler. Mais quand il y auroit une veritable dif ference entre le fyfteme des uns &! des autres, & quand la corruption de quelqu'une des quatre humeurs du fang, ainfi que les Galeniftes parlent, ne feroit pas à la rigueur ce que les Modernes difent en d'autres termes; il eft toûjours conftant,continue M.Guyard, que felon Galien la faignée n'eft pomt propre pour corriger la corruption, c'est-à-dire la pourriture; & que felon Fernel & les autres Galeniftes, il faut la corriger par la purgation.

Mr. Guyard exerce fa profeffion de Medecin à Bourges, & il y eft fort eftimé. Son livre eft dedié à Mr. Roujault Intendant de la Gemeralité de Berry.

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