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ARTICLE XIX.

LA VIE DE S. AMABLE PRESTRE &Curé de la ville de Riom en Auvergne, écrite enlatin par un ancien Auteur nommé fufte Archiprêtre, traduite en François fur un manuf erit qui n'a jamais été imprimé avec des notes & des éclairciffemens, &en un Panegyrique de ce Saint. Par Mr. l'Abbé Faydit. A Paris chez Jean Moreau ruë s. facques à la toifon d'or. 1702. pagg. 476. in 12.

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E fort de ce livre eft affez connu, & il n'eft pas befoin d'en parler.

Ce qui en fait comme le fond, eft la traduction d'un manufcrit cité dans le titre mais avant que d'y venir Mr. l'Abbé Faydit commence par une affez longue Préface. Elle roule particuliérement fur l'excel Fence & l'authenticité de ce manuf crit, dont il prétend qu'on tire un tréfor de literature. *L'Auteur du manuscrit elt Jufte Archiprêtre au

* Pag. 17.

Diocese de Clermont, il faut, diton, qu'il ait écrit avant l'an 1128. Il n'a rien avancé, comme il le marque lui-même qu'il n'ait ou veu de fes propres yeux, ou tiré des écrits des Saints, tels que font S. Gal premier du nom Evêque de Clermont, S. Gregoire de Tours neveu de S. Gal, & enfin S. Prix auffi Evêque de Clermont & Martyr, le premier étoit contemporain de S. Amable, le fecond l'a été de ceux qui l'avoient,connu: & par là ils meritent toute forte de creance. Le troifiéme ne vécut que deux cens ans après S. Amable, & a ufé d'expreffions poëtiques, qu'il ne faut pas, dit-on, prendre à la lettre. Mais ajoute-t'on, cela ne doit pas autorifer Mr. Baillet, à dire que ce bon Saint en compofoit de La tête pour s'exercer à écrire.

Mr. Faydit critique à cette occa fon M. Baillet fur d'autres points importans par exemple fur ce qu'il hui attribue, & que Mr. Baillet n'avouera pas, *d'avoir dit dans fa vie des Saints, que S. Prix difoit la meffe à Iffoire,n'étant que Diacres Pref. p.36.

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d'avoir ignoré que S. Gregoire de Tours a louvent compté les années depuis la Paffion, ou la Refurrec tion de Jesus- CHRIST : d'avoir rejetté plufieurs chofes de la vie de S. Amable comme fauffes ou douteufes, quoi qu'elles fuffent trèsvrayes & d'y en avoir mis d'autres comme vrayes qui ne le font nullement. Il en marque tout de fuite cinq ou fix exemples, dont le détail feroit trop long pour un extrait tel que celui-cy

Le manufcrit qu'a traduit Mr. l'Abbé Faydit, contient quatre Articles. Le premier n'eft gueres qu'un éloge hiftorique de faint Amable Le fecond rapporte fes miracles, & un des plus fenfibles eft la vertu d'exterminer les ferpens. Car ou i n'en paroiffoient point en Auver gne, ou ils n'y faifoient jamais au cun mal: ce qui duroit encore au tems de Jufte Auteur du mf Dans le troifiéme article il décrit la tranf lation du corps de S. Amable faite par S. Gal en l'Eglife qui a depuis porté le nom de S. Amable; & qui portoit auparavant celui de faint

Benigne: honneur qui fut fi agrea ble à Dieu, qu'il ne fe commettoit aucune fraude autour de cette Eglife qu'il ne s'en declarât le vengeur par des effets fort finguliers. Dans le quatriéme article on trouve l'hif toire de la nouvelle Eglife de faint Amable, & ce qui obligea Etienne Evêque d'Auvergne à la bâtir. On apprend là le merite extraordinaire de ce Prélat, dont le nom avoit été inconnu dans tout autre Auteur, & qui devoit neanmoins fi peu l'être. En effet c'étoit une des plus grandes lumieres de l'Eglife de France, également diftingué par fon érudi tion, par fa naiffance, par fes richeffes, par le credit qu'il avoit à la cour de Louis le Gros, & enfin par for éminente pieté.

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La Traduction du manufcrit eft fuivie de 18. éclairciffemens. Dans le premier on dit que la maifon de Rochebriant Chovance a été reconnuë de tout temps pour être defcenduë de celle de S. Amable en ligne mafculine & l'on montre qu'il étoit luy-même de la premiere qualité. Comme on ne feache perfon

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ne aujourd'hui qui difpute cette nobleffe,nous pafferons volontiers les preuves qu'en apporte Mr. l'Abbé Faydit fur l'objection qu'il fe fait que S. Amable n'étoit qu'un fimple Curé; il remarque combien la qualité de Prêtre étoit plus ho norée dans les fix premiers fiécles qu'aujourdh'ui. Ainfi S. Martin dînant à la table de l'Empereur Maxime y fit placer entre le frere & l'oncle de ce Prince, le Prêtre qui l'accompagnoit au lieu que cette qualité ett avilie maintenant, felon Mr. Faydit, par la quantité des Prêtres. Mais il y a de l'excès en ce qu'il ajoute, que la plus grande partie d'entr'eux, font de pauvres Hi- «. bernois vivans de leur Meffe, ou " des Precepteurs, des Repétiteurs, “*. des Regens, des Officiers à gage dans de grandes maifons, qui ne font diftinguez que par leur habit noir; au lieu que les autres y por tent une livrée de couleur."

Les Prêtres qui font fi peu confiderez de nos jours, jugeoient autre fois avec l'Evêque des procès de

#p. 135.

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