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la coutume & les loix de l'Academie femblent avoir preferit dans ces fortes d'Ouvrages; c'eft-à-dire qu'après avoir remercié les membres de cet illuftre corps du choix qu'ils ont fait de fa perfonne, pour remplir la place vacante dans l'Academie, il fait l'éloge de Mr. Charpentier, fi connu par fes écrits, & fi diftingué par fon merite; celuy du fameux Cardinal de Richelieu le Fondateur & l'inftituteur de cette celebre Compagnie ; & il finit par celuy de nôtre invincible Monarque. Dans ces portraits differents, on y trouve des penfées neuves, du fublime, & toute la politeffe imaginable. A la verité Mr. Charpentier a donné au public des livres qui feront des monumens éternels du zele qu'il a eu pour fon Roy, & pour fa patrie; mais ce qui nous en laiffe une idée parfaite, c'eft qu'il a été le compagnon de ces hommes d'élite dont l'Academie naiffante fut compofée fous le regne precedent. Le Cardinal de Richelieu eft un Minif tre qui par la fuperiorité de fon genie a porté pendant fon miniftere

tous les ordres du Roïaume au comble de leur perfection & de leur gloire, & qui en même tems nous a laiffé les moyens de tirer des lettrès les avantages qu'elles peuvent apporter aux hommes. En un mot le Ciel l'avoit fait naître pour jetter les fondemens de la grandeur du regne prefent. Enfin le Roy eft prefque le feul Heros qui a fçû foutenir pendant un fi long tems la gloire de fes premieres actions, il en eft plufieurs à qui une mort prematurée eft avantageufe, ils emportent dans le tombeau une reputation qu'une longue vie n'auroit pas manqué de ternir, & peut-être même d'effacer entierement. Dans les plus grands Rois, ou les fuites ont dementi les commencemensTM, ou les commencemens n'ont pas été dignes des fuites: il y a toûjours un endroit dans la plus belle vie par lequel il ne faut point regarder un heros, tant il eft vray qu'il eft plus difficile de fe conferver un grand nom, que de fe le faire; & l'homme qui naturellement ne defire rien avectant de paffion que la grandeur,con

noît par fa propre experience qu'il en porte le poids avec une extrême difficulté. La preuve la plus fenfible à laquelle Mr. de Senlis a donné plus d'étendue, la preuve, disje, que le Roy n'a pas un moment de fa vie qui ne réponde à fes premieres années, où on honora du furnom de Grand sa valeur naissante, eft cette revolution furprenan"te dont Dieu s'eft fervi pour mettre un Fils de France fur un thrône que la Maifon d'Autriche occupoit depuis plufieurs fiecles. Car par là l'on voit une fuite de profperitez dont l'enchainement compofe un regne qui n'a jamais ceffé d'être glorieux à Louis XIV.

Un difcours de ce caractere, & écrit avec toute la pureté du langage, doit faire fouhaitter à tous lés gens de lettres que Mr.de Senlis, à l'exemple des illuftres Prelats qui ont été & qui font encore de nos jours l'ornement de l'Academic Françoife, continue de s'appliquer à cultiver nôtre langue. Les devoirs de l'Epifcopat ne font point oppofez aux devoirs d'un Academi

cien. Un Evêque peut veiller fur fon troupeau, & en même tems fe rendre habile dans les Sciences qui luy font propres, il peut fans fe relacher des obligations de fon miniftere, tirer des lettres humaines & de l'érudition prophane des ar mes pour la défenfe de la foy & de la Religion, il peut en donnant les regles de bien vivre, donner auffi celles de bien parler, ou pour mieux dire, il peut être un grand Evêque, & un excellent Academicien.

ARTICL E. XXXI

NOUVELLES

LITTERAIRES.

FRANCE.

Montpellier. Mon

Onfieur Jean Aftruc a fait impri mer à Montpellier un Traité Latin fur la caufe mechanique du mouvement de fermentation. Ce Traité eft divifé en deux parties. L'Auteur refute dans la premiere les fentimens de Gaffendi, de Wilis, de Defcartes, de Mr. Bayle & de Mr.

Chirac fur le mouvement de la fermentation. Dans la feconde il própofe un nouveau fyfteme dont voici les principes.

1. Il fuppofe qu'il ne fe fait point de fermentation fans le concours des fels acides & des Alkalis, ou de quelques autres qui ayent le même effet que les Alkalis. Il fuppofe en fecond lieu que ces fels differents ont chacuns leur figure propre & déterminée; que les acides font pointus des deux côtez, & qu'ils ont la figure d'un fufeau; que les Alkalis font fort poreux & pleins d'inegalités. Il fuppofe en troifiéme lieu que l'air pefe & preffe de tou tes parts les corps qu'il environne. Quatriémement que l'air a du reffort. 5. qu'il y a dans tous les corps des pores par où la matiere fubtile a un paffage libre, quoyque l'air groffier ne puiffe y entrer. Il fuppofe enfin que la force des coins s'augmente à proportion que leur hauteur eft plus grande que leur

baze.

I pretend trouver dans ces fix principes reçûs de tout le monde

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